Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Swissstaffing suspend les négociations

L'organisation patronale a claqué la porte en pleine discussion pour le renouvellement de la CCT location de services

Déjà soumis à une forte flexibilisation du travail, les travailleurs temporaires ne pourront pas en supporter davantage, selon les syndicats. N'arrivant pas à se mettre d'accord sur le temps de travail, le dialogue entre les partenaires sociaux a été rompu. Les syndicats exigent un retour des patrons à la table des négociations.

C'est la plus grande convention de Suisse. Entrée en vigueur en 2012, la Convention collective de travail (CCT) nationale de la location de services couvre quelques 315 000 travailleurs temporaires dans tout le pays. Arrivant à échéance à la fin de l'année, les partenaires sociaux - Swissstaffing pour la partie patronale, Unia, Syna, Employés Suisse et le SEC pour la partie employés - ont entamé les négociations en vue de son renouvellement. Ils ne seront pas allés jusqu'au bout, car Swissstaffing a décidé, quelques heures à peine avant une rencontre, de suspendre les discussions. Les syndicats, qui déplorent une telle attitude, demandent une reprise du dialogue social. «Ces négociations s'annonçaient difficiles, commente Véronique Polito, membre du comité directeur d'Unia. Nous avions réussi à entamer un dialogue assez constructif, notamment sur l'article 3 et le principe d'égalité de traitement entre temporaires et fixes au niveau du salaire, ce qui était positif. Mais les employeurs ont voulu nous imposer davantage de flexibilisation du temps de travail, dans une branche où celle-ci est déjà très élevée, sans la moindre contrepartie pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs.»

Abus fréquents
Actuellement, la CCT de location de services en vigueur prévoit un temps de travail hebdomadaire de 42 heures. Entre 42 et 45 heures travaillées, les heures supplémentaires sont payées au même prix ou rattrapées. Au-delà de 45 heures, les heures sont payées avec une majoration. «L'une de nos revendications était de garantir le paiement des heures fixées dans le contrat, explique la syndicaliste. Cela paraît évident, mais il y a beaucoup d'abus chez les travailleurs temporaires. Ils sont renvoyés chez eux plus tôt et ne sont pas payés.» Les patrons ont refusé d'entrer en matière et ont claqué la porte.
Par cette décision, Swissstaffing met sérieusement en danger les conditions de travail de nombreux employés intérimaires. En effet, cette CCT ne se renouvelle pas automatiquement: si les syndicats et les patrons n'arrivent pas à se mettre d'accord, elle prend fin. «Cette convention est l'une des plus jeunes et des plus complexes, poursuit Véronique Polito. Elle offre une protection minimale, certes, mais elle est indispensable car elle représente aussi un filet de sécurité important pour ceux qui n'ont pas d'autre protection dans leur branche.» Les syndicats laissent la porte ouverte aux patrons. «Nous avons un intérêt mutuel à poser un cadre clair dans ce secteur. Nous devons trouver un accord, sans quoi, il y a un risque de vide conventionnel.»

Manon Todesco