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Antidotes à portée!

Du poison dans notre assiette et dans l’eau que nous consommons; des substances toxiques contaminant durablement les sols: une réalité que nous pourrons combattre, le 13 juin prochain, en acceptant deux initiatives environnementales. L’une plaide pour une «eau potable et une alimentation saine», l’autre réclame «une Suisse libre de pesticides de synthèse» dans un délai de dix ans. Une exigence intégrant aussi les produits importés. Ces deux textes, lancés par des comités de citoyens, ont été rejetés par le Conseil fédéral et le Parlement estimant qu’ils vont trop loin. Aussi, après la suspension la semaine passée du projet conflictuel de réforme de politique agricole PA22, une initiative parlementaire relative aux produits phytosanitaires vient d’être adoptée par les Chambres. Elle vise à réduire les risques qu’induisent les produits chimiques et à mieux protéger les nappes phréatiques. Et fera office de contre-projet informel aux deux objets soumis au verdict des urnes. Une alternative toutefois nettement moins ambitieuse. Et c’est bien là le problème. Cette absence de courage des élus. Cette politique constante des petits pas. Comme si nous bénéficions encore d’un temps illimité pour prendre soin de la nature et tenter de rétablir un semblant de biodiversité. Avec, sans cesse, de nouvelles pertes d’insectes, dont la dramatique disparition de colonies d’abeilles pourtant essentielles. Et des terrains recelant des traces de produits chimiques – y compris plusieurs interdits pourtant depuis longtemps dans nos frontières – continuant à dégrader l’écosystème en raison de leur rémanence.

La santé, dans ce dossier, n’occupe pas davantage la place prioritaire qu’on lui accorde pourtant aujourd’hui. Il faut donc que la menace se traduise par des milliers de morts dans un délai court pour que le danger, bien réel pourtant, soit pris au sérieux? C’est pourtant bien clairement de notre santé dont il est également question. Dans une lettre ouverte adressée au conseiller fédéral Alain Berset et au président de la Confédération Guy Parmelin, 350 médecins et soignants acquis à l’idée d’une Suisse libre de pesticides de synthèse tirent la sonnette d’alarme. Ils s’inquiètent de ces sols infertiles pollués sur le long terme. De ces eaux souterraines recelant des métabolites du chlorothalonil, un fongicide à effet cancérogène probable, trouvés dans la moitié des captages d’eau potable du Plateau suisse à des concentrations au-dessus de la limite fixée par l’Union européenne. Une eau contaminée que boivent plus d’un million de Suisses quotidiennement. Les résidus de pesticides de synthèse sont omniprésents dans nos aliments et notre environnement. On les retrouve dans les cheveux, l’urine, le sang. Une situation particulièrement alarmante, note les signataires, estimant que ces substances, absorbées de manière chronique, ou lors de la croissance, peuvent générer des maux graves et irréversibles. Même à faibles doses. Malformations génitales de garçons, puberté précoce chez des filles, autisme, troubles de l’attention, baisse de la fertilité, maladies neurovégétatives, digestives, hépatiques, leucémies, lymphomes et cancers hormonodépendants, etc.: la liste dressée par les spécialistes fait froid dans le dos. Dans ce contexte, tergiverser est coupable. A la population d’agir et de trancher en faveur des antidotes soumis au verdict des urnes. D’exiger le respect du principe de précaution et la préservation fondamentale de la biodiversité. En gardant à l’esprit que, refuser des mesures plus radicales, revient à nous tirer une nouvelle balle dans le pied et s’avère totalement irresponsable pour les générations futures...