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Plan de sauvetage de 330 emplois chez Bosch-Scintilla

Avec les travailleurs Unia réussit à geler tout licenciement jusqu'au 1e avril 2015 et se dote de moyens pour sauver les emplois

Unia et les commissions du personnel ont trouvé la semaine dernière le moyen de geler provisoirement la décision de Bosch-Scintilla de supprimer 330 emplois à Zuchwil (SO). Sous la menace d'un durcissement de la lutte, la direction a accepté de prolonger jusqu'au 31 mars le délai de consultation, le temps de laisser une task force chercher des solutions. L'entreprise s'est également engagée à ne prononcer aucun licenciement jusqu'au 1er avril 2015. Et, préventivement, les prestations du plan social ont été triplées. L'assemblée du personnel a accepté cet accord à une très forte majorité.

L'assemblée du personnel de Bosch-Scintilla convoquée par Unia l'après-midi du 21 janvier dernier dans le grand réfectoire de l'usine était décisive. Allait-on se lancer dans un durcissement de la lutte pouvant aller jusqu'à la grève ou trouverait-on une solution acceptable pour répondre à la volonté de la direction générale de délocaliser une partie de la production et de la recherche en Hongrie et en Allemagne, au prix de la suppression de 330 des 625 emplois du site de Zuchwil près de Soleure? L'importance de l'enjeu pouvait se lire sur les visages graves, parfois tendus des travailleurs se pressant dans la salle. «Il nous faut quelque chose de solide, sinon on ira jusqu'au bout», lâchait l'un des participants à son collègue, les yeux rivés sur la table des négociateurs occupée par les membres des commissions des ouvriers et des employés de l'entreprise ainsi que par la délégation d'Unia, emmenée par Corrado Pardini, du comité directeur du syndicat.

Du temps pour agir
Ouvrant les feux, le président de la commission ouvrière Alain Beer a annoncé qu'un accord provisoire avait été trouvé entre les négociateurs et la direction générale. Primo, le délai de consultation est prolongé jusqu'au 31 mars prochain. Pendant cette période une task force sera mise sur pied. Elle réunira les commissions du personnel, le syndicat, la direction de Bosch et bénéficiera du suivi et du soutien d'un institut indépendant allemand, spécialisé dans l'économie industrielle. Le but est de trouver une solution viable permettant de sauver tout ou partie des emplois. En parallèle, une société indépendante de conseil en management active sur l'ensemble des marchés mondiaux est chargée de trouver un nouvel investisseur pour le site de Zuchwil, dans le cas où tous les emplois n'auraient pu être sauvés. Autre point important, les négociateurs ont obtenu la garantie qu'aucun licenciement ne sera prononcé avant le 1er avril 2015 (donc effectif le 1er juillet 2015, compte tenu d'un délai de dédite de trois mois). Enfin, l'accord stipule qu'en cas de licenciements, les indemnités du plan social seront fortement relevées et que les femmes bénéficieront de la retraite anticipée à 58 ans et les hommes à 59 ans.

La lutte a porté ses fruits
L'accord a été approuvé lors d'un vote à bulletin secret par 325 voix contre 16 et 26 abstentions. «C'est une bonne chose. Nous avons désormais le temps et les moyens de trouver des solutions. Notre priorité pour l'instant, ce sont les résultats que nous voulons obtenir avec cette task force. Nous ferons valoir notre capacité d'apporter une valeur ajoutée à notre production», commente Markus Ziegler, président de la commission des employés. «Quant à la lutte, je suis persuadé que sans Unia et sans notre menace de grève, nous n'aurions jamais obtenu ce résultat.» Un constat que partage Corrado Pardini: «La détermination des travailleurs à se battre jusqu'au bout a joué un rôle décisif. Elle nous a donné une forte légitimité et un poids considérable lorsque nous sommes allés négocier avec la direction générale, à son siège de Stuttgart.» Et quid de la task force? «Je crois à ses chances. Il y a dans cette entreprise un savoir-faire reconnu et une maîtrise des techniques de pointe. Le niveau de qualification est important. Tout cela peut inciter la direction à reconsidérer tout ou partie de sa décision mais également attirer des investisseurs pour reprendre une partie des activités.» Et si malgré tout des licenciements devaient être prononcés, «nous avons réussi à faire quasiment tripler les prestations du plan social».
A l'issue de l'assemblée, l'ambiance était manifestement au soulagement. Mais avec retenue. «Je suis contente du résultat. Le syndicat et nos représentants ont fait un super boulot. Tout n'est pas encore joué, mais au moins on a gagné du temps et de l'espoir», confiait une ouvrière.


Pierre Noverraz