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Maçons en grève outre-Sarine

Plus de 2500 maçons des agglomérations zurichoise et bâloise ont fait grève le 1er novembre dernier

La lutte dans la construction pour la signature d'une nouvelle convention nationale se poursuit. Après les grèves de Genève, Neuchâtel, Berne et du chantier du Gothard organisées à la mi-octobre et suivies par 6000 travailleurs, ce sont les maçons de Bâle et Zurich qui, le 1er novembre dernier, ont débrayé. Plus de 2500 ouvriers inquiets pour leur salaire, leur sécurité et leur santé ont interrompu le travail. Un mouvement qui sera reconduit dans d'autres villes si le patronat, responsable du vide conventionnel effectif depuis un mois, ne fait pas marche arrière.

Cortège, lâcher de ballons, banderoles et slogans revendicateurs: soutenus par Unia et Syna, quelque 2000 maçons ont, le 1er novembre dernier, interrompu leur travail et défilé dans les rues de Zurich pour manifester leur colère contre la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Sur le plus gros chantier du centre ville, celui de la gare, et sur celui de l'aéroport, les machines se sont tues. Même silence évocateur dans quelque 200 autres chantiers de l'agglomération. Distribuant des journaux pour expliquer aux passants les raisons de leur mécontentement, la foule de travailleurs a rejoint une tente dressée pour l'occasion sur la place de l'Helvetia. Une forte fréquentation saluée par Hansueli Scheidegger, responsable du secteur de la construction à Unia: «Nous avons dépassé nos objectifs. Vous avez donné un signal plus que clair aux entrepreneurs. Nous attendons maintenant qu'ils comprennent enfin que vous êtes prêts à vous battre pour votre convention.» Une lutte menée également ce jour-là par quelque 500 travailleurs de la construction à Bâle, entraînant dans cette agglomération la paralysie d'une septantaine de chantiers. Nombre d'entre eux ont par ailleurs rejoint par la suite leurs confrères de Zurich.

A hauts risques
Protestant contre le vide conventionnel qui règne dans la construction depuis un mois, les grévistes ont pointé du doigt les menaces qui pèsent désormais sur leurs conditions de travail. Sans le filet de sécurité de la Convention nationale (CN) - dénoncée unilatéralement par la SSE en mai dernier - la sous-enchère salariale et sociale va massivement augmenter. La protection de la santé sera elle aussi délaissée et les mesures de prévention des accidents comme les formations y relatives inscrites dans le cadre de la CN, supprimées. En clair cette situation génèrera davantage de stress, d'accidents, de maladies et de morts dans ce secteur connu pour figurer parmi les plus dangereux en la matière. «Aujourd'hui déjà, les maçons courent huit fois plus de risques d'invalidité et sept fois plus de risques de décès que la moyenne des travailleurs» a déclaré Hansueli Scheidegger lors de la conférence de presse organisée la veille des grèves. «Les syndicats ne peuvent accepter aucune dégradation des conditions de travail qui causeraient encore plus de souffrances et de morts sur les chantiers.»

Grèves d'ores et déjà planifiées
«Avec 11 heures de travail par jour, il n'y a plus ni santé, ni sécurité» a renchéri Jacques Robert, membre de la direction d'Unia, se référant à la volonté de la SSE de flexibiliser davantage les horaires. Principale pierre d'achoppement entre les syndicats et le patronat, cette question est à l'origine de la résiliation de la CN par les entrepreneurs qui l'avait posée comme condition sine qua non à la poursuite des négociations. «La SSE refuse d'admettre que sa revendication d'introduire 80 heures négatives provoquerait un accroissement gravissime des risques...» Et Jacques Robert de faire le calcul en démontrant que l'acceptation de cette disposition pourrait conduire les ouvriers à travailler 11 heures ou plus par jour. «Imposer une telle durée de travail revient à envoyer les travailleurs au casse-pipe», s'est indigné le syndicaliste notant encore qu'une telle exigence étonne même des entrepreneurs en porte-à-faux avec l'attitude de leur centrale. De son côté, Aldo Ferrari, secrétaire régional d'Unia Vaud, a communiqué le calendrier des nouvelles grèves prévues: le 15 novembre, les maçons de Genève et du canton de Vaud croiseront les bras. Le lendemain, 16 novembre, le mouvement s'étendra à toute la Suisse romande avec, en point d'orgue, une manifestation d'envergure organisée à Lausanne. Les 22 et 23, leurs confrères du Tessin et de Bienne leur emboîteront le pas. «La grève n'est pas un objectif des syndicats, elle est un moyen pour les travailleurs de rappeler à la SSE que la paix du travail a un prix: une nouvelle CN... Cela fait près de 70 ans que le partenariat existe, nous nous battons pour son maintien.»

Sonya Mermoud



Pourparlers en cours

A l'heure où nous publions ces lignes (lundi 5 novembre), les négociations entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ont repris. Au regard de l'attitude adoptée jusqu'à ce jour par le patronat, Jacques Robert, membre de la direction d'Unia, doute qu'un accord pourra être conclu sans poursuivre la lutte. Dans tous les cas, les délégués syndicaux n'entendent pas signer un nouveau partenariat sur la base d'engagements flous. Ils notent cependant que, si la SSE veut mettre une fin aux grèves, elle en a la possibilité dès aujourd'hui, en revenant sur ses positions. Dans le cas contraire, la perspective d'un durcissement du conflit et d'autres grèves sont d'ores et déjà planifiées.

SM