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Unia dénonce un cas de dumping salarial aux HUG

Hébergée par l'hôpital et financée par des fonds publics, la fondation HON ne respecte pas la grille salariale de l'Etat

Bien que bardés de diplômes universitaires, les collaborateurs de la fondation Health on the net, souvent expatriés, sont rarement payés au-dessus de 3500 francs par mois. Outre la sous-enchère salariale, des irrégularités dans le paiement des assurances sociales ont été décelées par les employés dont six d'entre eux ont été licenciés. Lors d'une action de protestation le 24 avril, le syndicat a exigé la réintégration du personnel et l'application de la grille salariale de l'Etat pour le personnel de la fondation.

Le 24 avril, Unia a organisé un piquet de protestation devant les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) pour informer les travailleurs d'un cas de sous-enchère salariale décelé dans leurs locaux. La fondation visée, Health on the net (HON), qui embauche une vingtaine de personnes et dont la mission principale est la certification de sites internet en rapport avec la santé, est hébergée par les HUG et financée par des fonds publics régionaux et internationaux, notamment le canton de Genève. Affiliée à la caisse de pension CEH, la fondation est obligée de soumettre son personnel à la grille salariale de l'Etat, ce qu'elle ne fait pas selon Unia puisque la plupart de ses employés, pour la majorité de jeunes universitaires étrangers, sont souvent payés au-dessous de 3500 francs par mois. «La tactique de HON est d'engager des expatriés avec de bonnes qualifications qui, par manque de connaissances en français ou en législation suisse, n'oseront pas négocier leur contrat ou leur salaire, a déclaré un ancien collaborateur de la fondation, démissionnaire. Moi, en tant que Suisse, je gagnais 5000 francs par mois alors que ma collègue russe, diplômée d'un triple master, touchait 3500 francs pour le même travail.» Unia a aussi dénoncé le traitement réservé aux stagiaires. «HON embauche des universitaires en tant que stagiaires, parfois pendant plus d'un an, à partir de 1200 francs par mois pour faire le même travail que leurs collègues, pointe Joël Varone, secrétaire syndical. Ils ne sont ni formés, ni encadrés, ni suivis.»

Irrégularités dans les assurances sociales
Le dumping salarial n'est pas le seul manquement commis par la fondation. En fait, tout a commencé il y a six mois, lorsque des employés ont découvert des irrégularités concernant les assurances sociales. «On s'est rendu compte en étudiant les fiches de paie qu'au moins 13 employés n'étaient pas affiliés à la LPP alors qu'ils auraient dû l'être, raconte une employée qui a voulu rester anonyme. En fait, la majorité d'entre nous ne cotisait pas pour le second pilier.» David Andenmatten, délégué du Syndicat des services publics (SSP) aux HUG, confirme. «En 2011, il y avait 9 travailleurs de la HON affiliés à la CEH et 11 en 2012, même pas la moitié des effectifs. C'est une honte pour une structure subventionnée par l'Etat!»
Les employés ont ensuite demandé des explications à la direction mais le problème n'étant toujours pas résolu en mars dernier, certains ont décidé de contacter Unia. «A cela s'ajoutaient de nombreux autres problèmes: le mobbing, l'absence de dialogue avec la direction, les inégalités de traitement et de salaires entre les employés, les problèmes de management, la pression psychologique et j'en passe...» Mandaté par les travailleurs, Unia adresse un courrier à la directrice de la fondation le 15 mars pour fixer une rencontre. Le 21 mars, six employés, dont cinq basés à Genève, étaient licenciés pour motif économique. «Toutes les personnes qui ont poussé la porte du syndicat ont été licenciées», souligne une autre employée.

Réintégrer le personnel licencié
Aujourd'hui, Unia demande deux choses: que le personnel de HON soit soumis à la grille salariale de l'Etat et touche les arriérés de salaire, et que les collaborateurs licenciés soient réintégrés et la direction sanctionnée pour ses pratiques. La directrice exécutive refusant catégoriquement d'entrer en matière, Unia a décidé de faire pression directement sur le conseil de fondation de HON - dans lequel siègent d'éminents professeurs des HUG - et notamment sur sa présidente Edith Graf-Litscher, conseillère nationale socialiste et, au passage, secrétaire syndicale au SEV. Quelques heures à peine après l'action, cette dernière avait déjà réagi dans un communiqué: «J'ignorais que les salaires étaient aussi bas, écrit-elle. Je n'accepte pas cette situation et vais convoquer immédiatement une réunion extraordinaire du conseil de fondation.»
En parallèle, Unia prévoit de dénoncer officiellement HON auprès du Conseil de surveillance du marché de l'emploi pour que ce dernier statue sur le cas de sous-enchère salariale. Enfin, le SSP, qui soutient cette lutte et qui est représenté à la CEH ainsi qu'au conseil d'administration des HUG, interpellera ces derniers sur le dumping social pratiqué en toute impunité dans leurs propres locaux. 


Manon Todesco