Il fallait voir Katy Perry, le 14 avril, à peine redescendue de sa navette spatiale dans sa combinaison en lycra, s’agenouiller pour embrasser le sol terrien, puis s’extasier, devant les caméras, sur la fragile beauté de la Terre vue d’en haut. Fragilité qu'elle n'a pourtant pas hésité à aggraver en faisant, avec cette virée en fusée, exploser son bilan carbone personnel. Lequel devait déjà être astronomique, si l'on imagine le train de vie d'une popstar californienne. Tout cela pour dix petites minutes de plaisir égoïste en apesanteur, à un prix lui aussi stratosphérique. Ce tourisme spatial devrait être prohibé. C’est un business néfaste pour l’environnement et dont la seule utilité est de divertir une élite blasée. Avec leurs lubies, ces gens-là compromettent notre avenir à tous. Et puis, faut-il vraiment qu’après avoir saccagé notre planète, l’humanité fasse subir le même sort au reste de l’Univers?
Le comble de la bêtise dans cette conquête privée de l'espace, c'est quand Elon Musk, il y a quelques années, a mis en orbite une Tesla décapotable avec un mannequin d'astronaute au volant. Comme ça, juste pour se faire de la pub. Depuis, la bagnole erre en vain dans l’infini sidéral. Consternant… De leur part, il n'est pas très étonnant que des machos égocentriques comme Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson jouent à «qui a la plus grande» (on parle bien entendu de leurs fusées, encore que celle de Jeff Bezos – à bord de laquelle Katy Perry s’est envoyée en l’air – ait une forme très phallique). Mais que la chanteuse et ses compagnes de vol se justifient d’un tel gaspillage de carburant et d’argent en prétextant œuvrer à la cause féministe, c'est pathétique. Il faut de toute urgence voler au secours de ces «pauvres» riches qui ont tellement de pognon qu’ils ne savent plus comment le dépenser. Ça devient vraiment du grand n'importe quoi!
Rendons-leur service, taxons-les plein pot. Il y a pléthore de domaines où redistribuer les richesses indûment accaparées par la caste des ultrariches oisifs, alors que des milliards de personnes sur Terre s'épuisent dans des jobs abrutissants pour des salaires de misère. Voire crèvent littéralement de faim ou des effets du changement climatique. D’ailleurs, il serait temps que les Etats se décident à faire front commun pour mettre fin au vil chantage de la concurrence fiscale. Au final, les seuls gagnants de ce système inique, ce sont les riches, qui, apparemment, ne le sont jamais assez. Or, la méritocratie chère à la droite libérale n’est qu’une chimère. Un récent article du Monde relève le fait que la France redevient un pays de «fils à papa», où la fortune se bâtit davantage sur l’héritage que sur le travail, et où les richesses sont concentrées dans les mains d’une minorité. Et l’Hexagone n’est pas une exception. Les inégalités se creusent partout, favorisant le vote contestataire et les idéologies extrémistes, comme on le constate ces temps-ci. Quand les injustices deviennent trop criantes, la colère gronde. Alors, avant que tout cela ne finisse mal, ramenons un peu de justice sociale – et climatique – dans ce monde. Il en a terriblement besoin.