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1er Mai: appel à la paix et luttes plurielles

Après deux éditions limitées par les restrictions sanitaires liées au Covid-19, la fête des travailleuses et des travailleurs a retrouvé cette année, dans la rue, toute sa vigueur et son allant. Toute sa veine militante et son volet convivial. Mais surtout toute sa raison d’être dans un contexte international pour le moins inquiétant marqué par la guerre à nos portes et ses conséquences tangibles sur le quotidien, par l’urgence climatique et les régressions sociales. Un cadre plombé pour des manifestations qui, au-delà des luttes syndicales en cours, ont reflété les craintes et la gravité de la situation actuelle, ayant encore conscience que la course aux armements ne rendra le monde que plus dangereux. Et n’amènera aucune solution durable. Bien au contraire.

Célébrée dans une cinquantaine de villes de Suisse, fédérant plusieurs milliers de personnes, cette journée aura ainsi non seulement servi de porte-voix aux revendications traditionnelles des organisations de travailleurs mais fait aussi écho à la tragédie qui se joue en Ukraine. Au cœur des mobilisations, la condamnation de l’invasion de ce pays par la Russie de Vladimir Poutine et un appel à la paix, au droit à l’autodétermination des peuples, et à la solidarité, idéaux portés par le mouvement ouvrier. Ces valeurs cardinales ont été largement exprimées, comme l’impérative nécessité d’aider les victimes de ce conflit et ses millions de réfugiés, mais aussi d’autres catégories d’exilés fuyant la violence. Et qui, injustement, ne bénéficient pas de la même empathie. Une inégalité de traitement pour le moins choquante.

Au menu de ce 1er Mai également, les préoccupations liées à l’inflation, aussi corollaire du bruit des armes, et à la flambée annoncée des primes d’assurance maladie. La baisse du pouvoir d’achat frappera en particulier les bas et moyens revenus. Seule une hausse générale des salaires permettra de contrer une précarité que la pandémie a déjà aggravée. Rien d’exagéré dans cette exigence, la revalorisation réelle des rémunérations restant attendue depuis longtemps avec des gains de productivité qui n’ont pas été répercutés sur les salariés, pourtant créateurs de ces richesses.

La bataille engagée contre l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes a, elle aussi, largement mobilisé les troupes. Ce projet a été combattu par le lancement d’un référendum qui s’est soldé par la récolte de quelque 150 000 signatures. Trois fois plus que nécessaire. Un succès révélateur de la colère générée par la réforme AVS21. A raison. L’égalité salariale n’est toujours pas concrétisée dans les faits. Les métiers dits féminins occupent la tête de liste des professions les moins bien rémunérées. Sans oublier les activités gratuites remplies tout au long de leur vie par les femmes entre l’éducation des enfants, les tâches domestiques, la prise en charge de parents âgés ou malades, et, dès lors, des temps de travail partiels qui les pénalisent gravement à l’heure de la retraite. Elles qui ne bénéficient de surcroît le plus souvent que du seul pilier de l’AVS. Misère programmée... Et ce n’est pas tout, d’autres attaques portées par le Parlement menacent encore de fragiliser la prévoyance vieillesse.

Alors que les experts climatiques ont évalué à trois ans le temps restant pour inverser la courbe des hausses de température, l’impérative transition écologique a encore trouvé sa place dans les cortèges. Avec, à la clef, l’exigence d’une réduction du temps de travail sans perte de salaire. Une piste pour restreindre la pollution, favoriser un meilleur partage des emplois et un mieux-vivre largement mis en péril dans un monde qui, définitivement, marche sur la tête...