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Hausse des salaires de 100 à 120 francs pour tous !

Cette revendication pour les négociations de cet automne est une question de justice mais aussi de rééquilibrage économique

De 100 à 120 francs d'augmentation pour les branches couvertes par Unia, de 80 à 120 francs dans les autres secteurs: l'Union syndicale suisse a annoncé ses revendications en perspective des négociations salariales qui s'ouvriront cet automne. De quoi rendre justice aux salariés mais aussi de renforcer le pouvoir d'achat. S'agissant des entreprises exportatrices en difficulté, les syndicats demandent la dépréciation du franc suisse, le gel du coût de l'électricité et l'extension à 24 mois du chômage partiel.  

Les négociations salariales de cet automne s'annoncent chaudes. Elles se dérouleront dans le climat très lourd de la crise, marqué par des vagues de licenciements et une augmentation du chômage. Et pourtant, ce contexte ne doit pas occulter le fait que la plupart des entreprises privées et publiques opérant sur le marché intérieur sont en bonne santé. «Deux tiers des salariés de ce pays travaillent dans des entreprises qui enregistrent des bons résultats» relève le chef économiste à l'Union syndicale suisse (USS), Daniel Lampart (voir ci-dessous). S'agissant des entreprises exportatrices, dont une partie sont en difficulté en raison de la situation des marchés internationaux, un gel des salaires n'aurait aucun effet face au recul des commandes qui ont dans certains cas fondu de plus de moitié. «Ces entreprises ont pu se constituer de confortables réserves pendant les années de haute conjoncture», rappelle Andreas Rieger, coprésident d'Unia. Le remède passe dans ce cas par le recours au chômage partiel. «Nous demandons au Conseil fédéral de prolonger de 18 à 24 mois la période pendant laquelle les entreprises en difficulté peuvent en bénéficier», précise-t-il. «Le projet est en discussion mais il devra encore passer le cap du Parlement.»
Les autres mesures préconisées par l'USS sont la dépréciation, par la Banque Nationale, du franc suisse (pour favoriser l'exportation), ainsi que la baisse du coût de l'électricité. L'Union syndicale suisse invite également la Confédération à compenser les augmentations des primes de l'assurance maladie ainsi qu'à rembourser immédiatement les taxes sur le CO2 pour en faire bénéficier la société.

Augmentations justifiées
L'USS réclame des augmentations de salaires allant de 80 à 120 francs pour toutes et tous. Cette revendication n'a rien d'excessif. Au contraire, elle correspond à la juste rétribution des efforts consentis par les travailleuses et travailleurs de ce pays. Des efforts qui, dans la plupart des cas, ont permis aux employeurs, aux actionnaires et aux top managers d'engranger de confortables bénéfices. «Toujours plus de profit et de richesses concentrés entre quelques mains et une baisse du pouvoir d'achat pour le reste de la population: cette logique de maximisation du profit a mené l'économie au bord de l'abîme», rappelle Andreas Rieger. «Les banques, les top managers et les spéculateurs en Bourse se sont formidablement enrichis. En même temps, ils ont compromis l'équilibre économique.» La demande intérieure qui est restée «vigoureuse», grâce à des salaires négociés à la hausse a évité que des pans entiers de l'économie ne s'effondrent. Les augmentations de salaires revendiquées contribuent donc à combattre les effets de la crise. «Cette impulsion favorable au pouvoir d'achat en Suisse est en danger, si les salaires ne devaient pas augmenter de manière adéquate en 2010», avertit le syndicaliste. «Les syndicats s'engagent donc dans les négociations salariales de cet automne non seulement pour l'instauration d'une plus grande justice sociale mais aussi pour une relance économique plus rapide.»
Les syndicats entendent privilégier les augmentations nominales plutôt qu'au pourcentage, cela pour faire pencher la balance en faveur des petits salaires, en particulier ceux des femmes, les plus souvent victimes de discriminations.
Dans le sillage de cette campagne salariale, Unia appelle à venir manifester le 19 septembre à Berne, dans un rassemblement national placé sous le mot d'ordre «emplois, salaires et rentes à la place du profit et de l'avidité».

Pierre Noverraz


 

La crise n'a pas touché tout le monde

 
Selon l'économiste en chef de l'USS, Daniel Lampart, deux tiers des salariés de ce pays travaillent dans des entreprises dont les résultats sont encore bons. Quelques exemples significatifs:

· Les transports et communications, avec une hausse de la valeur ajoutée de 2,6% au premier trimestre 2009.
 
· La construction, dans laquelle la marche des affaires est satisfaisante à bonne, selon les réponses des entreprises au sondage du KOF, le Centre de recherches conjoncturelles de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

· Le commerce, avec une augmentation de la valeur ajoutée de 3% au premier trimestre de cette année et une hausse du chiffre d'affaires chez les détaillants de 0,9% en juin.

· L'administration publique, l'éducation et la santé connaissent une nette hausse des recettes et une augmentation de l'emploi.

· Certains secteurs industriels, comme l'industrie alimentaire ou pharmaceutique, les boissons, le tabac, enregistrent un volume de production qui demeure à un niveau élevé.

 · Certains segments du secteur financier qui ont enregistré d'importants afflux de fonds (banques cantonales et Raiffeisen) ou qui ont tiré parti de la reprise sur les marchés financiers, comme le Crédit Suisse.

USS/PN