Mobilezone s'assoit sur le droit du travail
Le magasin de téléphonie Mobilezone à Genève se distingue par des conditions de travail peu reluisantes.
Salariés spoliés
Aujourd'hui encore, l'employeur refuse de payer ses employés pour leurs heures accomplies au-delà de l'horaire autorisé. «Quand j'ai demandé qu'on me rémunère toutes mes heures supplémentaires travaillées depuis quatre ans, on m'a ri au nez. Or, après que je sois allée voir le syndicat, qui m'a soutenue, Mobilezone m'a carrément licenciée», explique une ex-employée. Un licenciement illégal puisqu'elle était à ce moment-là en congé maternité, et qu'elle ne faisait que défendre ses droits élémentaires! L'ex-salariée devra donc être indemnisée pour ce congé abusif. Mais pas seulement. Outre les heures supplémentaires, elle a également été lésée sur le montant de son indemnisation pendant son congé maternité. Au lieu d'être payée à 80% de l'ensemble de son salaire soumis à cotisation sociale, la nouvelle maman n'a touché que 80% de la part fixe de son salaire. La commission perçue en plus, pouvant atteindre 40% de la rémunération totale chez Mobilezone, et soumise à cotisation, n'a pas été prise en compte dans le calcul de l'indemnité. Une pratique illégale systématique au sein de l'entreprise: les employés en arrêt maladie ou accident ne reçoivent pas leur commission, alors même que cette dernière finance les assurances au travers de la cotisation! De même, en vacances, le personnel est spolié d'une partie de son revenu.
Journée sans pause pipi
Mais ce n'est pas tout! Lorsque vous terminez un contrat chez Mobilezone, l'entreprise vous sucre encore une fois votre commission, pour le dernier mois cette fois. Motif? La commission a été versée le premier mois alors que l'employé n'apportait pas une contribution significative au chiffre d'affaires pendant ce laps de temps, dans sa phase d'adaptation... Toute personne licenciée ou ayant démissionné se voit encore une fois délestée de 500 à 3000 francs!
Et le poste de travail n'est de loin pas de tout repos. Les magasins se trouvent en état de manque d'effectif chronique, selon les syndicats, qui relèvent que lors de périodes de maladie ou de vacances de collègues, certains employés se retrouvent seuls à tenir le magasin. «De ce fait, ils sont contraints de travailler sans pause, d'accomplir des semaines de six jours et des fermetures au-delà de 19h plusieurs fois par semaine en violation de la loi sur le travail et de la CCT», détaille Anahid Pasha Khani, secrétaire syndicale à Unia Genève.
Antisyndicalisme virulent
Enfin, pas question de se plaindre, ni de faire respecter ses droits en recourant à l'aide du syndicat. «A chaque fois que je leur signalais qu'un horaire de 45 heures par semaine n'était pas légal, on me disait que c'était ça ou la porte», témoigne l'ex-employée. Les syndicats ont réuni pour leur part de nombreux témoignages accablants: «Des menaces relatives à l'affiliation syndicale sont proférées tant dans les entretiens d'embauche que pendant la durée de l'emploi», indiquent-ils dans un communiqué de presse.
Dans ce climat, difficile de négocier. La direction s'y est jusqu'à présent refusée. Mais à la suite de l'action des syndicats devant le magasin, un rapprochement se dessine. Un rendez-vous a été pris pour début décembre...
Christophe Koessler