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Le PS au Conseil fédéral: un bilan très contrasté

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© KEYSTONE/Str

Le 7 décembre 1983, la majorité de droite du Parlement fédéral refuse d’élire au gouvernement la candidate proposée par le PS, Lilian Uchtenhagen (ici entourée de Walter Renschler et Helmut Hubacher). Le camouflet provoquera la convocation d’un congrès extraordinaire du parti.

Si la participation socialiste au gouvernement a eu des effets positifs pour l’électorat de gauche, elle est devenue problématique au fil du temps, surtout depuis la montée du néolibéralisme, comme le montre un ouvrage.

Le bilan de la participation socialiste au Conseil fédéral est pour le moins contrasté. Si, dans un premier temps, cette participation a eu des effets positifs pour l’électorat de gauche, elle est devenue problématique au fil du temps, surtout depuis la montée du néolibéralisme. C’est ce que démontre un ouvrage richement documenté et publié aux Editions Alphil par Hadrien Buclin, Vents contraires. Le Parti socialiste suisse face aux crises économiques et à l’essor du néolibéralisme (1973-1995). Spécialiste de l’histoire contemporaine, l’auteur est aussi député de Solidarités au Parlement vaudois.

Des avancées sociales à l’affrontement

Grâce à la participation socialiste au Conseil fédéral (un ministre sur sept de 1943 à 1953, deux de 1959 à nos jours), des avancées sociales non négligeables se mettent en place. C’est notamment le cas à l’occasion de plusieurs révisions de l’AVS, menées par le ministre socialiste Hans-Peter Tschudi. Au préalable, le PS avait dû donner des gages, comme le soutien à la Défense nationale et le refus de collaborer avec les communistes. Hadrien Buclin ajoute toutefois qu’à partir du milieu des années 1970, la principale force de gauche du pays rencontre toujours plus de difficultés: «Sur fond de crises économiques à répétition et d’essor des politiques néolibérales sur le plan international, le PS se heurte à des adversaires de moins en moins enclins à des compromis. Ce climat politique plus dur remet en cause la conquête graduelle des progrès sociaux visés par le parti dans la période d’après-guerre.» Cela entraînera une baisse du soutien des classes populaires.

On reste, malgré le camouflet de 1983

Ces difficultés toujours plus grandes à nouer des compromis conduisent des militants à remettre en cause la participation socialiste au Conseil fédéral. Ce débat atteindra une intensité inégalée en 1983-1984. En décembre 1983, la majorité du Parlement fédéral refuse d’élire au gouvernement Lilian Uchtenhagen, candidate proposée par le PS et clairement orientée à gauche, au profit d’Otto Stich, qui appartient à l’aile la plus conservatrice du parti. C’est un camouflet pour le PS, dont la direction décide d’organiser un congrès extraordinaire en février 1984. Après onze heures de débat, les congressistes décident de maintenir la présence socialiste au gouvernement par 773 voix contre 511 en faveur d’une politique d’opposition. Auparavant, l’aile gauche avait bénéficié du soutien du grand écrivain alémanique Max Frisch, celui-ci déclarant dans plusieurs médias que, si le PS ne quittait pas le Conseil fédéral, il en paierait le prix lors des prochaines élections. Cette affirmation prend tout son sens sur le long terme, dans la mesure où le score du PS au Conseil national est passé de 28% en 1943 (année d’entrée au Conseil fédéral) à 18% aujourd’hui. Evidemment, la présence minoritaire et inconditionnelle du PS au gouvernement n’est qu’un facteur parmi d’autres de cette évolution.

Les ministres contre le parti

Cette présence socialiste génère toujours plus de contradictions entre le PS et ses ministres. En 2022, c’est un conseiller fédéral PS qui a conduit, au nom du gouvernement, le relèvement de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Cette année, la ministre socialiste responsable des Affaires sociales s’est trouvée à quatre reprises sur une autre ligne que le PS sur des sujets de votation: 13e rente AVS, financement plus social de l’assurance maladie, projet de démantèlement du 2e pilier, financement des hôpitaux. A moyen terme, la multiplication de telles situations pourrait bien porter préjudice au PS. 

Après onze heures de débat, les congressistes décident de maintenir la présence socialiste au gouvernement par 773 voix contre 511 en faveur d’une politique d’opposition.

En France, les tontons flingueurs de la gauche

En France, mais aussi ailleurs, l’extrême droite progresse à la vitesse grand V. A gauche toutefois, peu de gens mesurent la gravité de la situation. Telle est la thèse de Philippe Corcuff et Philippe Marlière, politologues mais aussi militants de gauche, dans un ouvrage au titre provocateur, Les Tontons flingueurs de la gauche (Editions Textuel, 2024). Leur propos prend la forme de lettres ouvertes adressées à six figures politiques qui portent la responsabilité de la montée de l’extrême droite et de la décrue de la gauche. Ils reprochent un bilan «globalement négatif» à François Hollande, son autoritarisme à Jean-Luc Mélenchon, ses dérapages sécuritaires et identitaires à Fabien Roussel, secrétaire général du PCF, et son manque d’ouverture au monde à François Ruffin. Ils accusent Emmanuel Macron d’avoir servi de marchepied au Rassemblement national et critiquent la dérive ultraconservatrice de l’ex-anarchiste Michel Onfray. En conclusion, les deux auteurs estiment que la gauche doit bâtir un «nouvel imaginaire de l’émancipation», qui permettrait de recréer des repères éthiques, affectifs et politiques. 

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