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Samvaz SA: Le personnel en grève pour un plan social digne de ce nom

Grévistes de Samvaz.
© Olivier Vogelsang

La direction ayant refusé de négocier un plan social «digne et honnête», le personnel du département bois de Samvaz a entamé ce matin une grève d’une durée indéterminée.

En l’absence d’un plan social jugé équitable, avec le soutien d’Unia, le personnel du département bois de Samvaz SA, à Châtel-Saint-Denis, est en grève depuis ce matin. Le point sur la situation et témoignages.

Ambiance singulière ce matin du 11 juillet devant l’usine de Samvaz, à Châtel-Saint-Denis, proche d’immeubles résidentiels. Casquettes Unia vissées sur la tête, des travailleuses et travailleurs du département bois se sont installés devant le bâtiment de l’entreprise, au milieu de drapeaux du syndicat, et discutent par petit groupes. Le soleil, radieux, tranche avec les sentiments de tristesse et de colère qui prévalent. Avec le soutien du syndicat, le personnel a décidé de faire grève à la suite de la proposition qualifiée «d’extrêmement choquante» de la direction. 

«Le plan social présenté par Samvaz est plus que minimaliste et pire encore que la première mouture. Il est clairement indigne d’une entreprise de cette importance», déclare Yannick Ferrari, membre de la direction d’Unia Fribourg. Rappelons que l’entreprise avait confirmé en mars la fermeture de son secteur bois, évoquant une conjoncture défavorable, la pression de la concurrence étrangère ainsi que la difficulté de relocaliser l’usine, source de nuisances sonores pour le voisinage. Une décision entraînant le licenciement de 33 salariés. Ces derniers avaient déjà débrayé une première fois le 25 juin dernier, mouvement qui avait débouché sur l’ouverture de négociations, désormais de nouveau au point mort, l’offre de la société étant notée comme «définitive et ferme». 

Méconnaissance de leurs droits
«Samvaz a limité cette offre à des indemnités d’environ deux mois de salaire par personne, soit 7400 francs, auxquelles s’ajoutent 500 francs par année d’ancienneté. Et entend désormais mettre un terme au contrat de travail à la fin du mois. Et ce y compris pour les personnes en arrêt maladie ou accident. Ce qui est illégal. Dans la première proposition, la date fixée était fin septembre.» De son côté, Unia réclame des indemnités de départ calculées en fonction de la situation des employés, de leur ancienneté, de leur âge. Le syndicat demande également un montant de 5000 francs par enfant de moins de 12 ans et un pont-retraite pour les collaborateurs de 60 ans et plus. «Il semblerait par ailleurs que les femmes et les migrants aient été discriminés sur le plan des salaires. Nous revendiquons un réajustement», ajoute le syndicaliste tout en décrivant le profil de la majorité du personnel concerné. «Il y a surtout des personnes issues de la migration, âgées de 40 à 45 ans, et comptant neuf ans d’années de service en moyenne. Nombre d’entre elles ne connaissent pas leurs droits.» 

Durée de la grève indéterminée
Yannick Ferrari souligne aussi la problématique des arriérés de salaires alors que la société, «forte de ses quelques 30 millions de francs de chiffre d’affaires, se porte bien économiquement». Une prospérité qui se serait partiellement bâtie en limant sur les rémunérations, critique le syndicat. «Nous exigeons un remboursement immédiat. Nombre d’employés sont payés entre 2500 et 3500 francs par mois au lieu des 4500 à 4600 francs prévus par la Convention collective de travail Industrie du bois, après trois ans d’ancienneté. L’entreprise, signataire de l’accord en 2017, va devoir s’acquitter de la différence, mais elle ne reversera les arriérés que pour les cinq dernières années. Le reste est perdu», s’indigne le représentant d’Unia, estimant qu’on parle de centaines de milliers de francs.

Sans réaction de la direction, la grève se poursuivra lundi. «Celle-ci est passée dans la matinée pour demander aux grévistes de rendre leur clé, ce qu’ils ont refusé, et de rester à l’extérieur de l’entreprise. Elle a dit qu’elle ne négocierait pas», précise encore le syndicaliste, déplorant l’attitude de responsables «à la vision autoritaire et n’ayant pas la culture du débat».

Témoignages

«Nous ne demandons pas la lune»

Tiago, 40 ans, cariste, travaille depuis 4 ans pour Samvaz. «Nous demandons un plan social équitable, pas la lune», commente l’employé, père d’une fillette de six ans. «Après plusieurs années de service, on n’a le sentiment de ne pas être pris en considération. On se sent trompé», ajoute l’homme dénonçant aussi des rémunérations de collaborateurs au rabais. «On ne connaissait pas l’existence de la Convention collective de travail de la branche. Je ne sais pas encore si je suis de mon côté concerné par les arriérés. Mais pour ceux qui sont touchés, c’est du vol», ajoute le quadragénaire qui, électricien, a entrepris à ses frais et sur ses jours de vacances la formation de cariste. Une initiative qui lui a permis de négocier un meilleur salaire. Aujourd’hui, Tiago s’interroge de savoir quand le travail à Samvaz va s’interrompre. Et comment il paiera les factures. «Bien sûr, je suis inquiet. Mais je ne vais pas baisser les bras. On nous laisse entendre qu’on n’est pas reconnaissant envers la main qui nous a nourris. Mais nous, on l’a enrichi, cette main», conclut Tiago.

«Comment je vais payer mes factures?»

Jeannette (prénom fictif), compte près de deux décennies de travail à l’usine. Cette jeune quinquagénaire, en dépression, ne comprend pas pourquoi le département ferme. «Il y avait tout le temps du travail. J’ai été surprise», témoigne-t-elle, encore sous le choc. Et avec le sentiment que la direction ne reconnaît pas les services rendus. «On a toujours répondu présent. Il a fallu souvent travailler le samedi matin. Et on est mis comme ça à la porte», lance, la voix cassée, l’ouvrière. «Je n’ai jamais été au chômage. Comment je vais payer mes factures. Que va-t-il se passer?», questionne encore Jeannette aussi révoltée par le fait que les arriérés de salaires ne seront calculés que sur cinq ans. «Je gagne environ 4000 francs brut. Oui, selon la convention collective de travail, on me doit de l’argent.» Quant au plan social, la travailleuse estime que toute amélioration sera évidemment la bienvenue. «Mais j’aurais nettement préféré garder mon travail», soupire-t-elle.

Une vidéo de Olivier Vogelsang. 

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