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Swissmetal plombé par la perspective de licenciements massifs

Unia conteste les 268 licenciements annoncés à Dornach. Et demande la destitution de Martin Hellweg

La volonté de Swissmetal de licencier 268 personnes sur son site de Dornach (SO) réduirait à néant les tentatives de sauvetage de l'entreprise. Pour Unia, la survie ne peut passer que par la destitution du dirigeant Martin Hellweg. Au moment où nous mettions sous presse (lundi), les travailleurs de la fonderie de Dornach refusaient de reprendre le travail tant qu'on ne leur donnerait pas des garanties sur leur salaire et leur emploi.

Le vendredi 19 août a été un nouveau jour noir pour le personnel de Swissmetal. Le groupe a en effet annoncé sa volonté de licencier 268 personnes sur son site de Dornach (SO). Cette décision a été prise par la direction au mépris de ses engagements à poursuivre la recherche de solutions pendant une certaine période en collaboration avec les représentants du personnel, le syndicat Unia, les cantons de Soleure et de Berne ainsi que le Seco. «Les partenaires avaient convenu que pendant cette période, tous les licenciements devaient être suspendus. Une fois de plus, Swissmetal n'a pas tenu parole», déplore Pierluigi Fedele, secrétaire régional d'Unia Transjurane. «De plus, toutes les propositions concrètes qui devaient permettre la poursuite de la production, dans le cadre de la procédure de consultation ont été balayées par la direction, y compris la possibilité d'introduire le chômage partiel.»

Arrêt de travail
Amputé de 268 emplois, le site de Dornach serait pratiquement démantelé. Seuls une quarantaine de postes de travail seraient maintenus, pour assurer la livraison de la matière à Reconvilier. Lundi à Dornach, le personnel de la fonderie a refusé de reprendre le travail tant qu'il n'obtiendrait pas de réponses claires sur la question du versement des salaires d'août et sur les perspectives de l'entreprise pour ces prochains mois.
Dans une conférence de presse tenue lundi dernier à Berne, Unia a demandé la destitution de Martin Hellweg. Le secrétaire responsable de l'industrie MEM, Beda Moor, a exigé «que le commissaire au sursis concordataire reprenne la direction opérationnelle de l'entreprise», car ce dernier est autorisé par la loi à suspendre les licenciements. «Martin Hellweg a en effet démontré par son comportement qu'il n'avait aucun intérêt à poursuivre la production à Dornach.» Pour Serge Gnos, secrétaire régional d'Unia à Bâle, «si les licenciements étaient prononcés, les travailleurs n'auraient pas d'autre choix que de mettre l'entreprise en poursuite pour le paiement de leurs salaires. Cela mettrait fin à tout espoir de trouver des solutions pour sauver cette industrie et ses emplois.
Fabienne Kühn, membre du comité directeur d'Unia déplorait, lundi, que l'on se retrouvait dans un scénario aux allures de déjà vu. «Une fois de plus, nous voilà en face de dirigeants qui sont dans un flou total, qui ne cessent de se contredire, de faire des promesses en l'air, sans perspective d'avenir industriel. C'est consternant et dramatique pour les emplois.»
Parallèlement à ces licenciements, Martin Hellweg a annoncé que Swissmetal avait perdu 76,7 millions de francs au cours de ce premier semestre. Une somme qui a de quoi étonner puisque le premier trimestre avait été annoncé comme quasiment équilibré, selon certaines sources économiques. Une assemblée générale extraordinaire des actionnaires sera convoquée. Quant au sursis concordataire provisoire accordé à Swissmetal, il se poursuivra jusqu'au 20 septembre prochain.

Reconvilier dans l'expectative
S'agissant du site de Reconvilier (La Boillat), Swissmetal a annoncé que pour l'instant, aucun poste ne serait supprimé. Cette nouvelle a été confirmée par la direction dans une assemblée du personnel vendredi. «Nous en prenons acte mais nous voulons des garanties et non pas seulement des promesses. Les salariés du site de Reconvilier veulent savoir de quoi sera fait l'avenir de l'entreprise», souligne le syndicaliste Pierluigi Fedele. Parmi les scénarios envisagés, la piste d'un repreneur est toujours à l'ordre du jour, pour autant que les licenciements soient annulés. Le prix (rédhibitoire) de 100 millions de francs a été souvent évoqué, mais ce chiffre est considéré par certains observateurs avertis comme largement surestimé. Il faudrait le diviser par quatre, voire plus.
Pour mémoire, le site de Reconvilier avait été le théâtre en 2004 et 2006 de deux mouvements de grève d'importance nationale. Les grévistes demandaient le départ du directeur (CEO) Martin Hellweg dont ils jugeaient la stratégie désastreuse et périlleuse pour la pérennité du site et du groupe. «On nous a répondu par des représailles. Aujourd'hui, les faits nous donnent entièrement raison, constate un ouvrier. Nous disions que tout cela nous amènerait dans le mur et nous y voilà.»


Pierre Noverraz