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Correction d’une injustice

Bouffée d’oxygène pour les travailleurs âgés. Un pas a enfin été franchi dans leur direction avec l’annonce la semaine passée par le Conseil fédéral d’une série de mesures propres à les aider à se maintenir sur le marché de l’emploi ou à favoriser leur réinsertion (voir en page 3). Des dispositions qui donneront déjà aux quadragénaires la possibilité de bénéficier gratuitement d’un bilan de compétences – eh oui, sur ce front, on est vieux de plus en plus jeune... Mais surtout qui permettront aux chômeurs en fin de droit de 60 ans et plus de bénéficier d’une rente-pont plutôt que de tomber à l’aide sociale. La correction d’une injustice particulièrement criante pour des personnes qui ont souvent trimé toute leur vie avant de se retrouver sur le carreau, sans espoir de rebondir. Et touchant alors des clopinettes pour vivre sans parler de l’impact sur le moral que génère souvent le statut d’assisté...

Quoi qu’il en soit, ces avancées programmées – sous réserve de l’aval du Parlement – ont de quoi réjouir les syndicats. Qui dénoncent depuis des années la gravité des problèmes rencontrés par les travailleurs seniors. Difficultés guère prises en compte jusqu’à ce jour, au regard des faibles résultats des conférences nationales qui, depuis cinq ans, réunissent annuellement autorités et partenaires sociaux sur la thématique. Ce retournement de situation pour le moins remarquable n’est bien sûr pas étranger au contexte ambiant. En décidant d’empoigner enfin concrètement la question, le gouvernement joue la sécurité. Et prend les devants face à la menace qui pèse sur les bilatérales avec l’initiative de l’UDC réclamant la limitation de la libre circulation. Un projet sur lequel la population votera probablement le printemps prochain. Autant dire que la leçon d’un certain 9 février 2014 a été retenue, date qui s’était soldée par l’acceptation du texte «sur l’immigration de masse». Un oui alors articulé par une majorité d’électeurs plus âgés dont les craintes semblent enfin être prises en compte. Plus question aujourd’hui de noyer le poisson en évoquant les seuls bénéfices du vaste marché économique que représente l’Europe, certes bien réels, mais qui sont loin de profiter à tous. D’opposer aux doutes des plus sceptiques une croissance qui ne se répercute pas nécessairement sur leur pouvoir d’achat. Plus question de minimiser les risques de la concurrence étrangère incarnée par une main-d’œuvre souvent jeune, flexible – y compris en matière de salaire – et qualifiée par rapport au coût de travailleurs âgés indigènes. Le Conseil fédéral espère ainsi avec ses nouveaux outils favoriser le recrutement des quinquas et plus du cru. Soutenir ceux qui sont définitivement relégués dans les oubliettes des politiques sociales. Mais si la démarche obtient l’adhésion de tous les partis politiques – à l’exception de l’UDC – et des partenaires sociaux, elle n’influe pas pour autant sur la position en politique européenne des syndicats. Ces derniers combattront fermement l’initiative de l’UDC, mais restent opposés à l’accord-cadre en l’état, refusant tout affaiblissement des mesures d’accompagnement. Alors que de graves affaires de dumping reviennent sur le devant de la scène (voir en page 9), les organisations de travailleurs l’ont clairement rappelé à ceux qui verraient dans la belle entente sur les dispositions prévues en faveur des seniors un moyen de les caresser dans le sens du poil...