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Sous-payés des ouvriers bloquent un chantier

Une dizaine de travailleurs détachés épaulés par Unia ont interrompu leur travail en Valais et réclamé leur dû

Soutenus par Unia, une dizaine d'ouvriers ont interrompu leur travail sur un chantier d'un pont des CFF à Massongex (VS). Employés par des entreprises slovènes mandatées par la société de construction métallique Zwahlen & Mayr, ces derniers ont réclamé le paiement rétroactif des salaires conventionnels. Les travailleurs détachés ont déclaré toucher entre 11 et 13 euros de l'heure. Nettement moins que le tarif horaire usuel minimum. Des négociations ont été entamées avec la direction de Zwahlen & Mayr, une entreprise ayant déjà eu d'importants démêlés avec le syndicat.

Sous-payés, une dizaine de travailleurs détachés épaulés par Unia ont interrompu leur travail sur le chantier du pont CFF à Massongex, en Valais, et réclamé leur dû

Soutenus par Unia, une dizaine de travailleurs des Balkans ont mené lundi dernier une action de protestation sur le chantier du pont des CFF de Massongex, en Valais. Raison de leur colère: des salaires bien en dessous des tarifs qui devraient être pratiqués. Les ouvriers ont déclaré toucher entre 11 et 13 euros de l'heure contre les 25 francs horaires qu'ils devraient au minimum recevoir. Dans ce contexte, ils ont décidé d'interrompre leur travail jusqu'à ce qu'ils récupèrent leur dû. Cette situation a conduit la direction de Zwahlen & Mayr à se rendre sur place et à ouvrir des négociations avec le syndicat.

80 000 à 90 000 francs...
Adjudicatrice de travaux évalués à 35 millions de francs au total, l'entreprise de construction métallique sise à Aigle a en effet sous-traité une partie de l'ouvrage à des sociétés slovènes qui ont détaché une dizaine de soudeurs sur place. «Nous avons eu des premiers soupçons de dumping lorsque que ces dernières ont refusé de se soumettre à un contrôle des conditions de travail», relève Blaise Carron, secrétaire syndical responsable de la section Bas-Valais d'Unia. «Quoi qu'il en soit les travailleurs sont déterminés à se battre. Ils ne reprendront les outils qu'une fois la question réglée. Ils doivent au moins toucher le double.» Ces arriérés sont directement réclamés à Zwahlen & Mayr, appelé à assumer ses obligations en tant que commanditaire des travaux et en vertu de la responsabilité solidaire. «C'est à cette entreprise de s'assurer du versement de salaires corrects tout au long du processus.» Un montant conséquent. «Nous l'estimons entre 80 000 et 90 000 francs, tenant compte de l'ensemble des divers chantiers de Zwahlen & Mayr sur lesquels ont œuvré, durant trois mois, les ouvriers lésés. Les calculs ont été effectués en prenant en considération leur qualification et expérience et les parts de salaires déjà perçues», précise Lionel Roche, secrétaire syndical d'Unia Vaud, négociant avec l'entreprise qui avait déjà donné du fil à retordre à son prédécesseur, Jean Kunz, aujourd'hui à la retraite.

Scandaleux...
Rappelons qu'au motif du franc fort, Zwahlen & Mayr avait en effet l'an dernier imposé à ses collaborateurs plusieurs mesures d'économie. Entre augmentation du temps de travail pour certains, baisse du salaire pour d'autres et suppression de tous les avantages des avenants à la Convention collective de travail. Unia était alors intervenu au côté du personnel, dénonçant l'illégalité de ces dispositions, faisant circuler une pétition, avant que n'intervienne l'Etat vaudois jouant les médiateurs, à la recherche de solutions... Sans succès. Les employés avaient fini par accepter les mesures, sous la pression de la direction menaçant, dans le cas contraire, de fermer l'entreprise. Sacrifices qualifiés de totalement «inutiles»... «Non seulement, 20 licenciements économiques ont depuis été prononcés et contre lesquels le syndicat s'était fermement opposé, mais il y a aussi une quinzaine de travailleurs, depuis le 1er janvier, au chômage technique», relève Jean Kunz questionné sur ce dossier. «L'affaire du Valais est d'autant plus scandaleuse que les personnes remerciées auraient pu faire le boulot effectué à Massongex. Et alors que nous étions au courant depuis longtemps de l'engagement de travailleurs détachés à prix cassés» s'indigne-t-il encore, dénonçant une «sous-traitance crasse, un dumping généralisé».

Mettre fin à l'impunité
Dans ce contexte, pour faire barrage aux situations de sous-enchère salariale et mettre un terme à l'impunité, Unia plaide pour la mise en œuvre d'une série de mesures. «Pour renforcer le principe de responsabilité solidaire, nous demandons que les chantiers soient immédiatement bloqués et fermés en l'absence de preuves de conformité des salaires et de paiement de cotisations sociales. Il faut pouvoir accéder en tous temps à ces informations, vérifier qu'il y ait un suivi effectif», note Blaise Caron. Le syndicat se positionne aussi en faveur de mesures préventives, comme l'introduction généralisée d'une caution en prévision du risque de non-respect des conditions de travail. «Il faut aussi mettre un terme aux sous-traitances en cascade, qu'on ne puisse recourir à plus d'un sous-traitant, et effectuer davantage de contrôles. Enfin, en cas d'infractions, nous réclamons des amendes plus élevées, jusqu'à 10% de la valeur du chantier», conclut le représentant syndical valaisan.

Sonya Mermoud