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Syndicats et patrons unis pour dénoncer un cas de dumping

A Genève, deux enquêtes sont en cours contre un particulier accusé d’exploiter des ouvriers venus de Chine pour construire sa villa. L’intéressé nie en bloc

Fait rare, syndicats et patrons ont dénoncé ensemble une situation dramatique rencontrée sur un chantier genevois après plusieurs contrôles de la Commission paritaire du second œuvre (CPSO) l’été dernier. Dans la commune de Collonge-Bellerive, le chantier d’une villa privée a révélé la présence d’ouvriers chinois, qui, selon ce que le propriétaire a rapporté aux inspecteurs, travailleraient au moins six jours sur sept, jusqu’à onze heures par jour et ce sans rémunération. Pas déclarés, les travailleurs en question dorment dans un local sans fenêtre sur le chantier, sur un matelas posé à même le sol. D’après nos confrères de 20 minutes, leurs passeports auraient même été confisqués.

Patrons et syndicats du secteur ont convoqué la presse le 5 décembre pour rendre le cas public, sachant que le chantier se poursuit toujours. «Les partenaires sociaux sont scandalisés par les pratiques de ce propriétaire qui fait fi des lois et de la dignité humaine, s’indignent-ils dans leur communiqué de presse. Les travailleurs sont purement et simplement exploités! Ces ouvriers ne parlent pas français, se retrouvent dépendants d’un propriétaire sans vergogne, et sont exposés à des conditions de travail dangereuses pour leur santé et leur sécurité.» Une situation qui s’apparente, selon ces derniers, à du travail au noir.

Questions en suspens

De son côté, le propriétaire, Chinois d’origine, rejette les accusations d’exploitation et de violations de la CCT. Celui qui jure n’avoir commis aucun abus assure qu’il ne s’agit pas de travailleurs stricto sensu. «Au début du chantier, il y a trois ans, j’avais mandaté des entreprises suisses, mais j’ai été escroqué, confie-t-il au journaliste de 20 minutes. Mon budget n’étant pas extensible, je me suis tourné vers ma communauté pour qu’elle m’aide.» A la CPSO, il livre une seconde version: ces personnes seraient des partenaires administrateurs et actionnaires d’une société anonyme dont il est l’administrateur président...

Main-d’œuvre surexploitée ou amis venus donner un coup de main bénévolement? Une enquête pénale est en cours ainsi qu’une procédure auprès de la CPSO, qui pourrait donner lieu à une amende conventionnelle.

En attendant, les partenaires sociaux appellent les professionnels de la construction à respecter les règles du jeu. «Il est essentiel de travailler avec des partenaires qui respectent le cadre légal et conventionnel. Il en va de la libre concurrence et d’un marché du travail équilibré à Genève.»

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Les travailleurs intérimaires, venant de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas, étaient payés 14,98 euros l’heure pour construire l’héliport de l’hôpital de Sion. La CCT de la branche prévoit le double. Leurs frais de repas étaient également réduits drastiquement.

La semaine dernière, Unia a dénoncé un cas de dumping salarial sur le chantier de l’héliport de l’Hôpital de Sion. La direction des travaux a réagi le jour même