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Un succès pour la dignité

Chez Pavatex à Fribourg le conflit s'est terminé avec l'acceptation sans enthousiasme d'un accord passé avec la direction

Les travailleurs de Pavatex à Fribourg s'étaient mis en grève le 11 novembre dernier pour imposer à la direction que des négociations en présence du syndicat puissent avoir lieu. La fermeture de l'usine pour la fin de l'année et le licenciement de 47 personnes leur avait été annoncés le 22 octobre. Le temps était compté. Après trois jours de grève, la direction a accepté la présence d'Unia. Les discussions ont abouti à un accord, entériné lundi par le personnel.

Le bras de fer s'est achevé lundi chez Pavatex à Fribourg, sur un accord permettant aux travailleurs de partir dans la dignité. Les 47 ouvriers licenciés pour cause de délocalisation de la production en France et à Zoug se sont battus jusqu'au bout pour trouver une solution acceptable. Et d'abord pour entamer le dialogue avec une direction inflexible et sourde à leur demande d'engager des négociations, tant pour étudier le maintien d'un certain nombre d'emplois dans l'usinage des produits que pour discuter d'un plan social à la hauteur des sacrifices faits par les ouvriers. Des sacrifices allant d'heures de travail à rallonge, la nuit, le week-end, à l'acceptation d'une baisse de leurs salaires de 4% à l'automne 2011, qu'ils soupçonnent d'avoir contribué à la construction de la nouvelle usine du groupe à Golbey en France, où sera délocalisée une partie de la production (voir L'ES du 5 novembre).
Pour les ouvriers de Pavatex, le temps était compté. C'est le 22 octobre qu'ils apprenaient la décision de la fermeture de leur usine d'ici à la fin de l'année. Après plusieurs assemblées du personnel et face au refus de la direction d'accepter le syndicat Unia comme interlocuteur - les travailleurs sont syndiqués à plus de 80% - et aux pressions et menaces inadmissibles à l'encontre des délégués du personnel, les salariés ont décidé le mardi 11 novembre d'entamer des mesures de lutte.

Production et livraisons bloquées
Dès cette datte, la production et les livraisons de produits ont été bloquées. La grève était lancée. Elle s'est déroulée avec un courage et une détermination sans faille, même lorsque la direction l'a proclamée illégale et a annoncé qu'elle ne paierait aucun salaire. Cette détermination a permis de la faire plier. Le jeudi soir, elle acceptait d'entamer des discussions en présence d'Unia. L'accord conclu dans ce sens sous l'égide du président du Conseil d'Etat fribourgeois, Beat Vonlanthen, était accepté par les grévistes le vendredi matin 14 novembre. Afin de permettre au dialogue de se dérouler dans un climat constructif, ils décidaient de suspendre leur grève et de remettre en route les machines le lundi 17 novembre.
Depuis, quatre séances ont eu lieu entre la direction, les délégués du personnel, Unia et des représentants de la Direction de l'économie et de l'emploi du canton de Fribourg. Elles ont abouti à un nouvel accord, accepté «sans enthousiasme», relève Unia, ce lundi 24 novembre par les ouvriers. Les mesures d'accompagnement à la fermeture du site étant bien en deçà de ce qui pouvait être attendu de la part du groupe Pavatex. Mais face aux propositions de départ de la direction, l'accord mettant fin au conflit présente quelques améliorations. La présence d'Unia a par exemple permis de faire bénéficier les salariés licenciés d'une partie du fonds de secours patronal, historiquement mis en place à Fribourg. Ce fonds permettra d'accorder des indemnités tenant compte de l'ancienneté. «Elles sont modestes, mais elles existent», précise Armand Jaquier, secrétaire régional d'Unia Fribourg. Des retraites anticipées seront aussi financées par ce fonds.

Une grève nécessaire
«Compte tenu de la situation initiale, nous saluons la détermination des travailleurs qui leur a permis d'avoir quelque chose sur la table, même si Pavatex pouvait faire mieux. C'est important dans un contexte où les travailleurs subissent quelque chose d'extrêmement violent et lourd de conséquences», ajoute le syndicaliste.
Armand Jaquier tire un bilan positif de la grève et du combat des travailleurs. « Cette lutte a permis d'améliorer les conditions de départ de manière sensible, mais a surtout permis aux salariés d'affirmer leur dignité et leurs droits, et d'être défendus de manière professionnelle par le syndicat. Nous regrettons qu'il ait fallu une grève pour obtenir cela... » 


Sylviane Herranz