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Agir contre la pauvreté: une nécessité!

Officiellement, le taux de pauvreté en Suisse est de 7,5%. En 2014, il était de 6,7%. 615000 personnes, dont 108000 enfants, vivent dans le dénuement. Parmi elles, 140000 travailleurs pauvres, soit près de 3% des salariés. A cette population, s’ajoutent encore quelque 600000 personnes vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté. Au total, près de 14% des habitants du pays se trouvent dans une situation de grande précarité. Une honte pour la Suisse…

Vendredi passé, le président de la Confédération Alain Berset a ouvert la Conférence nationale contre la pauvreté à Berne. Cette conférence devait tirer le bilan du Programme national de prévention et de lutte contre ce fléau lancé en 2014 et réunissant gouvernement, cantons, communes et divers partenaires. Selon le conseiller fédéral, le programme, doté de 9 millions de francs pour 5 ans, a permis de progresser dans la bonne direction, même si, a-t-il estimé, tous les objectifs n’ont pas été atteints et que la pauvreté «est inacceptable en Suisse, pays économiquement fort, avec un taux de chômage bas, un système d’éducation et de santé ouvert». Alain Berset a également rappelé l’importance des assurances sociales pour combattre la pauvreté: «Sans les prestations sociales, il y aurait aujourd’hui quatre à cinq fois plus de personnes touchées en Suisse». Soit, si l’on fait le calcul, un bon tiers de la population. Reste que depuis une douzaine d’années, comme l’avait dénoncé en 2016 Caritas et d’autres associations, l’Etat se désengage de plus en plus de l’aide sociale en raison des programmes d’austérité.

Un désengagement toujours actuel puisque même le nouveau Programme de lutte contre la pauvreté sera raboté: son budget passera de 9 à 2,5 millions pour cinq ans, soit 500000 francs par année. Et ce alors que les besoins en matière de formation, d’intégration sociale et professionnelle et d’amélioration des conditions de vie, domaines prioritaires du programme, sont énormes.

Face à la hausse de la pauvreté, touchant plus particulièrement les familles monoparentales, les personnes en fin de droit, les plus de 50 ans, les travailleurs dont les salaires ne suivent plus l’évolution du loyer ou des assurances, ou encore les personnes âgées, dont beaucoup de femmes touchant des retraites de misère, des mesures urgentes devraient être prises par la Confédération. Donner 2,5 millions à un programme de prévention et de lutte contre la pauvreté est un bien maigre apport alors que le Parlement est en train de démanteler les Prestations complémentaires, prévues justement pour aider les retraités et les personnes à l’AI à joindre les deux bouts. Et alors que ce même Parlement va débattre dès aujourd’hui d’un cadeau fiscal offert aux plus riches, grâce à la nouvelle réforme de l’imposition des entreprises. Et là, on ne parle pas de 2 millions mais bien de 1000 fois plus: 2 milliards de francs qui manqueront aux caisses de l’Etat, donnant un coup d’accélérateur à la spirale de l’austérité et, à terme, à la généralisation de la précarité…

Et si, en lieu et place de cadeaux fiscaux renforçant le fossé social, on parlait de hausse des salaires et de respect de l’égalité salariale entre hommes et femmes? Un grand pas serait franchi dans la lutte contre la pauvreté!