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Ukraine: protéger les droits des travailleurs

hommes en débat
© IndustriAll

Echanges entre syndicalistes et participants à la rencontre. De gauche à droite, lors du débat: Valeriy Matov, président du Syndicat des travailleurs de l'énergie et l'industrie nucléaires, Mykhailo Volynets, président du Syndicat indépendant des mineurs NPGU et de la Confédération des syndicats indépendants d'Ukraine KVP, Kemal Özkan, secrétaire général d’IndustriAll, Alexander Bercht, du Syndicat allemand des mines de la chimie et de l’énergie IGBCE, et Felix Hett, représentant de la Fondation Friedrich Ebert en Ukraine.

Un rassemblement de syndicats, suivi d’une réunion tripartite avec le Gouvernement ukrainien, l’OIT et l’ONU, a révélé l’ampleur des violations des droits des travailleurs et permis d’exposer les revendications d’après-guerre

Quel genre de pays veut devenir l’Ukraine après la guerre? Comment et qui va financer la reconstruction? Comment imposer des critères sociaux aux investisseurs? De quelle manière les syndicats seront-ils associés aux discussions? Voilà, indique IndustriAll Global Union dans un récent communiqué, les questions qui ont été posées lors de deux journées de discussions consacrées à la thématique. Le 13 juillet dernier, des syndicats ukrainiens affiliés à IndustriAll Global Union et IndustriAll Europe, des représentants de l’Organisation international du travail (OIT), des Nations Unies, du gouvernement et des employeurs ukrainiens ont échangé sur l’ampleur des violations des droits des travailleurs et des travailleuses. Et exposé les revendications syndicales pour la reconstruction d’après-guerre. La veille de cette réunion tripartite, les organisations syndicales s’étaient déjà entretenues avec leurs centrales nationales, la Fédération des syndicats ukrainiens et la Confédération des syndicats indépendants.

Situation sanitaire et sécuritaire précaire

«Le peuple, les travailleurs et les syndicats d’Ukraine ont notre indéfectible soutien», a tenu à souligner, à l’ouverture de la rencontre, Kemal Özkan, secrétaire général d’IndustriAll, tout en insistant sur la nécessité, même en temps de guerre, de faire entendre la voix des salariés sur la scène internationale. Les participants ont ainsi pris connaissance «d’interventions émouvantes» d’organisations de travailleurs. «Des représentants syndicaux de secteurs tels que la mine, l’électronique et l’ingénierie, l’aéronautique, le pétrole, le gaz et la chimie ont décrit la réalité que vivent les travailleurs dans une Ukraine ravagée par la guerre, subissant quotidiennement les bombardements d’usines, le manque de personnel spécialisé et les arrêts de production.» La situation sanitaire et sécuritaire précaire dans les mines, avec du personnel œuvrant sans équipement de protection individuelle adéquat, a aussi été abordée. «A titre d’exemple, il arrive que les niveaux de poussière soient trois fois supérieurs aux maxima autorisés. Beaucoup de mines étant lourdement endettées, les cotisations sociales ne sont pas versées, rendant impossible tout départ à la retraite anticipée pour des mineurs qui travaillent dans des conditions périlleuses.» S’il est difficile d’obtenir des informations des régions occupées de Donetsk et Lougansk, des cas de personnes contraintes de prendre la nationalité russe, d’incorporer l’armée, de travail forcé de femmes et d’enfants à la mine ont été rapportés. Les deux représentants des Nations Unies, indique encore IndustriAll, ont noté l’importance de récolter des témoignages sur les violations des droits, au risque que l’oubli ne s’installe. «Nous parlons à des victimes et à des témoins, par téléphone ou en direct, pour faire la lumière sur ce qu’il se passe.»

Anticiper l’après-guerre

Casper Edmonds, chef d’équipe du secteur manufacturier, énergie et mines du Bureau international du travail a lui aussi abondé dans ce sens, plaidant pour la tenue d’un registre des faits se déroulant dans les zones temporairement contrôlées par la Fédération de Russie. Avec l’idée que des comptes puissent être réclamés aux auteurs de crimes, viols, non-respect de la sécurité sur les lieux de travail, de la liberté syndicale, etc. Les participants ont par ailleurs dénoncé les changements intervenus en mars 2022 dans la législation du travail, sapant les droits des employés. «Ces textes s’inscrivent dans la ligne de la prétendue réforme pour la libéralisation du marché du travail et de la déréglementation des relations du travail en Ukraine. Hélas, plutôt que d’améliorer le code du travail en vigueur, les décideurs ukrainiens suppriment la quasi-totalité des droits obtenus par les travailleurs.» Sur la question de la reconstruction, les participants ont précisé qu’elle ne consistait pas seulement à rebâtir des routes et des logements. «Elle doit aussi prendre en considération les pensions, le recyclage, l’apport d’une transition juste pour les travailleurs...» Dans ce contexte, les intervenants ont souligné la nécessité pour les syndicats de faire valoir leurs revendications afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la réédification du pays. «Il faut que les travailleurs soient au centre de la reconstruction du pays. Nous devons donner aux gens une raison de rentrer en Ukraine. Les salaires et la protection doivent être garantis», a conclu Kemal Özkan.

 

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