Année électorale oblige, l’UDC reprend de plus belle ses diatribes anti-étrangers. La semaine dernière, elle s’est attaquée à la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider qui avait proposé d’instaurer des visas facilités pour accueillir des victimes du séisme en Turquie et en Syrie ayant de la famille en Suisse. L’UDC en a profité pour fustiger la politique d’asile helvétique, préconisant de mettre fin aux procédures menées dans notre pays, en les délocalisant ou en créant des «zones de transit» à la frontière. Le parti xénophobe espère continuer à surfer sur ses positions à l’emporte-pièce amalgamant criminalité et migration, profiteurs et travailleurs. Son nouveau slogan est que les étrangers arrivant en Suisse ne sont pas les bons… Mais qui sont les «bons» étrangers pour l’UDC? Les oligarques de l’Est comme de l’Ouest? Les richissimes multimillionnaires? Les actionnaires des multinationales exploitant de la main-d’œuvre corvéable à merci dans les pays du Sud? Pourtant, ces «bons» étrangers, il faut bien les loger, les nourrir, leur garantir des coffres-forts bien gérés et bien gardés. Leur offrir le luxe nécessaire pour assouvir leurs besoins «essentiels». Or ces infrastructures, c’est bien ceux que l’UDC considère comme des «mauvais» étrangers qui les ont construites et qui les font tourner. Des travailleurs suant sur les chantiers. Des travailleuses s’épuisant dans les fabriques, dans les hôpitaux, les restaurants, le nettoyage.
L’UDC poursuit les vieilles pratiques xénophobes, cherchant à opposer les Suisses aux étrangers. Comme premier parti du pays, elle foule aux pieds la Constitution qui prévoit notamment que «la dignité humaine doit être respectée et protégée» et que «nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique». Le parti xénophobe peut se permettre de surfer sur une législation qui, elle-même, est fondamentalement discriminatoire. Pour preuve, le fait qu’il faille se battre aujourd’hui devant le Parlement pour empêcher l’expulsion d’étrangers établis dans notre pays depuis des décennies, ou même qui sont nés ici.
Depuis 2019, la Loi sur les étrangers autorise le renvoi de personnes migrantes ayant recours à l’aide sociale, peu importe que ce soit après du chômage prolongé, une maladie ou en raison de salaires de misère. Les titulaires d’un permis C, d’établissement, peuvent eux aussi être «dégradés» en passant à un permis B, les rapprochant d’une possible expulsion. Face à cette profonde injustice touchant des personnes ayant travaillé, cotisé, payé leurs impôts pendant de longues années, la conseillère nationale Samira Marti avait déposé une initiative parlementaire en juin 2020 pour que les personnes établies depuis plus de 10 ans en Suisse soient protégées d’un renvoi. Soutenue notamment par Unia et une pétition de 18000 signatures, l’initiative a été acceptée par le Conseil national en septembre 2022. Elle doit encore être soumise au Conseil des Etats. Or sa commission parlementaire a décidé, il y a juste une semaine, de recommander son rejet… Une véritable injure à l’encontre de ces hommes et de ces femmes faisant tourner le pays, s’usant à la tâche et risquant à tout moment de perdre non seulement leur emploi ou la santé, mais aussi leur droit de vivre ici. Au vu du score serré, de sept voix contre six, on ne peut que s’affliger que d’autres élus de droite ont rejoint le clan de l’UDC. Il appartient maintenant au Conseil des Etats de faire preuve de responsabilité et de respect de cette dignité humaine, défendue par notre Constitution, en refusant que la pauvreté soit considérée comme un crime!