Nespresso: les inspections du travail interpellées
Après sa conférence de presse et son action devant la boutique de la marque à Lausanne, Unia continue la lutte pour que les horaires infernaux des salariés soient modifiés
«Les capsules sont recyclables, pas la santé des salariés!» Tel est le message inscrit sur les tracts distribués le 11 février dernier par Unia aux passants et aux clients de la boutique Nespresso, située à deux pas de la place Saint-François à Lausanne. Cette action suivait la conférence de presse d’Unia visant à dénoncer les conditions de travail délétères dans les usines Nespresso d’Orbe (VD), d’Avenches (VD) et de Romont (FR). Des conditions qui s’étaient aggravées depuis l’introduction des horaires en équipe de 4x8 en janvier 2019. Une situation attestée par un sondage dévoilé par le syndicat (voir L’ES du 12 février).
Unia va déposer des plaintes auprès des inspections du travail des cantons de Vaud et de Fribourg. Le syndicat demandera notamment à ce qu’elles analysent les dangers encourus en matière de santé et de sécurité par les travailleurs en raison de ces nouveaux horaires qui génèrent stress, fatigue et risques d’accident. Le 4x8 permet des semaines de 58 heures et des séries de neuf jours d’affilée, entrecoupées d’un seul jour de congé, atteignant 83 heures de travail, de jour, du soir et de nuit.
Sollicité par la presse après cette action, Nespresso se dédouane en affirmant avoir mis en place le nouveau système avec les représentants des employés et avoir pris des initiatives concrètes «autour de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des employés», des mesures qui auraient été «bien reçues et appréciées» par ces derniers. Ces affirmations sont réfutées par Unia qui se fonde sur les témoignages de plusieurs travailleurs. «Il est faux de dire que les représentants du personnel ont accepté le nouvel horaire, ils n’avaient pas le choix, souligne Nicole Vassalli, secrétaire syndicale d’Unia. Quant aux prétendues initiatives prises fin janvier, ce ne serait que des compensations financières qui ne résolvent aucun des problèmes dus au 4x8.»
Par ailleurs, la direction de Nespresso a réagi auprès d’Unia le jour même de l’action, déçue que le syndicat ait sollicité les médias. Unia leur avait parlé, entre autres, de l’absence de réponse de l’entreprise sur ses revendications, soit le retour à un horaire moins nocif, l’analyse de la situation par l’Institut de santé au travail, le respect des libertés syndicales et la reconnaissance des délégués syndicaux. Le directeur opérationnel des trois sites prend prétexte de cette action médiatique pour couper court à toute discussion en rejetant les revendications. «Nous n’acceptons pas cette fin de non-recevoir et allons discuter de la suite à donner pour que les travailleurs soient entendus», annonce la syndicaliste.