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Chômage : la récolte démarre

Non au démantèlement de l'assurance chômage

La récolte des signatures pour le référendum des syndicats et de la gauche politique contre la révision de la loi sur l'assurance chômage a démarré. Il s'agit de contrer la volonté de la droite dure de faire payer la crise à ceux qui en sont les victimes en imposant une loi injuste et inefficace. Une nouvelle tentative de démantèlement social contre laquelle Unia se bat en première ligne.

Le 7 mars dernier, dans les urnes, le peuple suisse a massivement rejeté la tentative de pillage des rentes du deuxième pilier. Il pourrait bien en faire de même cet automne avec la révision de la Loi sur l'assurance chômage (Laci). Les syndicats, les partis de gauche, les Verts et les organisations de défense des chômeurs viennent en effet de lancer un référendum contre cette révision jugée injuste, antisociale et absurde. Le lancement de la récolte des signatures a été marqué, le 30 mars dernier, par une prise de position publique des principales organisations engagées dans la campagne référendaire.

Les banquiers d'abord...
Les arguments des auteurs du référendum ne manquent pas. Et pour cause, vouloir péjorer la situation des chômeurs en pleine crise est non seulement un non-sens politique et économique, une atteinte à la cohésion sociale mais relève aussi d'un cynisme consternant. «Le taux de chômage élevé que nous connaissons actuellement est la conséquence de la crise provoquée par les abus du secteur financier», relève Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS), lequel relève que les grandes banques sauvées par l'Etat profitent de l'argent du contribuable pour recommencer à amasser des bonus et des profits démesurés. «Les profiteurs du secteur financier sont récompensés alors que les victimes de la crise sont punies par des réductions de prestations et une détérioration de leur situation.» Le monde à l'envers!

Mesures inacceptables
La réforme contre laquelle s'élève le référendum prévoit notamment de limiter à 200 le nombre d'indemnités journalières pour les jeunes de moins de 25 ans sans obligation d'entretien, d'obliger les personnes de plus de 55 ans d'avoir cotisé au moins deux ans pour prétendre à des indemnités pendant deux ans, de restreindre l'accès aux programmes d'emploi permettant de prolonger les indemnisations et enfin de supprimer les possibilités pour les régions touchées par un fort chômage de prolonger la période d'indemnisation (voir ci-dessous). L'addition de ces péjorations devrait déboucher sur une économie estimée à 622 millions de francs à quoi s'ajouteront 646 millions de recettes provenant d'une augmentation de 2% à 2,2% du taux de cotisation. Or l'assurance chômage n'est pas victime d'endettement «mais d'un sous-financement chronique», assure Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse. Le déficit est imputable à un financement boiteux et inéquitable qui se base «sur une évaluation totalement irréaliste du nombre de chômeurs». Il est basé sur 100000 alors qu'il y a aujourd'hui 170000 chômeurs.

Inégalités
Financement inéquitable? Il suffit pour s'en convaincre de constater que la tranche de revenu annuel supérieure à 315000 francs n'est pas soumise à la cotisation de l'assurance chômage. Autrement dit, les dirigeants des grandes banques qui amassent un bonus annuel de 10 millions disposent de 9,685 millions totalement exempts de cotisation alors que la vendeuse qui touche 3500 francs par mois paiera ses 2% de cotisation sur l'entier de son salaire! «Si les managers aux salaires abusifs cotisaient autant que les gens qui gagnent normalement, il n'y aurait plus de trou à combler dans l'assurance chômage», résume Vania Alleva, membre du comité directeur d'Unia.
Economiser de l'argent sur le dos des chômeurs est non seulement injuste et irresponsable, c'est également inefficace. Cela va tout simplement augmenter de plusieurs milliers le nombre de pauvres dans ce pays, avec pour conséquence la sollicitation accrue des collectivités publiques. «Le canton de Bâle-Ville considère que cela lui coûterait à lui seul 6 à 8 millions de francs de plus par année», note Thérèse Frösch, conseillère nationale écologiste.
La réforme aurait également pour conséquence d'amplifier le problème du chômage et de fragiliser le marché du travail car le durcissement de l'assurance chômage pousse les gens vers des emplois précaires, avec pour effet de déréguler l'emploi et de tirer les salaires vers le bas.
Cette révision s'inscrit dans la croisade de la droite pour une dérégulation sociale généralisée.
Elle mérite la poubelle.


Pierre Noverraz