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Mode Discount Plus en conciliation

Les quatre vendeuses de Mode Discount Plus ont suspendu leur grève après avoir accepté une offre de conciliation

Coupées en plein élan de grève! Après cinq jours d'arrêt de travail et de manifestations devant le magasin, les vendeuses de Mode Discount Plus à Genève ont accepté mercredi dernier, sous condition, l'offre de conciliation de la Chambre des relations collectives de travail (CRCT). Une opportunité pour le personnel d'enfin entrer en négociation avec la direction, qui s'y est jusqu'ici refusée. Ce tribunal, compétent pour traiter des conflits collectifs de travail, a toutefois précisé que cette procédure impliquait l'arrêt immédiat de toute mesure de lutte ou de médiatisation. Les employées se sont donc immédiatement remises au travail. Rappelons que les vendeuses réclament un plan social ou une garantie d'être réengagées par un repreneur, à la suite de la fermeture du magasin prévue pour le 28 février.

Suspendre les licenciements!
Le personnel et Unia avaient cependant demandé à la CRCT d'avancer à cette semaine la convocation pour la séance de conciliation prévue le 23 février, soit 5 jours avant la fermeture du magasin, ou alors de suspendre les licenciements jusqu'à fin mars. Ce qui aurait permis aux vendeuses de pouvoir entamer cette conciliation dans une atmosphère sereine. Et au tribunal genevois de faire valoir ses futures recommandations, d'autant que celles-ci ne sont pas contraignantes. Mais la CRCT a refusé les demandes des vendeuses et du syndicat. «Nous ne pouvons malheureusement pas décliner cette offre de conciliation bien que le droit à la grève soit entravé», explique Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical à Unia Genève. De son côté, l'entreprise a également été convoquée, mais rien n'indique qu'elle entrera en matière sur une conciliation, car elle continue à s'opposer à tout dialogue. Vendredi dernier, trois vendeuses, soutenues par des syndicalistes d'Unia Lucerne, se sont rendues en vain à Entlebuch, au siège de Regula Shops, propriétaire de Mode Discount Plus, pour y solliciter une nouvelle discussion avec la direction. Mais aucun responsable ne les a reçues...

Christophe Koessler



«On peut se battre»

Licenciées sans plan social. Quatre des cinq vendeuses du magasin ont tout de suite compris que leur seul recours était la grève face à l'intransigeance de leur employeur. Et là encore, il a fallu montrer une détermination sans faille. La direction a envoyé des briseurs de grève: «Le premier jour, la gérante de Lausanne est arrivée pour assurer la vente à notre place. Elle était accompagnée d'une "amie". On a découvert par la suite qu'il s'agissait d'une vendeuse», raconte l'une des employées. Mais la tactique de la direction ne fonctionnera pas: postées à l'extérieur, sous la pluie et dans le froid, en compagnie de plusieurs secrétaires syndicaux d'Unia, les salariées dissuadent avec succès les clients d'entrer: «On leur expliquait notre cause et les gens nous soutenaient d'emblée. "Vous avez raison. On est avec vous", nous répondaient-ils en général». Le deuxième jour, un autre vendeur a débarqué de Lausanne: «Il a été très agressif, surtout avec le secrétaire syndical d'Unia; il en est presque venu aux mains», témoigne une autre vendeuse. L'agent de Securitas, engagé par Mode Discount Plus et présent sur les lieux, aurait-il secouru le brave syndicaliste le cas échéant?
Ce n'est pourtant pas cette hostilité qui a marqué les vendeuses. Mais la solidarité et la sympathie témoignées par les passants: «Je me suis rendu compte combien il y avait de bonnes personnes», témoigne l'une d'elles avec un grand sourire. La lutte leur a aussi donné du peps: «Cela m'a donné le courage et l'énergie de montrer aux gens que l'on peut se battre, et que cela peut leur arriver à eux aussi...» Pour Jamshid Pouranpir, leur lutte a en effet été exemplaire: «Elles ont résisté aux intimidations et ont fait preuve d'un courage admirable. Une leçon qui pourrait inspirer d'autres salariés. Ensemble, on peut défendre la dignité du personnel».

CK