Plus de huitante personnes ont participé le 16 juillet à la soirée de solidarité avec les grévistes de Samvaz à Châtel-St-Denis, luttant pour un meilleur plan social. Temps forts.
«Le choix de la grève n’est jamais facile. C’est la dernière arme pour se faire entendre. Vous agissez avec courage. C’est une lutte pour un meilleur plan social, mais aussi pour le respect, la dignité que vous doit l’entreprise.» Présidente d’Unia, Vania Alleva a participé à la soirée de soutien organisée avec les grévistes du département bois de Samvaz. Ces derniers, rappelons-le, ont posé les outils depuis 4 jours, réclamant l’ouverture de négociations avec la direction (voir ci-dessous). La manifestation de solidarité a réuni plus de huitante personnes sur le site où se sont succédé des prises de parole. Dont celle, enregistrée, de Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse qui, bien que sur la route des vacances, n’a pas manqué d’assurer son soutien au personnel, soulignant la légitimité de sa bataille et son unité remarquable. Alors que le député socialiste Armand Jaquier, ancien secrétaire régional d’Unia Fribourg, a encore estimé que les salariés avaient le droit de bénéficier des profits que devrait réaliser l’entreprise érigée sur un terrain à bâtir de 20 000 m2. Pierre-Yves Chilier, chef du groupe UO-PS et conseiller général communal et Pierre Vial, député veveysan au Grand Conseil, ont tous deux également dénoncé une décision brutale et un plan social injuste.
«Il n’y a que le profit qui compte»
Parmi les présents, des parents et proches, des amis, mais aussi des personnes sensibles à la cause comme Loïc, 30 ans: «J’ai trouvé un flyer d’invitation dans ma boîte aux lettres. Je suis venu à la rencontre car elle est en phase avec mes conviction politiques.» Le jeune homme dit comprendre ce que vivent les travailleuses et travailleurs de Samvaz. Lui-même a perdu son emploi d’aide-soignant au début de l’année. «Je sais comment on est traité et ce qu’on ressent alors», affirme celui qui se définit comme un communiste réformiste, un collectiviste. «Cette grève se justifie. Ils ont raison de se battre. Aujourd’hui il n’y a que le profit qui compte. Il faut changer le système», ajoute l’homme qui a depuis retrouvé une activité professionnelle à temps partiel dans le nettoyage.
Radeau à la dérive
T-Shirt rouge au nom de l’entreprise, Philippe est employé depuis huit ans dans l’usine de bois. S’il apprécie la solidarité manifestée, il n’en est pas moins brisé. «Je suis comme un radeau à la dérive. J’ai beaucoup d’amertume. La direction a agi avec beaucoup de maladresse dans sa manière de faire les chose», soupire le sexagénaire d’autant plus déçu qu’il souligne respecter ses supérieurs. «S’ils entrent en matière sur la retraite anticipée, j’opterai pour cette solution. Je suis au bout du rouleau.» Un collègue, Laurent, parle, lui, de vrai crève-cœur. «C’est un boulot-passion», indique ce responsable de site de 45 ans soulignant les changements intervenus dans la direction. «Ce n’est plus une entreprise familiale comme par le passé», indique l’employé qui apprécie le soutien de population tout en signalant que ce n’est pas évident de faire grève. «Psychologiquement c’est dur. Mais voir du monde nous touche. C’est la première fois que je débraye et il en est de même pour tous mes collèges je crois. En plus, on est comme une famille ici.» Un commentaire qui trouve symboliquement un ancrage à travers l’exposition des photos et de produits de l’usine présentée lors de la soirée et mise en place par le personnel. Une frise émouvante relatant l’évolution de l’entreprise avec celles et ceux qui l’ont fait tourner.