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TPG la grève ne s'arrête pas aux feux rouges

Aucun tram ni aucun bus ne sont sortis des dépôts des TPG mercredi. Les employés ont bravé toutes les menaces et pressions

Le Conseil d'Etat se refuse à compenser la diminution des recettes des Transports publics genevois (TPG) induite par la baisse des tarifs votée par le peuple. En cours d'examen au Grand Conseil, le nouveau contrat de prestations de la régie publique prévoit des dizaines de licenciements, des suppressions de postes et une réduction des prestations aux usagers. Le syndicat des transports SEV exige son retrait et l'ouverture de négociations.

Ce mercredi 19 novembre, Genève s'est réveillée sans transports publics. L'appel à une grève d'une journée lancé par le syndicat SEV a trouvé de l'écho auprès des travailleurs exaspérés des Transports publics genevois (TPG). En se croisant les bras, deux tiers des employés de la régie publique ont bravé les menaces de sanctions brandies par la direction, comme la réprobation des éditorialistes de la presse bourgeoise. Les grévistes n'ont pas craint non plus d'affronter le conseiller d'Etat en charge des transports, Luc Barthassat, qui avait menacé à la radio de faire appel à la police. Avec seulement un tiers d'employés déclarés non grévistes, des dépôts bloqués dès 3h du matin par des piquets de grève renforcés par les militants de gauche et des syndicats, les espoirs du magistrat PDC d'assurer un service minimum se sont envolés. Aucun des 428 trams et bus des TPG n'a roulé durant cette journée, seuls quelques véhicules circulant sur des lignes périphériques exploitées par des sous-traitants ont assuré un service. Les Genevois ont ainsi eu l'occasion de redécouvrir les vertus de la marche à pied.

Ras-le-bol général
Comment comprendre le succès de ce mouvement de grève? Le refus du nouveau contrat de prestations des TPG n'explique pas tout, les conducteurs étaient déjà chauffés à blanc, comme nous le confirme un groupe d'une dizaine de grévistes abordés devant le dépôt de la Jonction. «On en a vraiment ras-le-bol», confie l'un d'eux. «Les horaires sont poussés à bout, nous faisons 4 heures et 58 minutes de conduite par service. C'est un travail très pénible: au bout de 4 heures au volant, une personne normale a de la peine à se concentrer.» Un collègue abonde: «Moi, parfois, je reste 4 heures et demi sur mon siège, sans me lever! Si je me lève, je prends du retard que je ne peux rattraper.» Le pire, c'est les jours de neige, intervient un troisième: «On travaille 7 heures d'affilée et ce ne sont pas des heures faciles parce qu'on n'a pas de pneus neige.» Un autre: «Il y a plein de collègues qui font des burnout. Il y a aussi beaucoup plus d'accidents: en une semaine on en a connu deux graves. Et pour tout ça, nous ne sommes remerciés que par une boîte de chocolats en fin d'année...» Eclats de rire de l'assistance. «Depuis le lancement du nouveau réseau en 2011, les conditions de travail se sont dégradées», reprend notre premier interlocuteur. «Nous voulons retrouver le confort de conduite que nous connaissions avant.»

Solidarité d'Unia
Sur les piquets de grève, on retrouve également des permanents d'Unia. «Nous sommes là pour soutenir la lutte de nos camarades, c'est bien normal. Dans le passé, des grèves menées par Unia ont bénéficié de l'appui d'autres syndicats», explique Alessandro Pelizzari. «Alors que se déchaîne depuis plusieurs jours une campagne de haine antifrontaliers, il est aussi important d'appeler à la solidarité des salariés pour la défense du service public», ajoute le secrétaire régional d'Unia.

Une première étape
A la mi-journée, Valérie Solano, secrétaire syndicale du SEV, tirait un bilan extrêmement positif de la grève: «Nous avons réussi une démonstration de force.» Le Conseil d'Etat doit en effet considérer cette journée comme une grève d'avertissement. Réunis en assemblée générale en fin de journée, les grévistes ont voté une résolution exigeant du gouvernement le retrait du contrat de prestations d'ici au 28 novembre et l'ouverture de négociations. Si rien ne bouge d'ici là, des membres du SEV évoquaient déjà une «action plus importante» que celle du 19 novembre... laissant augurer que de la démonstration de force ils passeront à l'épreuve de force. «Ce n'est que la première étape», confirmait un tract diffusé par le SEV au lendemain de la grève. «Cette force que nous a donnée la grève doit nous porter jusqu'au retrait de ce contrat de prestations révoltant. Nous avons débuté un marathon, les pressions vont être inimaginables, les rumeurs et les fausses promesses légion, mais nous avons d'ores et déjà prouvé que cela ne nous fait pas peur. Unis nous serons capables de mener à bien notre lutte.»


Jérôme Béguin