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Appel à une «grève des loyers»

Parti de Genève, un mouvement réclame l’exonération des loyers, un moratoire sur les expulsions et la réquisition des bâtiments vides

Si depuis le début de cette crise, de nombreux organismes publics et privés ont annoncé des rétrocessions sur la location des surfaces commerciales, on n’a toutefois pas vu jusqu’ici beaucoup de ristournes pour les locataires d’appartements. On imagine pourtant que bien des travailleurs indépendants ou payés à l’heure, des salariés en réduction d’horaire ou des chômeurs sont gênés aux entournures à l’heure de régler leur loyer.

«Pas de revenu, pas de loyer»: rappelant que le secteur immobilier «a accumulé des milliards sur le dos des locataires ces vingt dernières années», un collectif genevois a publié fin avril un manifeste pour une «grève des loyers» revendiquant une exonération des loyers et des charges, un moratoire du Conseil d’Etat sur les expulsions locatives et de squats, ainsi que la réquisition des hôtels et des bâtiments vides. «Près de 340000 m2 de surfaces commerciales sont actuellement laissées vides à Genève alors que des centaines de personnes vivent dans la rue», justifie le texte sur ce dernier point. Le manifeste invite les personnes qui subissent une diminution de revenu à suspendre le paiement de leur loyer et les autres à «retenir le paiement du loyer de mai par solidarité avec les plus précaires». «La grève des loyers est avant tout un acte de solidarité envers ceux qui n’auront pas les moyens de les verser et qui pourront voir leur bail résilié si ces revendications n’aboutissent pas», souligne le collectif sur son site, greveloyers.ch, sur lequel une foire aux questions (FAQ) détaille la procédure pour envoyer à son bailleur une lettre-type et consigner son loyer, non sans faire l’impasse sur les risques encourus. En Suisse, les locataires s’exposent en effet à une résiliation 30 jours seulement après l’échéance du délai de paiement. Mais la grève collective des loyers a justement pour objectif de créer un rapport de force avec les propriétaires et les autorités. La FAQ est aussi utile dans différents cas de figure qui se présentent aux locataires.

Comment faire tourner l’info? 

Si une vingtaine d’organisations ont apporté leur soutien de principe à cette démarche politique, dont Unia Genève, l’appel n’a encore rencontré que peu d’écho. Un groupe s’est formé dans le canton de Vaud et un autre en Suisse alémanique, où le site mietstreik.ch comptabilise, au plan national, les «menaces de recours à la grève des loyers» envoyées aux propriétaires via des formulaires électroniques. La semaine dernière, elles étaient un peu plus de 800.

Militante du collectif genevois, Elisabeth* explique cet échec relatif par les circonstances propres à l’épidémie, au confinement et aux mesures de distanciation: «Comment faire circuler l’information? Nous ne communiquons que par les réseaux sociaux et il est difficile de faire sortir des informations militantes en dehors de ces cercles un peu fermés. Nous ne pouvons pas organiser de conférences ni distribuer des tracts et même les affichages sont compliqués. L’idée était que les gens s’organisent dans leur immeuble, mais il n’y a malheureusement plus beaucoup de communication entre voisins.»

Elisabeth espère malgré tout que l’initiative fera tache d’huile. «Nous avons réalisé un travail impressionnant, la rédaction de textes et la publication d’un site web, en très peu de temps avec une coordination remarquable. Nous avons maintenant besoin que tout le monde se mette ensemble, de pouvoir nous appuyer sur une organisation solide et la confiance entre voisins.»

Des appels à des grèves de loyers ont aussi été promus dans d’autres pays. En Espagne, le gouvernement a décidé de suspendre les expulsions et de baisser certains loyers, mais ces mesures ont été jugées insuffisantes par plus de 200 organisations qui ont lancé en avril un mouvement de cessation de paiement. A New York, une grève organisée était suivie au début du mois par 15000 résidents d’une cinquantaine d’immeubles.

*Prénom d'emprunt.

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