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Mode Discount se moque de la justice

Mode Discount Plus a fermé boutique avant l'heure en pleine procédure de conciliation

Les vendeuses ont dû mettre fin à leur grève pour répondre à la conciliation convoquée par un tribunal genevois. Mais lors de la séance, Mode Discount Plus a une nouvelle fois refusé tout plan social. Aujourd'hui, Unia demande que la Cour constitue une instance d'arbitrage pour trancher, et lance un appel à la solidarité avec les vendeuses.

Une conciliation ne peut se faire qu'entre deux partenaires qui acceptent de négocier. La Chambre des relations collectives de travail (CRCT) ne l'a peut-être pas compris en convoquant la direction de Mode Discount Plus et ses vendeuses à une séance de rapprochement le 23 février à Genève. A cette date en effet, le magasin a refusé une nouvelle fois en bloc les revendications de son personnel: aucun plan social, ni garantie quant au réengagement des employées ne seront octroyés après la fermeture de la boutique fin février. De plus, la firme a déclaré qu'elle ne paierait pas les jours de grève, contrairement aux recommandations de la Cour. C'est ce que l'on peut appeler un employeur intraitable!

Interdit de grève
Les vendeuses et Unia en avaient bien conscience en entamant une grève illimitée le 4 février dernier afin de faire plier la direction. Mais la CRCT a obligé le personnel à suspendre le débrayage dès le 6e jour en appelant les deux parties à se concilier. Le tribunal interdit en effet aux deux parties toute mesure allant à l'encontre des intérêts de l'autre jusqu'à la séance de conciliation. Cette exigence a empêché l'imposition d'un rapport de force suffisant pour amener Mode Discount Plus à céder. Car la séance de conciliation a été fixée tardivement, au 23 février, ne laissant guère aux vendeuses la possibilité de reprendre leur mouvement avant la fermeture prévue le 28 février. «La CRCT a offert 3 semaines de paix du travail à l'entreprise», regrette Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical à Unia Genève.

Le magasin fraude
Le comble, c'est que Mode Discount Plus n'a de son côté pas respecté la procédure. Le 22 février, à la veille du jour de conciliation, le magasin a fermé définitivement ses portes de manière prématurée, afin d'empêcher toute possibilité pour les employées de reprendre la grève. C'est ce qu'on appelle un lock-out, l'équivalent de la grève du côté patronal. On empêche les travailleurs de se rendre sur leur lieu de travail pour arrêter le conflit. Une mesure expressément interdite par la procédure de conciliation en cours! Le 22 février au soir, le magasin était vide et bouclé à double tour. Devant la Cour, Mode Discount Plus se défendra d'avoir procédé à un lock-out, arguant devoir libérer les locaux au plus vite. La CRCT a écouté sans trancher. Pourtant l'argument ne tient pas la route selon Jamshid Pouranpir: «La coïncidence des dates est troublante, d'autant que le magasin ne devait pas fermer avant le 28 février. L'entreprise a montré qu'il était tout à fait possible de libérer les locaux en un seul jour. Il s'agit clairement d'un lock-out visant à prévenir toute lutte syndicale...»

Appel à la solidarité
Aujourd'hui, Unia demande à la CRCT de se constituer en Tribunal arbitral pour trancher le conflit. Il s'agit d'une procédure distincte de celle de la conciliation. Le syndicat réclame aussi la suspension des licenciements jusqu'à fin mars à titre de mesure provisionnelle. Parallèlement, Unia lance une souscription publique en faveur des vendeuses qui se retrouvent dans une situation financière délicate. Le syndicat rappelle que de nombreux habitants et employés du quartier dans lequel se trouve le magasin ont témoigné de leur solidarité. Les contributions peuvent être versées sur le compte CCP 12-1590-4 avec mention: Mode Discount Plus.

Christophe Koessler