Sortir des énergies fossiles… maintenant!
Entre autres géants des énergies fossiles, Exxonmobil, Chevron, Total, Shell, Duke Energy ou encore Enbridge pèsent lourd dans le dérèglement climatique et dans les violations des droits humains. Et pourtant, ils sont financés à coup de milliards par les banques ainsi que par les Etats qui subventionnent encore largement le système extractiviste dont les méthodes sont pourtant de plus en plus dangereuses et polluantes (fracking, sables bitumineux). Malgré l’Accord de Paris qui souligne l’importance d’une finance verte et malgré des rapports de plus en plus alarmants du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les gouvernements procrastinent. Or, notre maison brûle déjà. Preuve en est cet été: inondations meurtrières en Allemagne et en Belgique, en Inde, au Japon et en Chine; famine à Madagascar; fonte accélérée de la calotte glaciaire au Groenland; records de chaleur frisant les 50 °C au Canada, en Syrie, aux Etats-Unis, au Maroc; canicule et sécheresse générant des incendies monstrueux en Grèce, en Italie, en Turquie, en Algérie…
L’extraction du pétrole, du charbon et du gaz s’accompagne de violations non seulement environnementales mais aussi humaines. Les populations les plus pauvres en paient déjà le prix, comme l’explique Debout pour le changement se fondant sur de nombreux rapports. Au Mozambique, l’exploitation du champ gazier de Cabo Delgado par Total a généré l’expulsion de centaines de milliers de personnes, le pillage des finances publiques mozambicaines via un prêt illégal co-organisé par Credit Suisse, avec une insurrection islamique en toile de fond. En Equateur, Chevron/Texaco refuse depuis vingt ans de dédommager des communautés touchées par la pollution générée par l’exploitation du pétrole, malgré le verdict de la justice équatorienne qui l’a condamné à verser 9,5 milliards de dollars pour la dépollution des sites. Or, les parts de la BNS dans cette multinationale ont augmenté ces dernières années.
Le sixième rapport du GIEC a réuni 234 experts issus de 66 pays qui ont pris en compte 14000 publications. Il a été relu et validé par 195 Etats. Le constat est glaçant: le réchauffement est plus rapide que prévu. La limite de 1,5 degré de réchauffement depuis l’ère préindustrielle à ne pas dépasser pourrait être atteint en 2030 déjà. Au-delà, les dérèglements pourraient être irréversibles. Les gouvernements doivent par conséquent prendre des mesures encore plus fortes que ne le prévoit l’Accord de Paris, alors qu’ils ne le respectent déjà pas. Si les grévistes du climat n’ont de cesse de rappeler l’urgence d’atteindre un bilan carbone neutre en 2030, le Conseil fédéral continue de penser qu’il a le temps d’agir. Quelques jours après le coup de semonce du GIEC, il ose affirmer dans son contre-projet à l’initiative sur les glaciers que l’interdiction des énergies fossiles d’ici à 2050 va trop loin. Une posture choquante qui appelle une question généralement posée au futur: que dire à nos enfants?