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Non au racisme dans la course aux élections fédérales

Avec plusieurs organisations, Unia invite la population à signer un appel en faveur d'une campagne digne et fair-play

Une vingtaine d'organisations non gouvernementales, dont Unia, lancent un appel en faveur du fair-play dans la campagne pour les élections fédérales de cet automne. Elles invitent la population à signer une prise de position contre l'utilisation, à des fins électorales, de messages diffamatoires, xénophobes et discriminatoires.

«Il est inacceptable et dangereux d'empoisonner le climat social en Suisse, de diffamer des êtres humains et de propager la peur des étrangers pour remporter des élections.» Rita Schiavi, membre du comité directeur d'Unia, ne supporte pas les affiches et les propos insultants et haineux qui polluent depuis quelques années les campagnes électorales en Suisse. Et elle n'est pas la seule, tant s'en faut. Avec une vingtaine d'organisations de la société civile de différents horizons, elle a participé le 10 août dernier à Berne au lancement d'une campagne intitulée «Pour une campagne électorale fair-play», dont l'un des actes majeurs consiste à inviter la population à signer un appel en ligne en faveur d'une campagne digne et sans haine, sur le site www.fairplay-elections.ch. But? Récolter au moins 50'000 signatures.

Un faux patriotisme
La Commission fédérale est elle aussi active dans ce mouvement dans lequel elle joue un rôle prépondérant. Son président Georg Kreis a en effet déploré un grand nombre de comportements diffamatoires et discriminatoires lors des dernières élections fédérales d'il y a quatre ans et il s'est déclaré bien décidé à prévenir de tels dérapages. Son engagement vise un double objectif, protéger les personnes qui sont discriminées par ces campagnes et protéger la cohabitation et la cohésion sociale. «Les partis qui prônent l'amour de la Suisse devraient signer notre appel», a-t-il déclaré à l'ATS. Et pour cause, la Constitution fédérale, dans son préambule, évoque la nécessité de renforcer «l'indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d'ouverture au monde».
Pour certaines formations politiques à l'extrême droite de l'échiquier politique, les immigrés, les réfugiés, les classes sociales défavorisées et les minorités religieuses sont transformés en boucs émissaires pour expliquer à peu près tous les problèmes sociaux et économiques de la Suisse. «On le voit encore dans les dernières affiches de l'UDC pour son initiative contre l'immigration prétendue massive», explique Rita Schiavi. «Ce parti sait très bien que sans les étrangers, la situation économique en Suisse se dégraderait. Il sait que son initiative est irréaliste. Son véritable but, c'est de faire de la propagande électorale. Et il le fait à bon marché, sur le dos des étrangers. C'est un scandale. Le meilleur moyen d'y mettre fin, c'est de montrer notre réprobation par nos bulletins de vote et notre indignation.» Les incendiaires de la démocratie et les mauvais patriotes ne sont pas ceux qu'on ne cesse de montrer du doigt mais «ce sont les populistes de droite qui accusent de manière offensante les personnes sans passeport suisse de tous les maux - criminalité, hausse du chômage, abus dans l'aide sociale, excès de vitesse sur les routes, etc.».

Contre le dumping
Rita Schiavi tient à dissiper tout malentendu. «Que l'on se comprenne bien: nous n'approuvons pas les comportements criminels mais nous nous insurgeons contre les stéréotypes, comme ceux qui associent certains actes criminels à la nationalité, à la couleur de peau ou à la religion. Nous ne voulons pas non plus restreindre la liberté d'opinion ou d'expression ou mettre un tabou sur des questions politiquement importantes. Ainsi, nous nous inquiétons, comme syndicat, des conséquences de la libre circulation des personnes. Nous nous engageons pour qu'en Suisse, elle ne soit pas un facteur de dumping salarial et social, en exigeant des mesures d'accompagnement efficaces ou de meilleures conventions collectives. Or, les populistes de droite ne soutiennent pas du tout nos efforts. On le voit donc bien: leur souci n'est pas de résoudre les problèmes, mais de polémiquer contre les immigrants ainsi que d'attiser la peur et la xénophobie dans la population, cela à des fins purement électorales.»
La dirigeante syndicale rappelle qu'Unia compte plus de 100000 membres issus de la migration, ce qui représente la moitié de ses effectifs. «C'est une raison de plus pour s'engager en faveur d'une campagne électorale digne. Nous dénonçons fermement toutes les incitations à la xénophobie, à la haine, la stigmatisation et l'exclusion.» Outre sa participation à l'appel de signatures pour une campagne fair-play, le syndicat Unia lancera ces jours une campagne contre la xénophobie, en mettant notamment l'accent sur «la contribution indispensable et positive des migrants à la société suisse et à notre bien-être».


Pierre Noverraz


Les dangers des discours de la haine

Rita Schiavi, membre du comité directeur d'Unia, souligne que la démagogie fondée sur la haine et l'exclusion peuvent mener à de graves dérives. «Il y a moins d'un mois, le Norvégien Anders Behring Breivik a tué plus de 70 personnes, très jeunes pour la plupart. Breivik a justifié cet attentat tragique dans un manifeste de 1500 pages dans lequel il se réfère explicitement aux idées des organisations et partis de la droite populiste européenne et leurs leaders. Les campagnes menées dans toute l'Europe par la droite populiste ont constitué un terrain favorable à l'acte épouvantable de Breivik. Il est donc absolument légitime et nécessaire de soulever aujourd'hui la question de la responsabilité des partis populistes de la droite.»

PN