Agir pour les générations futures
Coprésidente des Grands-parents pour le climat Laurence Martin refuse l'immobilisme
Pour Laurence Martin, 72 ans, mariée, maman de trois garçons et grand-maman de huit petits-enfants âgés de 7 mois à 16 ans, s'engager dans cette cause était une évidence. Si, jusqu'ici, elle ne s'était jamais impliquée spécifiquement pour l'environnement, elle a toujours été sensible à l'écologie et toujours été très active dans le milieu associatif. Quand elle arrive sur les terres vaudoises pour rejoindre son mari, cette Parisienne d'origine tombe directement sous le charme du système suisse et de la démocratie participative. Mariée à 21 ans, elle attendra son premier fils en Amazonie trois ans plus tard. Après des études de langues, elle met sa carrière de côté pour s'occuper de sa famille et s'investir dans le milieu associatif. Petit à petit, elle deviendra présidente de l'Association des parents d'élèves ou encore secrétaire exécutive de Pro Familia Vaud. Laurence Martin participera également à l'écriture de la Constitution vaudoise de 2003, mais ne continuera pas dans cette voie. «Je n'ai pas la fibre politique!»
Au fil des voyages
Ses expériences à l'étranger seront une première sensibilisation aux problématiques environnementales. «Peu de temps après notre mariage, nous avions envie de partir, raconte Laurence Martin. Comme mon mari était médecin, il a trouvé un poste dans un hôpital de brousse en Amazonie péruvienne. C'était une expérience humaine magnifique. Nous y sommes allés pour aider les gens, mais en réalité, ce sont eux qui nous ont enrichis.» Ils se rendront ensuite en Inde, au Cameroun mais aussi aux Etats-Unis. «Pendant toutes ces années à l'étranger, j'ai fait des traductions, du bénévolat, je m'occupais des enfants et surtout je me passionnais pour le pays dans lequel j'étais.» Aujourd'hui, Laurence Martin ne ressent plus le besoin de voyager, sauf pour visiter ses enfants qui habitent tous loin. «Après avoir vécu des expériences aussi riches, je ne peux plus me contenter de passer dans des pays, même si les paysages sont beaux... Et puis c'est aussi une façon de réduire mon empreinte carbone», relève-t-elle. L'évasion, elle la trouve dans la méditation. «Je me suis passionnée pour les philosophies orientales. Une fois rentrée en Suisse, je n'avais pas envie de devenir prof de langues. Une amie m'a fait découvrir le yoga, et ça a été le coup de foudre. Je l'ai enseigné pendant 20 ans, de 1980 à 2000. Et entre deux, je me suis mise à la méditation. C'est ma façon à moi de me ressourcer, encore aujourd'hui...»
L'altruisme a du bon
Le vrai déclic sur l'environnement ne se fera pas forcément en devenant grand-mère. C'est un condensé de plusieurs choses. «J'ai pris conscience de l'accélération du réchauffement climatique et de l'engrenage très grave dans lequel nous étions. Quand on est vieux, on pense à sa mort, mais on pense aussi à ceux qui vont rester. On ne peut pas foutre le camp sans essayer de réparer les dégâts auxquels nous avons contribué. Ce n'est pas supportable pour moi. Et à notre âge, comme certains préfèrent se voiler la face, notre mission est de sensibiliser notre génération. Tout le monde doit s'y mettre!»
Pour ce faire, le jeune mouvement des «Grands-parents pour le climat», qui fait partie de l'Alliance climatique Suisse, s'essaie à plusieurs petites choses: nettoyage des rives du lac, manifestations, théâtre de rue ou encore présence dans les festivals tels que Alternatiba où il propose une conférence de sensibilisation baptisée «Les grands-parents, dépassés par les enjeux du climat?». L'association s'engage également sur la question du désinvestissement des caisses de pension suisses dans les énergies fossiles. D'autres idées foisonnent, comme les contacts internationaux entre associations analogues, la mise sur pied d'activités intergénérationnelles collectives ou encore la constitution d'une coopérative solaire.
«Nous sommes lucides sur notre pouvoir d'action. Nous ne sommes pas encore très connus et pour faire le poids auprès des politiciens, il faudrait que nous renforcions nos troupes.»
Pour Laurence Martin, s'engager est une question de «survie morale»: «En s'impliquant, on se fait du bien, cela nous ouvre vers le futur et nous permet d'appréhender la vieillesse autrement.»
Manon Todesco
www.gpclimat.ch/fr