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Les maçons veulent leur part

Les travailleurs de la construction réclament une hausse générale de salaire de 150 francs par mois

Les syndicats Unia et Syna ont présenté, le 22 septembre dernier lors d'une conférence de presse à Zurich, les revendications 2015 des maçons. Ceux-ci réclament une augmentation de salaire de 150 francs par mois pour le dur travail qu'ils effectuent sur les chantiers. Une hausse estimée légitime en raison de la bonne santé économique du secteur de la construction.

Les arguments pour soutenir la revendication salariale des maçons qui réclament une augmentation de salaire de 150 francs n'auront pas manqué le 22 septembre dernier. Lors d'une conférence de presse organisée à Zurich par Unia et Syna, les représentants syndicaux ont fait part des nombreuses raisons justifiant la hausse demandée. En tête de liste, la bonne santé économique du secteur de la construction, chiffres à l'appui. «La branche se porte bien - on a jamais vu autant de grues en Suisse. L'indice suisse de la construction, qui reflète le chiffre d'affaires, a bondi de plus de 40% en dix ans pour atteindre au deuxième semestre 2014 le niveau record de 143 points», a déclaré Nico Lutz, responsable du secteur de la construction et membre du comité directeur d'Unia. Si une baisse d'autorisations a été constatée (-8% par rapport au même trimestre 2013), ce n'est pas le cas pour les dépenses prévues (+3,8%). «Les projets sont donc moins nombreux, mais plus vastes et plus coûteux.» L'augmentation des prix de vente explique par ailleurs la moitié de la hausse du chiffre d'affaires alors que les matériaux de construction n'ont guère renchéri. En revanche, le nombre d'emplois fixes dans le domaine a diminué au cours de la dernière décennie.

Moins de personnel, plus de travail
«Autrement dit, le personnel fixe accomplit toujours plus de travail... Les pressions, le rythme et l'intensité du travail ont énormément augmenté. Les gains de productivité témoignent eux aussi de cette évolution. La productivité a bondi de plus de 9% entre 2007 et 2012», a poursuivi Nico Lutz. Et d'asséner que si «le chiffre d'affaires s'est envolé de 4,9%, la main-d'œuvre diminuait de 2,4%». L'amélioration de la rentabilité des entreprises de construction, les marges bénéficiaires en forte progression dans le bâtiment comme dans le génie civil - elles auraient respectivement quasiment doublé et triplé entre 2008 et 2011 - devraient donc aussi être répercutées sur les maçons. Eux qui sont dehors par tous les temps et sont particulièrement menacés par les accidents. «Chaque année, presque un maçon sur cinq subit un accident... Le risque demeure trois fois supérieur dans la construction à celui encouru par l'ensemble des personnes occupées en Suisse.» Selon Unia, la progression des décès dans le domaine ces dernières années est aussi à imputer au stress croissant sur les chantiers.

Perte du pouvoir d'achat
De son côté, Serge Gnos, membre de la direction du secteur construction d'Unia, a relevé la perte du pouvoir d'achat des maçons à mettre en perspective avec l'évolution des primes des caisses maladie et l'impact des loyers sur les bas revenus. Et ce malgré un indice des prix à la consommation stable mais qui, s'il n'a pas augmenté, ne tient que partiellement compte de ces données. «Les primes des caisses maladie et les loyers sont les deux domaines où nous avons enregistré ces dernières années les plus fortes hausses de coûts. Les premières ont grimpé de plus de 20% en six ans alors que les loyers renchérissaient d'environ 10%. Les salaires dans la construction n'ont toutefois progressé que d'un peu plus de 5%... Les travailleurs ont subi depuis dix ans, en moyenne annuelle, une perte de revenu de 0,3% due aux hausses de primes.» Jakob Solenthaler, de Syna, a pour sa part insisté sur l'urgence d'agir en regard de la difficulté à trouver de la main-d'œuvre qualifiée dans la construction et alors même que la conjoncture s'y prête. Autant d'arguments qui plaident en faveur de l'augmentation réclamée, assortie d'une demande d'un franc supplémentaire par indemnité de repas. Revendication qui sera soutenue dans les régions par différentes actions menées par les maçons excédés par cette situation, dont une première prévue à Genève jeudi 2 octobre. 


Sonya Mermoud