Unia se mobilise pour éviter un nouveau désastre industriel
Le syndicat propose ses services aux travailleurs de la fonderie Von Roll de Choindez menacée de fermeture
Après l’annonce de la fermeture de la fonderie Von Roll de Choindez, Unia mobilise ses forces pour éviter un nouveau désastre industriel et social dans la région jurassienne.
Le groupe métallurgique envisage en effet de délocaliser la production des tuyaux de fonte dans son usine allemande de Wetzlar, provoquant la suppression de 30 à 60 emplois sur un effectif de près de 100 salariés. L’entreprise justifie ce transfert par le manque d’espace à disposition sur le site. Niché dans la vallée de la Birse, entre Moutier et Delémont, il ne serait pas adapté à une production moderne. Une explication qui peine à convaincre entièrement. «Les travailleurs s’attendaient à cette décision, mais pas d’une façon aussi brutale, on ne leur laisse aucune marge de manœuvre, relève Patrick Cerf, responsable du secteur industrie d’Unia Transjurane. Nous craignons un démantèlement des activités de Von Roll dans le Jura.» Outre Choindez, le groupe est présent à Delémont et, de l’autre côté de la frontière, à Delle, où il envisage une autre restructuration, qui menace 70 emplois sur 90. Si l’on en croit la société, ni Delémont ni les autres activités de Choindez, comme le revêtement des tuyaux et la fabrication de tricycles électriques, ne seront affectés par cette délocalisation. L’extinction du haut fourneau jurassien, inauguré en 1846 par Ludwig von Roll, signerait malgré tout une perte de savoir-faire. «On abat un nouveau fleuron industriel jurassien. J’ai l’impression de revivre ce que nous avons connu à la Boillat entre 2004 et 2006», déplore le secrétaire syndical.
Rien n’est encore perdu
L’avenir de la fonderie Choindez n’est cependant pas encore scellé. Unia a convoqué pour demain jeudi une assemblée des travailleurs. Le syndicat proposera au personnel son expérience, son expertise et son infrastructure durant la période de consultation qui s’est ouverte. Rien n’est encore perdu. Dans des cas pareils, la mobilisation des salariés, soutenue par Unia, a réussi à faire reculer des géants, comme Novartis à Nyon. Du moins, l’ampleur des restructurations a bien souvent été atténuée, des centaines de postes ont ainsi été épargnés ces dernières années aux quatre coins de la Suisse romande. Fréquemment aussi des plans sociaux dignes de ce nom ont été négociés par le syndicat et les représentants du personnel. A contrario, l’année passée, à une courte majorité, les employés de la Verrerie de Moutier, suivant l’opinion du président de la commission d’entreprise, ont présumé qu’ils s’en tireraient mieux sans Unia. Résultat, la société fondée au milieu du XIXesiècle a fermé ses portes, laissant une centaine de travailleurs sur le carreau, qui n’ont, en outre, obtenu aucun plan social substantiel malgré les ressources conséquentes du groupe japonais propriétaire. «Ça relève du fossoyage industriel, juge Patrick Cerf. J’espère que les travailleurs de Von Roll mandateront Unia.»