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Tous unis contre la décision de Novartis

Retour sur une semaine forte en événements pour les employés du géant de la pharma et sur les actions syndicales et politiques

Employés, syndicat et autorités politiques ont parlé d'une même voix cette semaine contre la décision de Novartis de fermer le site de Prangins-Nyon, alors que les bénéfices de la multinationale atteignent quelque 10 milliards de dollars. Unia appelle la population à exprimer son soutien lors d'une manifestation à Nyon, ce samedi 12 novembre.

Mardi 1er novembre, la manifestation du personnel de Novartis a sûrement réveillé quelques morts. Ils étaient en effet plus de 200 employés à être venus à la rencontre des députés du Grand Conseil vaudois à Lausanne. Des travailleurs et des politiques ont ainsi posé ensemble pour une photo de famille inédite. Un symbole de cette lutte collective qui prend de l'ampleur contre Novartis qui a prévu la fermeture du site de Prangins-Nyon occupant 650 personnes. Une délégation bâloise était aussi présente pour rappeler que 760 emplois sont menacés sur leur site.

Des employés solidaires
«Nous avons donné le même signal qu'ici: nous ne voulons pas de licenciements», explique Jean-Marc König, président de la commission du personnel bâlois et vice-président de la branche chimie à Unia. Celui-ci précise que si Novartis parle de 760 suppressions d'emplois plein-temps, ce sont dans les faits «810 personnes qui seraient touchées, soit environ 20% des effectifs bâlois».
Solidarité donc entre Bâlois et Vaudois. Et solidarité surtout entre les employés de Prangins dont les statuts diffèrent, entre contrats collectifs et individuels.
Yves Defferrard s'est écrié devant le Palais de Rumine, siège du Grand Conseil: «Il n'y a pas de col bleu, ni de col blanc! Les employés sont tous unis comme l'a démontré l'assemblée générale d'hier!» En effet, les quelque 650 employés de Nyon se sont retrouvés lundi dans l'enceinte du site pour mandater les commissions du personnel et Unia pour négocier avec la direction de Novartis contre la fermeture du site et les licenciements.
Jacob Zijlstra, président de la toute nouvelle délégation des employés sous contrat individuel (créée une semaine avant l'annonce de licenciement collectif par Novartis) a relevé les risques pour l'avenir de l'industrie de la région. A ses côtés, le président de la délégation du personnel sous CCT, Celio Rodrigues, a présenté les différents articles pharmaceutiques créés sur le site de Prangins.

Soutiens politiques
Politiques et manifestants sont ensuite entrés dans le Palais de Rumine pour assister au débat sur la résolution présentée par le groupe socialiste au Grand Conseil visant à maintenir le site de Novartis à Nyon et les places de travail. Cette résolution a été votée à l'unanimité par 131 députés, moins une abstention d'un député UDC.
Une autre résolution de soutien avait été acceptée à l'unanimité le 29 octobre par les socialistes vaudois lors de leur congrès. Ils demandent également au Parti socialiste suisse de s'engager pour un changement dans le Code des obligations, afin d'interdire les licenciements collectifs lorsque l'entreprise concernée est en bonne santé économique.
A noter encore l'appel lancé par les 18 nouveaux élus vaudois au Conseil national pour que Novartis revoie sa décision de fermer le site de Nyon. Une cohésion rare, à l'image de ce qui s'est passé mardi au Grand Conseil.

Des informations, peut-être...
Mercredi 2 novembre, une trentaine de personnes, principalement des syndicalistes et des politiques, ont répondu à l'appel d'Unia pour le lancement d'un comité de soutien. Le même jour, Unia et les deux présidents des commissions du personnel ont rencontré les conseillers d'Etat Leuba et Maillard, et Roger Piccand, chef du Service vaudois de l'emploi. «Le Conseil d'Etat est aujourd'hui acquis à notre lutte, celle de maintenir le site.» C'est cette ligne qu'ont défendue, selon les propos d'Yves Defferrard, les autorités vaudoises dans leur rencontre avec les autorités bâloises et le chef du Département de l'économie, Johann Schneider-Ammann, le lendemain.
Le même jour, une majorité du personnel se réunissait pour leur deuxième assemblée de la semaine. Ils y ont appris que Novartis acceptait de donner des précisions sur le rapport d'audit qui conclut à la fermeture du site. Un expert des Etats-Unis était attendu hier, mardi 8 novembre, pour donner des explications quant à cette décision. Yves Defferrard, entre espoir et méfiance, relevait auparavant: «C'est un pas en avant, mais nous espérons que nous aurons toutes les informations que nous demandons.»


Aline Andrey

La récolte de signatures continue sur la pétition contre la fermeture du site de Prangins-Nyon: www.unia.ch


«Il y a plus d'humanité entre nous»

Le personnel, solidaire, a manifesté vendredi à Nyon avant de rencontrer les autorités locales

Vendredi passé, plus de 200 manifestants se sont mouillés pour leur emploi. Au propre et au figuré. Car c'est sous la pluie, mais aussi en prenant sur leurs vacances que les employés de Novartis se sont mobilisés. «Novartis ne fait pas de cadeau! Pour chaque réunion et chaque action, on doit prendre congé. Nous ne sommes pas payés, mais cela en vaut la peine», explique Russo Ruggiero, employé à Prangins. Quelques employées relèvent le changement de climat à Novartis. «C'est difficile de se motiver à travailler. On est moins concentré. Mais on garde notre bonne humeur et l'ambiance est bonne», relève Monique Gysler. «Il y a plus d'humanité entre nous», ajoute Carine Nguyen, employée au conditionnement des liquides depuis avril seulement, après 3 années comme temporaire.
La solidarité était en effet perceptible dans le cortège d'où s'élevait la clameur des slogans: «Jimenez, Vasella, vos salaires pour nos emplois!» (respectivement directeur général et président du conseil d'administration) ou encore «Bâle, Nyon, même combat, on va sauver nos emplois!». De l'usine au centre-ville de Nyon, la manifestation a été accueillie par des regards étonnés, des sourires (même des agents de police), et parfois quelques applaudissements de badauds. Quelques retraités de Novartis, des collègues du leader de la parfumerie Firmenich à Genève, ou encore des représentants de « l'Autre syndicat », ont également participé au défilé. C'est à l'angle du chemin de Crève-Cœur que le cortège s'est engouffré dans les locaux de Uni Global Union. Deux représentants de l'organisation syndicale internationale ont témoigné de leur solidarité avec les travailleurs de Novartis.

L'irresponsabilité de Novartis
Plusieurs représentants politiques de la région étaient présents et, comme à Lausanne le mardi précédent, ont reçu des médicaments produits à Prangins. Jacob Zijlstra a expliqué: «Nous connaissons mieux notre usine que les experts qui n'y ont passé que quelques mois. Nous sommes sûrs qu'ils ont fait des erreurs, et je suis donc certain que nous allons démolir leurs chiffres. Nous avons droit aux informations et, le cas échéant, à proposer des alternatives.» Il a relevé aussi sa désillusion: «J'avais encore l'image que Novartis assumait ses responsabilités sociales.»

 

Le soutien de toute une région
Une responsabilité rejetée sur les communes. «In fine, les dégâts, ce sont les communes qui les paient. Et donc nous tous», a relevé Yves Defferrard. «Les licenciements à Novartis touchent aussi les hôtels, les taxis, les Securitas, et nous pensons aussi particulièrement aux personnes handicapées qui travaillent à Polyval.» Quelque 2500 autres emplois seraient touchés dans la région en cas de fermeture du site.
Claude Dupertuis, vice-syndic de Nyon et ancien employé de Novartis, a garanti le soutien de la Municipalité à tous les employés. «Hier soir, réunis en assemblée régionale avec une quarantaine de communes, nous avons voté pour une résolution de soutien. Toute la région est derrière vous!» Un témoignage fort, tout comme celui de la syndique de Morges et députée au Grand Conseil Nuria Gorrite qui a rappelé la gravité d'une telle annonce au plan personnel et familial, ainsi qu'au niveau collectif. Plus largement, elle a invoqué le devoir de s'engager: «Il est temps de se dresser contre ce système perverti pour qu'il y ait une fin à cette course effrénée au profit pour quelques-uns au détriment de beaucoup d'autres. La violence de la décision de Novartis fait l'union sacrée de ce combat. Vous êtes les premiers, mais il y en aura d'autres, donc on ne peut pas vous lâcher!»
Carlo Carrieri, secrétaire syndical à Unia Est vaudois, rappelait, en aparté, la lutte de l'entreprise Sapal, victime en son temps de la même entreprise d'audit que le personnel de Novartis aujourd'hui. «L'audit c'était du bidon. On sent une grande mobilisation aussi ici, mais la grande différence c'est qu'à Sapal, on s'est imposé tout de suite. On a rapidement parlé de grève.» Un mot qui a, en fin d'après-midi, toutefois été lâché par Yves Defferrard, au cas où Novartis refuserait de donner toutes les informations qui l'ont mené à cette décision de fermeture.


AA


Grande manifestation samedi à Nyon
Samedi 12 novembre, Unia et le personnel de Novartis appellent la population à venir manifester à Nyon contre la fermeture du site et les licenciements.
Rendez-vous : 10h30, place de Rive-Est (au bord du lac)