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Un vote crucial pour les vendeuses!

A Fribourg, les syndicats et la gauche se mobilisent contre la prolongation des ouvertures des magasins le samedi

Les syndicats et partis de gauche du canton de Fribourg appellent à voter massivement non le 27 septembre à la prolongation de l'horaire des magasins le samedi jusqu'à 17h. Les conditions de travail ainsi que la vie sociale et familiale du personnel sont en jeu. Les syndicats réclament toujours une véritable convention collective de la vente.

«Toute extension des horaires des magasins représente un recul des conditions de travail des vendeuses et des vendeurs!» Armand Jaquier, secrétaire régional d'Unia Fribourg, est à nouveau au front pour inciter la population du canton à réaffirmer sa position - déjà maintes fois exprimée - contre la prolongation des heures d'ouverture des commerces. Le 27 septembre prochain, les Fribourgeois sont appelés à voter sur l'allongement de l'ouverture du samedi de 16h à 17h, cela en échange de la fermeture à 20h au lieu de 21h le soir de la nocturne hebdomadaire. Cet élargissement des horaires du samedi avait été combattu par les syndicats l'automne dernier avec un référendum qui avait recueilli un nombre record de signatures.
Pour le comité des opposants, composé des syndicats Unia et Syna, de l'Union syndicale fribourgeoise, du Parti socialiste et du Mouvement pour le socialisme, il est hors de question d'accepter l'extension de l'ouverture des magasins le samedi. Le travail dans la vente est déjà très difficile, avec des horaires irréguliers, des journées fractionnées comprenant parfois des pauses de 3 ou 4 heures pour être là aux heures de pointe, l'augmentation du travail sur appel, le tout pour des salaires extrêmement bas. La vie sociale et familiale des vendeurs est aussi mise en péril par cette prolongation qui ampute davantage leur soirée du samedi. Et ce n'est pas la fermeture une heure plus tôt le soir de la nocturne qui compensera cela. Le travail du samedi touche en effet la grande majorité du personnel alors que durant la nocturne seules des équipes réduites de moitié sont en fonction. De plus, vu le peu d'engouement des clients pour ces nocturnes, certains commerces ferment déjà à 20h au lieu de 21h.

Réglementation nécessaire
«L'extension du samedi permettra un fractionnement encore plus grand des journées de travail. Et il n'existe rien pour compenser et réglementer cela», s'indigne Armand Jaquier qui rappelle que le syndicat se bat depuis des années pour une convention collective de travail comprenant une réglementation acceptable du temps de travail ainsi que des salaires permettant de vivre, ce qui n'est pas le cas actuellement. Le salaire médian d'une vendeuse fribourgeoise - soit le salaire moyen y compris les vacances et le 13e lorsqu'il existe - est de 3585 francs brut pour une femme sans qualification et de 3850 francs pour une femme ayant un CFC. Le salaire médian, hommes et femmes confondus, s'élève respectivement à 3617 francs et 4078 francs...

La CCT en rade
En octobre 2008, l'Association des grands magasins et distributeurs fribourgeois (AGDF) rompait les négociations sur la CCT. Depuis, tout est bloqué. En décembre, le conseiller d'Etat socialiste Erwin Jutzet était intervenu en médiateur, indiquant que sans accord, le gouvernement imposerait un contrat type de travail. Il a rencontré par deux fois patrons et syndicats, puis les parties séparément. Depuis la dernière rencontre, en février, plus rien... Même pas de proposition de contrat type. L'Etat, comme les patrons, attendent l'issue de la votation du 27 septembre. «Les syndicats ne sont pas favorables à un contrat type, car il peut être dérogé en tout temps avec un contrat écrit. Ce que l'on veut, c'est une CCT avec un sérieux contenu», précise Armand Jaquier, qui espère un vote clair contre l'extension de l'horaire du samedi afin de pouvoir reprendre sereinement les négociations pour la CCT, malgré l'attitude des patrons qui semblent plus que jamais récalcitrants à l'idée de signer une telle convention.
Des patrons qui, dans certains magasins, prennent aussi en otage leur personnel par rapport à la votation du 27 septembre. Dans plusieurs enseignes, les vendeuses sont fortement invitées à distribuer de la propagande pour le oui à l'ouverture à 17h le samedi. «Les employeurs leur font vendre une idée qui va à l'encontre de leur propre conviction. Nous avons effectué de nombreux sondages et environ 90% du personnel de vente est opposé à toute extension des horaires. Cette pratique est une atteinte intolérable à la personnalité de ces vendeuses», s'offusque le syndicaliste.

Sylviane Herranz