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180 licenciements chez Greatbatch : le personnel se mobilise avec Unia

Face à l'annonce de délocalisation de l'entreprise, le personnel exige l'ouverture de négociations

Les salariés du groupe américain Greatbatch à Corgémont et Orvin (Jura bernois) restent sous le choc de l'annonce de la délocalisation de leurs activités outre-Atlantique, avec 180 licenciements à la clef. Mais ils se mobilisent. Avec Unia, ils se sont organisés pour défendre leurs intérêts en commençant par demander la prolongation du délai de consultation leur permettant de proposer des solutions.


«Pas question de se faire enterrer sans broncher.» Cette phrase lâchée par un ouvrier en colère illustre bien la détermination d'une bonne partie du personnel de Greatbatch, à Corgémont et à Orvin, dans le Jura bernois, encore sous le choc de l'annonce du démantèlement de leurs entreprises. Près de 80 d'entre eux ont répondu la semaine dernière à l'appel d'Unia à se mobiliser. Avec le syndicat, ils ont tenu une première assemblée du personnel à Corgémont, dans le but de faire front à la décision de leur direction de délocaliser leurs activités au Mexique et aux Etats-Unis, avec pour corollaire le licenciement de 180 personnes en décembre de l'année prochaine. Un gâchis consternant qui intervient quatre ans après l'achat de cette entreprise, anciennement Precimed, par le groupe américain, spécialisé dans les produits de chirurgie orthopédique. 
 
Revendications fondées
A une grande majorité, les salariés présents ont voté une résolution en quatre points. Primo, ils demandent que la période de consultation soit prolongée jusqu'à fin septembre afin de permettre au personnel, au syndicat et aux autorités de chercher des solutions. «La période des vacances ne permet pas d'étudier efficacement les mesures alternatives à la suppression pure et simple de 180 postes de travail», a fait valoir Pierluigi Fedele, secrétaire d'Unia Transjurane. Secundo, les travailleurs ont mandaté Unia pour défendre leurs droits et mener les négociations avec la direction pendant toute la période de restructuration. Dans la foulée, ils vont élire une représentation du personnel qui devra être reconnue comme partenaire par le groupe Greatbatch. Troisièmement, ils revendiquent l'accès à toutes les informations portant sur la situation financière du groupe, ses données comptables, ses projets et sa stratégie, afin de pouvoir analyser la situation et formuler des propositions fondées. Quatrièmement enfin, l'assemblée du personnel demande la mise sur pied d'une table ronde réunissant les pouvoirs politiques, les décideurs économiques, les syndicats, les représentants du personnel et la direction, dans le but de trouver de réelles solutions.


Communes solidaires
L'assemblée a été dirigée par Pierluigi Fedele. «Nous ne pouvons pas vous promettre de gagner. Ce qui est sûr en revanche, c'est que si vous le voulez, nous nous battrons avec vous jusqu'au bout pour sauver les emplois.» Et au pire pour négocier un plan social digne de ce nom. Face aux salariés, le maire de Corgémont, Etienne Klopfenstein a déploré «que la direction nous ait mis devant le fait accompli». Et d'annoncer «qu'avec Unia, on va tout faire pour vous aider». Le maire a mis en doute les arguments de la direction, qui justifie sa décision par le franc fort et les coûts de la main-d'œuvre. En effet le secteur médical dans lequel opère Greatbatch se porte plutôt bien. Egalement présent, le vice-maire d'Orvin, Marc-André Léchot a parlé «d'arguments hors sujet» et de «décision arbitraire». La résolution en quatre points a été envoyée à la direction du groupe aux Etats-Unis et une réponse est attendue jusqu'à aujourd'hui mercredi.
Le syndicat a également tenu permanence vendredi dernier à Corgémont pour informer individuellement les travailleurs qui le souhaitaient.
En parallèle, Unia a demandé au président du gouvernement bernois, Andreas Rickenbacher, d'intervenir dans ce dossier. Par voie de presse, ce dernier s'est dit prêt à participer à la table ronde demandée par Unia et le personnel.

Pierre Noverraz