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Une plateforme pour créer du lien

Isabelle Gabioud et des bénévoles au travail.
© Florine Keller

Le 17 avril, Isabelle Gabioud, cultivatrice et vice-présidente de Bio Valais, a accueilli des bénévoles grâce à la plateforme Agriculture du futur.

Le 17 avril, la jeune alliance Agriculture du futur a permis à une soixantaine de bénévoles de travailler chez des paysans en Suisse romande

Uniterre et la jeune plateforme Agriculture du futur ont lancé un réseau romand de solidarité pour rapprocher population et agriculteurs. Plus d’une soixantaine de bénévoles ont pu se rendre dans des fermes pour offrir leur force de travail durant la Journée internationale des luttes paysannes le 17 avril (voir ici). «Notre plateforme est avant tout un outil de partage. Et notre réseau repose surtout sur du travail volontaire. Même s’il y a quelques offres d’emploi – pour l’instant principalement en Suisse alémanique – nous ne sommes pas un réseau professionnel comme Agrix», indique Alexis Dubout, membre de la plateforme et de la Grève du climat.

Désherbage, coupage de bois, nettoyage, autant de coups de main appréciés et surtout d’occasions d’échanger. Isabelle Gabioud, vice-présidente de Bio Valais, est enthousiaste: «C’était super! Les trois jeunes bénévoles et moi avons beaucoup parlé des fondamentaux: l’alimentation et son juste prix, la santé, la connexion à la terre…» Pour la cultivatrice de plantes médicinales, cette sensibilisation concerne la lutte paysanne dont l’importance a été révélée durant la pandémie. Elle observe une recrudescence d’offres d’emploi de la part de professionnels d’autres secteurs, et une véritable explosion des ventes directes. «Les paysans se sont pliés en huit pour répondre à la demande, réorganiser leurs self-services ou livrer à domicile. J’espère que les clients seront là pour eux demain aussi», souligne Isabelle Gabioud. Même constat du côté de Nicola Dänzer, éleveur de daims dans le canton de Vaud, qui a vu ses ventes directes de viande grimper. Il a aussi participé à la journée du 17 avril malgré les nombreuses propositions d’aide provenant déjà de ses connaissances ayant plus de temps et en quête de nature. «A condition de s’organiser, un coup de main bénévole régulier est toujours bienvenu. La plateforme Agriculture du futur, c’est du gagnant-gagnant, car cela permet de créer des liens.»

Semer des graines

Ce mouvement a aussi pour but de rapprocher jeunes militants du climat et paysans de tous bords, selon Layla Outemzabet, membre de la Grève du climat et d’Agriculture du futur: «Des paysans de l’agriculture conventionnelle peuvent se sentir attaqués par nos revendications écologistes. Or, pour nous, il est important de différencier l’impact écologique entre, par exemple, l’importation et la production de viande d’un élevage agro-industriel en Uruguay et le travail d’un petit agriculteur conventionnel de Suisse ou d’ailleurs. Plus une ferme est petite plus son impact écologique sur la planète l’est aussi. L’agriculture doit changer, en interdisant notamment l’usage de pesticides. Mais on ne peut pas attaquer individuellement tel ou tel paysan coincé par un système, en manque de possibilités financières ou de temps.» Et la jeune apprentie ébéniste de remarquer: «C’est intéressant d’avoir des discussions avec des paysans qui votent à droite, mais qui se retrouvent pourtant dans certaines de nos idées.»

L’alliance Agriculture du futur émane du mouvement Grève pour le climat et regroupe des organisations agricoles (notamment Uniterre et l’association des petits paysans) et écologiques (Greenpeace, WWF, Pro Natura, etc.) ainsi que des œuvres d’entraide, par exemple Pain pour le prochain. Elle prône qu’«une agriculture adaptée au futur doit être respectueuse envers le climat et socialement acceptable» pour atteindre une émission de gaz à effet de serre nulle d’ici à 2030. Le 22 février dernier, une manifestation réunissait à Berne quelque 4500 personnes, paysans et militants du climat, pour contester la Politique agricole 22+ du Conseil fédéral.

Plus d’infos: agriculturedufutur.ch

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