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300 travailleurs se soulèvent chez Agie Charmilles

Les employés d'Agie Charmilles ont organisé un piquet de protestation. Ils refusent net les 168 licenciements prévus

Pas question d'accepter la délocalisation du site de production de Genève au Tessin pour les employés d'Agie Charmilles. Les travailleurs croient fermement que des solutions alternatives sont économiquement viables. Mercredi passé, avec le soutien d'Unia, ils étaient plus de 300 à se réunir pendant deux heures à l'extérieur de l'usine pour exiger une rencontre avec la direction et réclamer que l'on prenne au sérieux leurs propositions. Des mesures de lutte pourraient être décidées.

«On a attendu tout l'été une réponse du directeur. On peut bien encore patienter 30 minutes», a déclaré au micro un membre du comité d'action des employés du groupe industriel Agie Charmilles mercredi dernier lors d'un rassemblement de protestation. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le grand patron, Michael Hauser, s'est fait prier pour venir rencontrer les 300 travailleurs qui s'étaient réunis devant l'usine de Meyrin à Genève. Alors qu'il était en discussion depuis plus d'une heure à l'intérieur du bâtiment avec des délégués de la commission du personnel, l'assemblée des
employés a exigé qu'il sorte des bureaux pour expliquer aux travailleurs les raisons des 168 licenciements prévus. Après l'avoir hélé bruyamment, les ouvriers ont envoyé une délégation de 10 personnes pour aller le chercher.

168 blouses suspendues
Mais ce n'est qu'après l'envoi d'une deuxième délégation que le directeur a fini par descendre à contrecoeur. Dans l'intervalle, deux heures se sont écoulées sous un soleil de plomb. Pour l'accueillir, les travailleurs avaient suspendu au préalable 168 blouses de travail aux grilles de l'usine, et planté plusieurs croix sur la pelouse impeccable des bureaux de l'entreprise symbolisant les funérailles du site d'Agie Charmilles.
Michael Hauser n'a toutefois pas répondu aux propositions d'alternatives aux licenciements formulées par le personnel, ni montré de signe d'ouverture à leur annulation: «La situation économique est au plus mal. C'est la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma carrière. Mais elle est inévitable si l'on ne veut pas mettre en danger toute l'entreprise», a déclaré le directeur en allemand, traduit par son porte-parole. Il a toutefois signalé que les discussions avec la commission du personnel continuaient et qu'il avait bon espoir de trouver un terrain d'entente.

Vers d'autres actions
Le lendemain de ce rassemblement, les 300 employés se sont à nouveau réunis, avec la participation d'Unia. Face à l'absence de réponse claire de la direction, ils ont décidé de réitérer formellement leur demande d'annulation des licenciements et de garantie quant à la pérennité du site, en donnant à la direction jusqu'à la fin du week-end pour y répondre par écrit. Faute de quoi, une nouvelle assemblée, qui devait se tenir ce lundi, pourrait décider de mesures de lutte. A l'heure où nous mettions cet article sous presse lundi, les décisions de cette assemblée n'étaient pas encore connues.

Des alternatives existent
Unia et la majorité des employés assurent que des alternatives existent à la fermeture du site de production de machines de Genève. Spécialiser le site meyrinois dans la fabrication de machines « à fil », par exemple, au lieu de délocaliser la production à Losone au Tessin, permettrait selon eux de sauver l'entreprise. D'autant que le groupe Georg Fischer, propriétaire d'Agie Charmilles dispose, après des années de bénéfices à hauteur de plusieurs centaines de millions, de fonds propres suffisamment élevés pour tenir le coup pendant la crise. Il sauverait ainsi le savoir-faire local et la qualité de ses produits pour rester compétitif sur le moyen terme.
Le personnel d'Agie Charmilles demande par ailleurs au Conseil d'Etat qu'il engage urgemment de vrais moyens pour sauvegarder l'emploi industriel à Genève et endiguer la spéculation financière à l'origine de la crise actuelle. Dans ce sens, il a sollicité une entrevue rapide avec le gouvernement cantonal.

Christophe Koessler