Refus de négocier de Bata Unia tape du pied
Unia a organisé des actions de protestation devant de nombreuses succursales de Bata exigeant l'ouverture de négociations
Paroles, paroles, paroles...
«Beaucoup de promesses, de déclarations d'intention mais au final rien de concret», commente Arnaud Bouverat, membre de la direction du secteur tertiaire d'Unia, tout en dénonçant les infractions aux droits des salariés. La raison évoquée par l'entreprise pour ne pas ouvrir de pourparlers? Elle projetterait de maintenir quelques-unes de ses filiales et serait en contact avec des repreneurs. Un argument vague et peu crédible pour le syndicaliste, relevant que tout le personnel a été remercié. Et que même si d'autres enseignes éventuelles manifestent leur intérêt à récupérer certains magasins, les collaborateurs de Bata concernés n'ont aucune garantie d'être réengagés - ils devront postuler -, pas plus que de voir leurs conditions salariales maintenues et leurs années de service reconnues. «Il n'y a pas de transparence, pas d'information sur les possibilités futures. Ce sont des mesures d'atermoiement», poursuit Arnaud Bouverat et d'évoquer encore, outré, les dispositions prises par Bata en ce qui concerne les indemnités de départ, supprimées, fait-il remarquer, dans les cas de figure suivants.
Des indemnités arbitraires et insuffisantes
«La vendeuse perd son indemnité si elle tombe malade, si elle revendique un droit quelconque, si elle trouve un travail avant le délai de congé, si elle a un contact avec un nouvel employeur potentiel ou encore si elle oublie d'en faire la demande écrite! Autant de manières de dissuader les employés de faire valoir des prétentions.» Des règles qui, assurément, pèsent lourdement sur un personnel déjà précarisé, dans un secteur affrontant des difficultés économiques - la vente de textile et chaussures est en recul. «Mais Bata a des ressources. La fortune de la famille s'élève à plus de 3 milliards de francs. Le montant des indemnités prévues? Nous l'ignorons. Nous avons connaissance de sommes oscillant entre 2000 et 5000 francs. Mais, encore une fois, il n'y a pas de transparence. Et l'obtention d'une compensation est soumise à de telles conditions... On ne peut traiter le personnel de cette manière», s'indigne encore le syndicaliste, jugeant les mesures individuelles proposées par l'employeur aussi arbitraires qu'insuffisantes. «L'heure est maintenant à des négociations sur un plan social, pour trouver des solutions collectives.»
Premier avertissement
Pour le syndicat, ce plan doit permettre de préserver un maximum d'emplois. Dans ce cas, il demande que les personnes qui seraient reprises dans des succursales par des tiers bénéficient au moins des mêmes conditions qu'antérieurement alors que Bata entend désormais se concentrer en Suisse sur la vente d'articles en ligne en créant essentiellement des postes... à l'étranger. «Nous réclamons aussi des indemnités de départ correctes, fixées en fonction de l'âge et des années de service. Les femmes enceintes ou en congé de maternité devront par ailleurs avoir droit à une indemnité spéciale.» Autres revendications syndicales: des solutions spécifiques pour les travailleurs âgés et la possibilité, pour les apprentis, de terminer leur formation dans d'autres établissements. «Bata doit dûment respecter les droits prévus par la loi en cas de licenciement collectif. Cela n'a pas été le cas jusqu'à présent. L'action menée aujourd'hui n'est qu'un premier avertissement. Sans réaction, d'autres suivront» prévient Arnaud Bouverat, relevant encore que plusieurs dizaines de vendeuses ont donné mandat à Unia de les représenter. «Nous avons l'obligation de trouver des solutions dignes pour l'ensemble de ces personnes qui ont porté l'entreprise Bata durant toutes ces années et largement contribué à son succès.»
Sonya Mermoud