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Journalistes en voie de disparition

«Tamedia tue vos médias, saison 5». Ces mots, figurant sur une pancarte lors d’une mobilisation le 24 septembre à Lausanne, dénoncent une énième vague de licenciements dans la branche. Près de cent personnes dont une grande majorité de journalistes, ainsi que des politiciens de gauche et des syndicalistes, se sont réunis devant la Tour Edipresse. Des collaborateurs de 24 heures, de la Tribune de Genève, du Matin Dimanche et de la rédaction T ont débrayé. Ils s’insurgent contre la décision de Tamedia – un des secteurs du groupe TX Group – de biffer une cinquantaine de postes en Suisse, dont 28 en Romandie. La direction basée à Zurich montre une fois de plus son mépris vis-à-vis d’une profession déjà mise à mal par les géants du web, les réseaux sociaux et leurs fake news, la chute du nombre d’abonnements et de recettes publicitaires. Le cercle vicieux se renforce, car comment offrir une information de qualité avec toujours moins de professionnels?

C’est une saignée de plus dans la presse romande en proie aux dégraissages depuis une vingtaine d’années. Septante journaux, dont L’Hebdo ou encore la version imprimée du Matin en 2018, ont disparu en Suisse depuis 2003 et un quart des emplois dans le journalisme ont été biffés entre 2011 et 2019. Rien qu’en 2023, en Romandie, l’absorption de TV8 par L’illustré s’est accompagnée de la suppression de cinq postes et demi; en mai, Media One a licencié deux journalistes à Radio Lac et un à One FM; en août, Le Temps a annoncé le licenciement de trois personnes et le non-renouvellement d’un contrat. Sans compter la situation délétère des journalistes indépendants, payés au lance-pierre.

La restructuration actuelle touche 10% des effectifs dans les rédactions romandes de Tamedia, à moins que des solutions ne soient trouvées d’ici au 13 octobre, date de la fin de la consultation des représentants du personnel, soutenus par Impressum et Syndicom. Soit quatorze jours ouvrables pour proposer des alternatives, alors que, selon Impressum, ce projet de restructuration aurait occupé les cadres de TX Group durant neuf mois «sans jamais concerter la base» et sans «rien trouver de mieux que des licenciements pour gagner en rentabilité». Les syndicats dénoncent cette politique de démantèlement, tout comme les autorités politiques, notamment de Genève. Plusieurs élus de gauche en appellent à un soutien public, pour défendre ce pilier de la démocratie qu’est la pluralité de la presse. Une résolution devait notamment être déposée au Grand Conseil vaudois cette semaine. Plus largement, un changement de système est urgent. TX Group veut économiser 6 millions de francs en licenciant, alors qu’il a réalisé 123 millions de bénéfices en 2022, et reversé 47 millions de dividendes à ses actionnaires! La même vieille rengaine néolibérale, énième saison…