Une vidéo d'Olivier Vogelsang
Le syndicat dénonce des violences de genre
Le 18 septembre, Unia a dénoncé le traitement des employées victimes d’agression dans l’entreprise Adoc Nettoyages, à Neuchâtel.
Les agressions sexuelles subies par deux employées d’Adoc Nettoyages font réagir Unia Neuchâtel. Le syndicat rappelle le devoir de l’employeur de protéger la santé des salariées.
«Le patriarcat se porte à merveille chez Adoc Nettoyages!» C’est par ces mots qu’Unia résume les conditions de travail dans l’entreprise sise à Neuchâtel. A l’origine de cette condamnation, les témoignages recueillis par le syndicat de deux employées agressées, à aucun moment soutenues par leur direction, permettent de visibiliser un problème systémique. «J’aimais mon travail, mais tout a changé au moment où mon collègue a touché mon corps sans que je sois d’accord. Ça m’a mise très mal à l’aise et j’ai eu peur. (…) Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas si je devais continuer sans en parler ou risquer de perdre mon travail en osant le dire à quelqu’un.» Une autre raconte le harcèlement sexuel subi, victime elle aussi d’attouchements par la même personne. «Je n’ai pas pu l’éviter. Je me suis sentie humiliée, mais surtout en insécurité. Chaque fois que je devais retourner au travail, je me rappelais ce geste qui n’était pas acceptable.» Ces deux personnes ont lancé des procédures individuelles auprès du Tribunal des prud’hommes contre leur employeur. Ainsi qu'une plainte au niveau pénal.
La direction réfute
Le 18 septembre, devant l’entreprise, Unia Neuchâtel, accompagné par des membres du collectif neuchâtelois de la Grève féministe, a dénoncé publiquement l’entreprise, car la direction a préféré protéger l’auteur des violences plutôt que les femmes victimes. «Malgré les nombreuses tentatives de discussions, la direction s’est contentée de nier, minimiser et détourner les faits initiaux. Plutôt que de prendre ses responsabilités, l’entreprise a préféré accuser lesdites femmes de tous les maux», s’insurge le syndicat dans un communiqué. Pire: «La directrice d’Adoc a diminué les heures de travail de l’une et rompu sa promesse de contrat fixe pour l’autre, mettant cette dernière dans une situation particulièrement précaire au niveau de son permis de séjour», souligne Silvia Locatelli, secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel. Un troisième cas a été porté à la connaissance d’Unia, révélant une problématique généralisée dans l’entreprise. «Cela fait plusieurs années que des employées viennent se plaindre, mais ce n’était jamais allé aussi loin.»
La problématique dépasse cette entreprise. «Le secteur du nettoyage emploie beaucoup de femmes étrangères, avec des contrats précaires, et des situations personnelles fragiles: famille monoparentale, permis de travail provisoire... Les cadres sont généralement des hommes et les lieux sont souvent des espaces fermés (Adoc se trouve dans un sous-sol par exemple, ndlr). Autant d’éléments propices à l’exercice du pouvoir et à une hiérarchie forte. Ces problèmes systémiques irradient malheureusement toute la société. Heureusement, des employées commencent à dénoncer ce qu’elles subissent», précise Edy Zihlmann, responsable du secteur nettoyage d’Unia Neuchâtel. Comme l’ont scandé les secrétaires syndicaux et les militantes présentes, les employées ont droit au respect, à la protection et à la justice.
Une ligne téléphonique baptisée «Confiance» a été mise en place par la commission paritaire de la CCT romande du nettoyage. Elle offre écoute et conseils en cas de mobbing, de harcèlement, de stress, de discrimination, de dépression ou encore de conflit de travail: 0800 06 06 00 ou cppren.ch/hotlineconfiance
Pour les victimes de violences sexistes et sexuelles, le Service d’aide aux victimes de Neuchâtel répond également: 032 889 66 49