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Bien dans sa peau

C’est une excellente nouvelle. Asos, plateforme internationale de vente d’articles de mode en ligne, a annoncé tout récemment vouloir bannir le mohair de son site d’ici à fin janvier 2019. Ainsi, elle rejoint 150 marques internationales, dont les géants Zara, H&M, Esprit, Uniqlo ou encore Camaïeu, Promod et Monoprix. Asos va même plus loin, dans un souci de bien-être des animaux. L’entreprise, qui avait déjà arrêté il y a quelques années de commercialiser des produits contenant de la fourrure ou issus d’espèces menacées, renoncera également au cachemire, à la soie, aux plumes, aux coquillages, à la nacre, aux dents et aux os.

Une décision qui n’est pas étrangère à la dernière enquête de PETA (Pour une éthique dans le traitement des animaux) sur l’industrie du mohair. L’association de protection des animaux a tourné une vidéo glaçante dans une douzaine d’exploitations de chèvres angoras en Afrique du Sud, premier producteur mondial de mohair. On y voit les tondeurs traîner ou jeter les chèvres terrifiées par les pattes ou la queue, s’asseoir sur elles pour éviter qu’elles ne se débattent ou encore leur infliger des bains de solution toxique pour nettoyer la laine avant la tonte. Payés au volume et non à l’heure, les tondeurs, munis de grandes cisailles, ne font pas dans la dentelle. Entailler une oreille, un visage, un téton ou encore un lambeau de peau est monnaie courante. Et si la blessure est trop importante, elle est recousue sur place, à même le sol sale, sans qu’aucun antidouleur ne soit administré à l’animal. Ça, c’est encore le meilleur des scénarios qui puisse arriver à ces chèvres. Dans certains élevages, il semblerait qu’au moins 25% des chèvres mourraient avant leur première tonte, qui a généralement lieu alors qu'elles ont 6 mois. Pour celles qui passent le cap de la tonte, il faut ensuite qu’elles survivent aux intempéries. En effet, privées de leur isolation naturelle, beaucoup de chèvres (jusqu’à 80% dans certains élevages) périssent d'être exposées au vent froid et à la pluie. On ne parle même pas de celles qui succombent à leurs blessures, à la faim ou à la soif, et au fait que les travailleurs n’ont aucun état d’âme à tondre ces corps morts en putréfaction. Les plus vigoureuses seront régulièrement tondues pendant cinq à six ans, jusqu’à ce que leurs dents, usées, ne leur permettent plus de manger, puis vendues pour être égorgées, souvent conscientes, et mangées.

PETA se réjouit évidemment de cet intérêt croissant pour le bien-être animal dans le secteur de la mode, tant du côté des consommateurs que des créateurs et des marques. Le caractère éthique du produit ou de la matière pèse de plus en plus dans la balance. Mais ne baissons pas les armes trop vite. De gros efforts sont encore à faire pour mettre un terme à la souffrance animale, à laquelle on recourt encore trop souvent pour nous habiller, nous divertir, expérimenter ou encore nous alimenter. Il est possible et urgent de faire mieux ou autrement. Et la bonne nouvelle, c’est que c’est nous, consommateurs, qui imposerons nos choix et ferons bouger les choses en achetant, ou pas, certains produits.