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Climat propice

Biodiversité sur le déclin. Bétonnage et goudronnage à tout va. La détérioration de la nature comme l’enlaidissement des paysages se poursuivent. Non sans que des organisations environnementales ne tentent une nouvelle fois d’enrayer le phénomène. Après le refus dans les urnes du projet lancé par les Jeunes Verts sur le mitage du territoire, Pro Natura, Birdlife Suisse, Patrimoine suisse et la Fondation suisse pour la protection de l’aménagement du paysage remontent au créneau via le lancement d’une double initiative. La première milite pour la protection du paysage. A raison. Le bétonnage de zones pourtant interdites à la construction continue. Avec, dénoncent les auteurs des textes, l’édification chaque année de plusieurs centaines de nouveaux bâtiments, entre halles industrielles, artisanales et annexes de fermes – pas moins de 2000 l’an dernier dont 400 logements. La faute à une loi trop permissive ouvrant large la porte aux exceptions. Des règles privilégiant clairement l’économie et les intérêts égoïstes d’investisseurs et de constructeurs au détriment d’espaces verts.

Le second texte plaide pour la sauvegarde et le renforcement de la biodiversité. Revendication pour le moins fondée. Selon le rapport 2017 de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la Suisse figure parmi les cancres en la matière. Un tiers des mammifères et des oiseaux du pays sont classés vulnérables ou en danger d’extinction. Mêmes risques pour quatre espèces de reptiles sur cinq, deux tiers des batraciens ou encore un quart des poissons. Empiètement toujours plus large sur leur habitat et changement climatique expliquent cet anéantissement programmé sans réaction urgente. En à peine plus d’un siècle, 82% des zones humides ont disparu. Seuls 6,2% du territoire est protégé au niveau national. Et l’OCDE de qualifier l’état global de la biodiversité dans nos frontières de médiocre. De quoi largement écorner l’image d’une Suisse bucolique occultant, derrière des paysages de carte postale faussée, une nature subissant de plein fouet les atteintes humaines. Entre destruction de surfaces qui lui étaient consacrées et diminution drastique de la faune et de la flore. Alors que la FAO dénonçait aussi, fin février, les risques de pénurie alimentaire directement liée à la perte sévère de la biodiversité. Et d’inciter les gouvernements à prendre le problème à bras-le-corps, sans plus attendre. La Suisse ne saurait s’y soustraire.

Rien d’étonnant, dans ce contexte, de voir les associations tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme avec cette double initiative pour chacune desquelles elles devront récolter 100000 signatures d’ici à septembre 2020. Un projet exigeant d’une part des prescriptions claires dans les zones censées rester vierges de constructions et, partant, leur verrouillage dans les faits; d’autre part, une préservation urgente de la variété des espèces et des écosystèmes avec l’octroi de territoires dans ce sens et les moyens financiers qui vont avec.

A l’heure où les questions environnementales alimentent au quotidien ou presque le débat public, où les grèves estudiantines se poursuivent sans faiblir – un prochain rassemblement aura lieu le 6 avril –, où les Verts gagnent du terrain, le lancement de ces nouvelles initiatives prennent plus que jamais du sens. Misons dès lors sur un climat propice à une prise de conscience plus radicale...