Rejet de l'initiative "Pas de Suisse à 10 millions"
Après le Conseil national, au tour du Conseil des Etats de rejeter l’initiative «Pas de Suisse à 10 millions» lancée par l’UDC. L’Union syndicale suisse (USS) salue la décision prise le 15 décembre par le Parlement, qui ouvre la voie à une votation populaire en 2026. La faîtière syndicale rappelle dans un communiqué que «le texte menace directement les accords bilatéraux et met en péril les emplois en Suisse». «La résiliation de la libre circulation des personnes implique également l’abolition de la protection des salaires et des contrôles, met en garde l’USS. Sans les accords bilatéraux, les mesures d'accompagnement disparaîtront également. Les travailleuses et travailleurs migrants pourront à nouveau être exploités comme à l’époque des saisonniers, sans droits sociaux.» Avec pour corollaire «une pression supplémentaire sur les salaires indigènes» et du «dumping salarial».
Selon la faîtière syndicale, l’initiative «extrême» de l’UDC menace l'accès au marché pour la moitié des exportations suisses vers l’Union européenne. Des licenciements et une augmentation du chômage sont ainsi à craindre.
Par ailleurs, la Suisse a particulièrement besoin de personnel qualifié venu de l’étranger, notamment dans le domaine de la santé. «La moitié des médecins et plus d’un tiers du personnel infirmier diplômé ont été formés à l’étranger. Avec la résiliation de la libre circulation des personnes, il sera encore plus difficile de trouver suffisamment de spécialistes. L’initiative aggrave la pénurie et met en danger l’accès aux soins», alerte l’USS.
Concernant l’AVS, les cotisations des travailleuses et des travailleurs immigrés sont essentielles pour stabiliser les caisses, selon la faîtière qui anticipe une perte de plusieurs milliards de francs. «Une limitation de la population résidente provoquera, d’ici 2050, une pénurie d’environ 350 000 personnes actives. Cela signifiera une baisse de 10 % de recettes et un trou d’environ huit milliards de francs. L’initiative fera grimper les coûts pour tout le monde», ajoute l’USS, prête à mener un «campagne syndicale indépendante et déterminée» contre cette initiative «dangereuse».