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Unia se mobilise contre l'austérité en Europe

Dans le cadre de la journée européenne d'action et de solidarité, la section genevoise a organisé plusieurs rassemblements

En soutien avec les peuples européens durement touchés par la crise et les mesures d'austérité, Unia Genève a organisé diverses actions le 14 novembre dernier, dont des piquets syndicaux devant les consulats grec, espagnol, portugais et italien. Ailleurs en Europe, des grèves générales et des manifestations ont été massivement suivies.

«Pour l'emploi et la solidarité en Europe. Non à l'austérité!» Tel était le slogan de la journée européenne d'action et de soutien du 14 novembre organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES). A cette occasion, Unia Genève s'est mobilisé pour dénoncer les politiques d'austérité imposées par les gouvernements, accusées de creuser les inégalités sociales.
Un premier rassemblement a été convoqué dès 9h30 sur la place Bel-Air à Genève, dans le quartier symbolique des banques, rassemblant quelques dizaines de personnes. Sur un fond de musique punk, les syndicalistes ont d'abord distribué des tracts aux pendulaires. Plusieurs prises de parole ont suivi. Les syndicats genevois SIT et Syna étaient eux aussi présents, tout comme Industri'All, la fédération syndicale mondiale de l'industrie. Parmi les militants, les employés du consulat portugais, en grève ce jour-là, ont répondu à l'appel, à l'image de quelque «Merck Serono».

«Sauver le modèle social européen»
Umberto Bandiera, secrétaire syndical à Unia Genève et organisateur de cette journée, a rappelé l'importance d'être visible dans ce genre de manifestation internationale. «Nous devons montrer notre solidarité et appeler à résister pour sauver le modèle social européen.» Selon Alessandro Pelizzari, responsable de la région du bout du lac, la crise est un prétexte pour démanteler la sécurité des travailleurs, mais aussi affaiblir les libertés syndicales en Europe, y compris en Suisse. «Aujourd'hui, nos piquets de solidarité sont également des piquets de résistance car la Suisse subit aussi des attaques, notamment à travers des licenciements massifs d'entreprises qui réalisent des centaines de millions de francs de bénéfice, comme c'est le cas pour Merck Serono, Lonza ou UBS.»
Carla Da Rocha, présidente de l'Association de parents d'élèves et d'éducateurs portugais à Genève, appelle de son côté à l'élaboration d'un vrai projet d'avenir pour chaque pays. «Ces coupes sont un manque de respect, une attaque envers chaque citoyen.»
Enfin, la question préoccupante des jeunes en Europe a été soulevée. «Les conditions de vie des jeunes Européens se dégradent, a déploré Magnus Meister, militant au sein du groupe des jeunes d'Unia. Il faut construire un rapport de force à l'échelle internationale si nous ne voulons pas être une génération sacrifiée.»
Dans un second temps, les représentants syndicaux se sont séparés afin de se rendre devant les consulats du Portugal, d'Italie, de Grèce et d'Espagne. «Nous avons demandé à être reçus pour un entretien avec les quatre consuls, explique Umberto Bandiera. Seuls les consulats portugais et italien ont répondu positivement à notre requête. Cela montre l'attitude antisociale de certains gouvernements...»

Soutien aux Portugais d'ici et de là-bas
L'Evénement syndical a assisté au regroupement devant le consulat du Portugal, au Grand-Saconnex. Une trentaine de personnes avaient fait le déplacement, essentiellement des personnes issues de la communauté portugaise. «C'est important pour moi d'être là, dans un premier temps pour soutenir mon pays en grève, mais aussi pour que les travailleurs du consulat et les professeurs soient payés en adéquation avec le niveau de vie genevois», indique Carla Da Rocha, aussi membre du groupe migration d'Unia. En effet, il faut savoir que les fonctionnaires consulaires ainsi que les professeurs de portugais qui vivent dans la Cité de Calvin touchent un salaire en euro payé par le gouvernement portugais. «Certains profs doivent vivre avec 2000 francs par mois.» Les employés du consulat ont, eux, enregistré depuis 2008 une perte de salaire de 50%, expliquée par le taux de change en leur défaveur mais aussi la hausse des impôts et l'amputation de 10% de leur salaire depuis 2010 dans le cadre des mesures d'austérité imposées. «Nous avons fait cinq semaines de grève l'an dernier à ce sujet, et nous n'avons toujours aucune réponse du gouvernement, s'indigne Ana Maria Cruz, employée au consulat à Genève et représentante du syndicat portugais des fonctionnaires consulaires. Certains de mes collègues n'arrivent même pas aux 3000 francs mensuels. Comment font-ils pour vivre ici?»
Miguel Limpo, député Vert au Grand Conseil, parle de double lutte. «Etant moi-même d'origine portugaise, j'éprouve la nécessité d'être solidaire avec le Portugal et je pense aussi à la population ici qui subit des restrictions intolérables. Il faut dire stop à cette austérité!»
L'Association 25 avril, en rapport avec la date de la révolution des œillets qui a eu lieu en 1974 au Portugal, était aussi présente. «Au-delà de la dimension européenne, le Portugal vit les mesures d'austérité les plus graves et les plus contraignantes depuis 74, précise Marisa Pereira, sa présidente. Il faut être solidaire avec nos compatriotes en grève et avec tous ceux qui souffrent.»
Une délégation a pu rencontrer le consul à qui elle a remis une lettre faisant part de ses préoccupations par rapport aux coupes budgétaires et à la situation des Portugais en Suisse. «Il nous a promis d'envoyer la lettre au chef du gouvernement le plus vite possible», rapporte José Sebastiao, du syndicat Unia.
Simultanément à Berne, où les syndicats étaient aussi mobilisés pour l'occasion, une lettre de protestation a été remise à la délégation de l'Union européenne en Suisse.


Manon Todesco



L'Europe dit massivement non à la rigueur

Le 14 novembre a été une journée historique dans le sud de l'Europe. Des mobilisations massives ont eu lieu en Espagne et au Portugal, mais aussi en Italie, en Grèce, à Chypre et à Malte où les syndicats ont appelé à la grève générale. Des millions de personnes ont débrayé et sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère face aux plans de rigueur qui leur sont successivement imposés. Ils étaient près de 77% à suivre la grève en Espagne selon les syndicats. Au Portugal, la troisième grève générale depuis le début de l'année a connu un fort succès. Et en Grèce, bien que la dernière grève générale datait de la semaine précédente, le licenciement annoncé de 25000 fonctionnaires a mobilisé près de la moitié des travailleurs. Hausse de la TVA, coupes budgétaires dans les services publics, expulsions, hausse des impôts et licenciements massifs, un tas de raisons qui justifient le ras-le-bol général de la population, qui refuse de payer la crise bancaire et financière. En parallèle, une vingtaine de pays européens ont organisé des actions de protestation et de soutien à l'appel de la CES, notamment en France, où 130 manifestations ont été recensées, et en Belgique, où des cortèges ont défilé devant les ambassades et la Commission européenne à qui les syndicats ont remis un «Prix Nobel de l'austérité».
MT