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Pour un mieux-vivre ensemble

En Suisse romande les coopératives d'habitants ont de plus en plus le vent en poupe

Les projets de coopératives d'habitants se multiplient en Suisse romande. Des initiatives qui traduisent une réelle demande de la part de la population pour une meilleure qualité de vie, ensemble, loin des sentiers battus par la spéculation immobilière. Se dressant comme une alternative au capitalisme et à l'individualisme, ce système revendique la solidarité, l'échange et la participation, tout en conservant l'intimité de son chez soi.

On peut le dire, il y a un réel engouement pour les coopératives d'habitants en Suisse romande. Même si encore trop peu connu, ce modèle de logement alternatif est en train de se faire une place et plaît de plus en plus. Contrairement aux promoteurs dits traditionnels, les coopératives s'élèvent contre la spéculation immobilière et proposent des biens à coûts réels, de toute typologie et pour tous les besoins. Plus que de simples habitations, les coopératives se veulent des lieux de vie, d'échange, de convivialité et de partage où la mixité et la diversité sont mises à l'honneur. On y retrouve de nombreux espaces communs mais aussi la gestion participative de l'immeuble par ses habitants. En résumé, ces coopératives réinventent le vivre ensemble, à l'heure du capitalisme et de l'individualisme tout-puissants. Sans oublier cette grande sensibilité pour l'écologie et l'agriculture durable.

Projets genevois
Plusieurs projets et initiatives sont en cours en Suisse romande. A Genève, le canton le plus expérimenté en la matière, la Coopérative de l'habitat associatif (Codha) a neuf projets en cours, notamment l'écoquartier de la Jonction ou encore la caserne des Vernets. Depuis 1994, elle a réussi à fédérer près de 2300 coopérateurs et à proposer 190 logements. La Codha, la coopérative d'habitation genevoise Voisinage et six autres structures similaires construiront deux barres d'immeubles pour 2018 dans le futur écoquartier des Vergers à Meyrin. «C'est un acte politique extraordinaire, commente Mauro Bellucci de la Codha. Il faut saluer la ville d'avoir octroyé 600 logements à des coopératives participatives!»
Voisinage, qui bénéficie d'une cinquantaine de logements du 2 au 7 pièces, s'enthousiasme déjà. «Il y aura des espaces communs, des lieux de rencontre, une auberge avec une salle de musique, un appartement collectif, détaille Gail Hunter, membre de la direction. Le but est également d'encourager les échanges de services et le don de son temps pour la collectivité.» Soucieux de proposer un lieu de vie équilibré, Voisinage cherche une population de tous les âges, tous les milieux professionnels et de toutes les couleurs. Et propose une alternative. «Nous voulons sortir du circuit économique et privilégier le bien vivre-ensemble; nous ne faisons pas de profit.»

Initiatives vaudoises
La mouvance de la coopérative participative fait aussi des petits dans le canton de Vaud. A Lausanne, à Chailly, 13 logements de la Codha seront livrés cet été. De son côté, Le Bled, coopérative sociale d'habitants, voit grand. Fondée en 2011 pour répondre entre autres à l'appel d'offres pour l'écoquartier des Plaines-du-Loup à Lausanne, elle espère remporter 120 logements et plusieurs milliers de mètres d'activité. Le projet est ambitieux. «Les logements seront de toutes typologies et de toutes tailles, précise Laurent Guidetti, architecte. On prévoit également des espaces communs: un service de BledBnB, sorte de chambres d'amis permettant un logement de transition à court terme, une salle de spectacles accueillant des activités socioculturelles, un centre de soins, et nous aimerions trouver un partenariat avec des agriculteurs permettant la distribution de paniers ou la mise à disposition d'un potager.» Le Bled revendique un vrai modèle de société. «Nous voulons faire un projet à grande échelle, par exemple en embauchant nos propres femmes /et hommes) de ménage avec des conditions de travail stables et correctes, en intégrant les commerçants au quartier, et bien sûr en stimulant le partage au sein de la collectivité.»
En attendant une réponse de la ville, Le Bled a fait des demandes de terrain dans toute l'agglomération lausannoise, dans le but de proposer son schéma alternatif au logement et à l'aménagement du territoire traditionnels.

Peut mieux faire
D'autres initiatives émergent dans la région, notamment le Mouvement populaire des familles-Loge, dont la vocation est de proposer l'alternative de la coopérative participative pour sortir de la crise du logement en Suisse romande. «Il faut que les gens se réapproprient leur logement, et la coopérative est un bon moyen d'y parvenir», opine Jean Blanchard, secrétaire général du MPF.
Si on ne peut pas toutes les citer, ces initiatives prouvent néanmoins qu'il y a une certaine mouvance en marche. «Au Bled, nous avons trois nouveaux membres par jour, informe Laurent Guidetti. C'est hallucinant!» «Les citoyens et les élus se rendent compte qu'il n'y a que du positif dans nos logements» assure de son côté Mauro Bellucci de la Codha.
Si nos interlocuteurs sont satisfaits de l'engouement ambiant pour les coopératives, ils admettent volontiers que ce n'est encore pas suffisant. «On reste à la traîne de la Suisse alémanique!» Effectivement, dans le canton de Zurich, les logements d'utilité publique (dont font partie les coopératives) représentent près de 25% du logement contre 8% dans toute la Suisse.
La faute à qui? A la désinformation! «C'est une question d'habitude, de réflexe, explique Laurent Guidetti. Beaucoup ne connaissent pas encore cette alternative.» Ce n'est plus qu'une question de temps...
Manon Todesco

 

Plus d'infos et des logements à pourvoir sur:

www.codha.ch
www.cooperative-voisinage.ch
www.neustartschweiz.ch/fr/inhalt/mutations
www.armoup.ch


Coopérative d'habitation: comment procéder?
Concrètement, une personne intéressée doit devenir membre d'une coopérative en payant une cotisation et une part sociale. Quand une offre de logement ou un projet se lance, elle postule. Une fois le dossier accepté, elle devra investir des fonds propres - qui lui seront restitués au moment du départ - car les coopératives n'ont pas assez de fonds pour financer la construction d'un immeuble (à Genève, les fonds représentent 5% du coût de l'immeuble, à savoir entre 5000 et 6000 francs par pièce). Enfin, elle payera un loyer mensuel plus bas que sur le marché (20% de moins environ à Genève), pouvant en plus être subventionné si ses revenus le permettent. Il n'y a pas de distinction légale entre coopérative d'habitation et coopérative d'habitants. La coopérative d'habitants est une forme particulière de la coopérative d'habitation mettant l'accent sur la participation des habitants à leur cadre de vie.

MT