Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Ces entreprises qui enterrent la démocratie

Un paysage lugubre surgit chaque année, au moment où la Confédération syndicale internationale (CSI) publie la liste de ces entreprises qui menacent la démocratie dans le monde. La cuvée 2025 déploie un inventaire court mais saisissant de sept élus, dans lequel on croise des géants connus de tous, qui font régulièrement l’objet de rapports affligeants quand ils ne sont pas lourdement amendés par la justice pour des manquements aux codes régissant le marché, les données privées ou les conventions qui règlent le monde du travail. D’autres acteurs, moins en vue, s’y retrouvent également, des colosses plus discrets, médiatisés avec parcimonie, mais dont la capacité de nuisance s’avère être tout aussi puissante. Qui sont-ils donc, ces malfaiteurs qui mettent en danger les équilibres démocratiques, qui attaquent les acquis des travailleurs et qui sabordent toute tentative de répondre aux urgences climatiques et écologiques?

Au-devant de la vitrine, voici donc, sans surprise, Amazon, que son fondateur Jeff Bezos a façonné au fil des ans depuis le statut de simple fournisseur de biens de consommation à acteur obscur de l’industrie de l’armement et financeur de figures de l’extrême droite américaine. L’entreprise dépense des fortunes pour faire pression sur le Gouvernement américain et maintenir son statut privilégié en tant que fournisseur d’un système informatique utilisé par l’armée. Elle est aussi active, dans ce même domaine, en Angleterre. Elle soutient par ailleurs le projet israélien de cloud «Nimbus», qui permet de surveiller, cibler et, au besoin, éliminer les ennemis du pays. Parallèlement, et de manière opportuniste, son CEO s’est rangé du côté de Donald Trump dès sa réélection, en faisant don d’un million de dollars lors de son investiture. Aux Etats-Unis, tout comme en Europe, Amazon cumule les amendes (1,6 milliard de dollars depuis 2010) pour avoir enfreint la protection de la vie privée, pour non-respect des salaires de ses employés et de leurs heures de travail, pour effraction à la protection des consommateurs, de l’environnement et de l’emploi. 

Amazon est une matrice. Car on constate que son modèle ne fait que se répéter quasi à l’identique lorsqu’on se tourne vers deux autres géants américains: depuis Meta Platforms Inc. de Mark Zuckerberg jusqu’à Space Exploration Technologies (Space X) d’Elon Musk. Ici encore, dérives du libertarisme – idéologie dans les faits liberticide –, collusions avec les sphères les plus réactionnaires du pouvoir, lobbying intense, mépris pour les travailleuses et les travailleurs et pour les questions écologiques, sont des règles qui structurent un solide mode opératoire. A leurs côtés encore, citons l’exemple d’Anduril Industries, entité peu ou pas connue du grand public. Spécialisée dans la conception de machines à tuer autonomes, l’entreprise est également active dans l’élaboration de programmes d’IA facilitant la surveillance des civils et l’action visant à identifier, cibler et neutraliser la menace. On retrouve son nom à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, notamment. Parmi les principaux donateurs de proches de Donald Trump au Congrès, la boîte compte un taux de personnel syndiqué de… 0%. Avec ses six complices présents dans la liste, elle a ceci aussi d’extrêmement inquiétant qu’elle semble échapper quasi toujours aux règles et aux législations en vigueur en Occident. Signe d’une impuissance ou d’une complicité grandissante du politique avec le monde de la grande industrie et des géants de la technologie.

Le rapport est à lire ici: ituc-csi.org 

 

Pour aller plus loin

Une protection des salaires et des emplois toujours trop timide

Restaurant fermé.

L’extension de certaines mesures de soutien, proposée par le Conseil fédéral, reste insuffisante aux yeux des syndicats alors que de nombreuses restrictions sont maintenues

Jura: encore des rémunérations sous le salaire minimum

Un an après l’entrée en force du salaire minimum cantonal dans le Jura, certains employeurs traînent encore les pieds et ne versent pas les 3600 francs par mois ou les 20 francs l...

La condamnation vaudoise d’Uber entre en force

La société de transport n’a pas recouru contre la décision du Tribunal cantonal reconnaissant le statut de salarié d’un ex-chauffeur membre d’Unia

La crise sanitaire sous l’œil juridique

Action menée à Lausanne par les cafetiers-restaurateurs. Une pancarte sur laquelle on peut lire: qui va payer l'addition?

Le colloque juridique de l’USS aura lieu le 17 décembre sous forme virtuelle et traitera des conséquences de la pandémie de Covid-19 en matière de droit des assurances sociales et du travail