Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Le «photographe des peuples opprimés» acquitté

Demir Sönmez devant le Tribunal de police genevois.
© Neil Labrador

«Mes activités journalistiques dérangent la police, mais aussi les autorités de Genève et de plusieurs pays», a relevé Demir Sönmez.

Demir Sönmez était convoqué au Tribunal de police genevois pour avoir «gêné» le travail des policiers lors d’une manifestation

Le Tribunal de police genevois a acquitté jeudi dernier Demir Sönmez d’entrave à l’action de la police. Comme nous l’avions relaté dans notre édition du 17 février, il était reproché au photographe d’avoir créé une «perturbation sur la voie publique» et refusé de «circuler sur ordre de la police» lors d’une manifestation de la fonction publique en décembre 2017 qu’il couvrait. Il contestait énergiquement cette accusation et refusait de payer une amende de 400 francs. La juge a estimé que les conditions de l’infraction n’étaient pas remplies. La cour de l’hôtel de ville, où se trouvait le photo-journaliste, ne pouvant être considérée comme la voie publique.

Réfugié politique de Turquie, Demir Sönmez a réalisé quelque 1500 reportages photographiques ces dix dernières années, principalement des manifestations. En 2016, son exposition Place des Nations - Place des peuples, qui a fait l’objet d’un livre (Editions Slatkine), s’était attiré les foudres du consulat de Turquie. «Mes activités journalistiques dérangent la police, mais aussi les autorités de Genève et de plusieurs pays», explique celui qui se présente comme le «photographe des peuples opprimés».

Chroniqueur des luttes sociales

Avant l’audience, une trentaine de personnes s’étaient réunies devant le Palais de justice pour témoigner, autour de prises de parole, de leur solidarité avec ce «chroniqueur engagé des luttes sociales», selon les mots de l’ancien conseiller national Ueli Leuenberger. En dénonçant une «tentative d’intimidation», la militante latino-américaine Inês Gerardo a remercié Demir Sönmez pour ses photos, qui constituent «l’historique de nos luttes à Genève». «Il est là pour toutes les causes. Son travail est de l’information et l’information n’est pas un crime. Il doit être honoré et non pas poursuivi», a dit l’activiste algérien Salah Eddine Yakhlef. «Les droits démocratiques ne sont jamais donnés ni garantis. Les organisations démocratiques, dont les syndicats font partie, n’ont pas à céder un pouce de terrain démocratique», a souligné le syndicaliste du SSP Albert Anor. Plusieurs orateurs ont justement pointé les entraves à la liberté de manifester. Actif au comité Stop Tisa notamment, Gérard Scheller a raconté avoir reçu une amende de 500 francs pour une «visite guidée des multinationales de Genève» menée en 2017 sur les trottoirs. L’affaire est toujours en cours à la suite d’un recours du Ministère public contre son classement. «Avec Maudet à la Sécurité, plusieurs organisateurs de manifestations se sont retrouvés devant la justice», a expliqué Marc Simeth, président du Cartel intersyndical de la fonction publique, en rappelant qu’il existe à Genève «une tradition de descendre dans la rue». «Ce droit de se rassembler, de manifester et de critiquer doit rester inaliénable.» Antonio Fisco, vice-président de Syndicom Genève, et Gérard Deshusses, président du Parti socialiste genevois, sont encore intervenus pour apporter, au nom de leurs organisations, le soutien au photographe touché par ces marques de solidarité et d’amitié.

Pour aller plus loin

Quatre droits fondamentaux pour les personnes âgées

logo de la Ferpa.

La Fédération européenne des retraités, dont Unia est membre, revendique dans un manifeste le droit de vivre dans la dignité pour les seniors

Quand l’activisme puise ses forces dans la spiritualité

Portrait de Satish Kumar.

Militant depuis plus de 60 ans, Satish Kumar donne une conférence au Château de Bossey ce samedi. Ce grand défenseur du vivant montre comment la spiritualité peut nourrir l’engagement

Travailler moins ou le début des possibles

au milieu de la manifestation, un homme tient une toute petite pancarte sur laquelle on peut lire "réduire".

Le 9 avril, la Grève pour l’avenir a réuni dans différentes villes de Suisse des mouvements climatiques, féministes et syndicaux manifestant en faveur de la réduction du temps de travail. Une revendication qui vise à limiter notre impact sur l’environnement tout en favorisant un meilleur partage des tâches

La réduction du temps de travail pour un avenir digne

Affiche de la Grève pour l'avenir.

Ce samedi 9 avril, des actions et manifestations auront lieu, dans le cadre de la Grève pour l’avenir, afin de porter cette revendication. Aperçu du programme