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5'000 francs pour la formation continue

La formation continue reste insuffisante en Suisse, en particulier pour les jeunes. L'USS propose des chèques de formation

Alors que l'économie suisse manque de travailleurs qualifiés, il reste très difficile pour un jeune de se former après son apprentissage. Dans la plupart des branches, il doit payer plusieurs milliers de francs de sa poche et prendre congé pour étudier. L'Union syndicale suisse propose aux cantons un projet concret pour y remédier.

Leur CFC passé, les jeunes doivent entamer un véritable chemin de croix afin de poursuivre leur formation. Pour les aider, l'Union syndicale suisse (USS) et la Société suisse des employés de commerce proposent que les cantons leur attribuent un chèque de 5000 francs dans le but d'acquérir un brevet ou une maîtrise. Cette mesure devrait s'inscrire en complément d'une hausse des aides fédérales en la matière et d'une nouvelle loi sur la formation continue (en 2012 ou 2013). Le point avec Jean Christophe Schwaab, responsable des jeunes à l'USS.

Pourquoi présenter ce projet de financement dans les cantons?
Il y a un fort besoin en matière de formation professionnelle supérieure. Et les inégalités sont criantes. 30% des hommes y ont accès, contre seulement 14% des femmes. Or, on sait qu'une meilleure préparation professionnelle entraîne de plus hauts revenus et parfois une qualité de vie supérieure. De quoi renforcer une fois de plus l'inégalité entre hommes et femmes. Il existe également une forte disparité entre les branches. Lorsqu'une branche dispose d'une convention collective de travail et d'un fonds conventionnel, comme dans la construction, il existe de nombreuses facilités, tant au niveau de jours de congé-formation que du financement des cours. Dans d'autres, les travailleurs doivent non seulement s'acquitter de frais d'écolage qui vont de 5000 à 10000 francs, mais en plus se former pendant leur temps libre uniquement.

Ce coup de pouce pour la formation correspond-il à un réel besoin?
Un employé mieux formé touche en général un meilleur salaire, bénéficie de plus grandes opportunités de carrière et a moins de probabilité de se retrouver au chômage. Du point de vue du marché du travail, il y a une forte pénurie de personnel qualifié au-delà de l'apprentissage dans de nombreux secteurs. Tous les rapports nationaux et internationaux sur la Suisse le confirment. L'Etat a également un grand intérêt à soutenir la formation. Nous savons bien qu'un franc public investi dans la formation en rapporte trois, à travers la baisse du chômage et de la criminalité notamment.

Pourtant, la droite vient de refuser votre projet dans le canton de Vaud, le 19 janvier dernier...
Oui, à quatre voix près. Seulement deux députés du Parti radical ont rejoint les rangs de la gauche. Dès qu'il faut décider de nouvelles dépenses, certains ne regardent qu'à court terme. C'est regrettable. Nous verrons si la Fondation cantonale pour la formation professionnelle, qui vient d'être créée, pourra financer une partie des cours. Si rien ne se fait, nous reviendrons à la charge au Parlement. Dans d'autres cantons, la situation se présente sous un meilleur jour: le Conseil d'Etat bernois s'est montré très réceptif à l'idée et en Argovie un projet dans ce sens est en bonne voie.

La nouvelle loi fédérale sur la formation continue, actuellement en discussion, pourrait-elle améliorer la situation des jeunes?
Oui, l'USS demande l'adoption d'un droit à un congé de formation de 5 jours par an, y compris pour les employés plus âgés, de préférence cumulable d'une année à l'autre. Cela permettrait aux travailleurs de ne pas devoir renoncer à toutes leurs vacances pour pouvoir suivre un processus de qualification. Mais l'adoption de ce projet de loi risque de tarder, en tout cas jusqu'en 2012, voire 2013. Par ailleurs, dans le cadre de la table ronde (tripartite ndlr) chargée d'améliorer la formation professionnelle supérieure, les syndicats demandent entre autres une hausse importante de la subvention fédérale attribuée aux cantons en la matière. L'USS s'engage aussi pour une augmentation des aides versées pour les cours de préparation aux examens de brevet et de maîtrise.

Propos recueillis par Christophe Koessler

 


Profiter des millions contre la crise

L'Union syndicale suisse (USS) insiste sur quelques succès qu'elle a obtenus en faveur de la formation dans le contexte de la crise. La faîtière rappelle que la troisième phase des «mesures de stabilisation» décidées par la Confédération prévoit un financement de 30 millions de francs en faveur des employés se trouvant au chômage technique. Ainsi que des contributions de 1000 francs par mois aux employeurs fournissant un emploi d'une durée indéterminée à des personnes de moins de 30 ans au chômage depuis plus de 6 mois (12 millions). 15 millions sont aussi prévus pour la formation continue dans le domaine de l'énergie et 40 millions pour des mesures de formation en faveur des jeunes ayant terminé un apprentissage! «Il est essentiel de recourir rapidement à ces fonds et de pouvoir préparer le terrain à une quatrième phase (de mesures de stabilisation)», souligne l'USS.

CK