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Vivre en cabine

Un routier mange son repas installé sur les flancs de son véhicule.
©Fabian Biasio/Initiative des Alpes

Des repas cuisinés et avalés par les chauffeurs sur les flancs de leur imposant véhicule.

La Médiathèque de Martigny présente, jusqu’au 27 avril, une enquête multimédia sur les conditions de vie des routiers. Entre précarité et solitude

Salaires de misère, stress, difficulté d’accéder à des sanitaires gratuits et propres, solitude, épuisement... Les journalistes Susan Boos (textes) et Fabian Biasio (vidéos et photos) présentent à la Médiathèque de Martigny un reportage multimédia poignant sur les terribles conditions de vie des routiers, provenant essentiellement de pays de l’Est. Intitulée «Vivre en cabine», cette enquête, commanditée par l’association Initiative des Alpes, relate le quotidien de ces chauffeurs qui sillonnent l’Europe. Des hommes passant leur vie à des milliers de kilomètres de leur foyer, confinés jour et nuit dans leur véhicule. Des travailleurs parfois contraints de se laver avec des bouteilles d’eau remplies sur des aires d’autoroute, pique-niquant sur le bitume, emportant des vivres de leur maison pour économiser. Dans l’impossibilité de s’offrir une chambre ou un repas normal. Trop pauvres pour s’approvisionner chez nous, avec des rémunérations mensuelles qui n’atteignent même pas les 1000 euros pour certains...

Travail de terrain

«Vous voulez faire l’expérience d’une vie en cabine? Alors, enfermez-vous dans votre salle de bain et travaillez-y pendant une journée. Puis passez-y encore votre temps libre et vos nuits. Cuisinez vos repas sur un réchaud à gaz devant la porte de votre salle de bain. Puis continuez cette vie sur plusieurs semaines et vous aurez l’idée de ce qu’est la vie en cabine», relate l’un deux. «C’est évident, les conducteurs ne consomment rien (dans les restauroutes, ndlr). Non qu’ils ne veuillent pas mais parce qu’ils ne peuvent s’offrir aucun des menus», note un routier. Des propos rapportés par les reporters qui ont mené l’enquête, donnant la parole à ces chauffeurs rencontrés sur des parkings, des aires de repos et de ravitaillement ou acceptant de les emmener le temps d’un voyage à bord de leur véhicule. Un travail de terrain poignant émaillé de textes, de séquences vidéo et de photos, qui intègre également la question des contrôles, du temps de travail et des pauses, le point de vue d’un agent de transport ou encore le témoignage d’une épouse chargée de s’occuper seule de la famille en l’absence de son mari routier. Sans oublier les problèmes d’alcoolisme que rencontrent certains conducteurs.

Encore loin du compte

En commandant ce reportage, Initiative des Alpes a souhaité sensibiliser le public à la précarité des routiers, tout en mettant en lumière les raisons pour lesquelles le transfert du fret de la route aux rails reste à la traîne - entre prix cassés et concurrence déloyale -, voire impossible à ce stade. Avec, pour conséquence, un trafic transalpin toujours dense. L’an dernier, 941000 camions ont franchi les Alpes suisses. Rien que pour les cols du Simplon et du Grand-Saint-Bernard, les chiffres se sont respectivement élevés à 86000 et à 34000. «Les entreprises occidentales de transport ont largement délocalisé leur activité à l’Est. Relativement récent, ce phénomène ne cesse d’augmenter. Les 70% des camions sont en transit, dont un tiers est immatriculé en Roumanie, Pologne ou Slovaquie», précise Isabelle Pasquier, coordinatrice romande de l’association Initiative des Alpes, dénonçant avec force le dumping salarial et social prévalant dans le secteur. Et des coûts tellement bon marché qu’ils nuisent à un recours plus large au réseau ferroviaire pour le transport des marchandises. «Pour que le transfert de la route au rail soit effectif, les conditions de travail doivent être équivalentes», tonne Isabelle Pasquier revendiquant davantage de contrôles portant non seulement sur l’état technique des poids lourds mais intégrant aussi la problématique de la sous-enchère.

Rappelons que le peuple suisse s’est prononcé, le 20 février 1994, en faveur d’une limitation à 650000 poids lourds transitant dans nos frontières. Si des progrès ont été réalisés, on se trouve encore loin du compte.

Médiathèque du Valais, avenue de la Gare 15, Martigny. Ouverture du lundi au samedi, de 13h à 18h.

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