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L'Hebdo n'a pas encore dit son dernier mot

Plusieurs milliers de personnes ont signé la pétition en ligne pour tenter de sauver l'Hebdo sacrifié sur l'autel des économies

Le 23 janvier dernier, le groupe Ringier Axel Springer Suisse a annoncé la suppression de la publication de L'Hebdo, entraînant le licenciement de 37 collaborateurs. Soutenue par Impressum et Syndicom, la société des rédacteurs du magazine a lancé une pétition en ligne pour tenter de sauver le magazine. Un rassemblement est aussi prévu ce jeudi 2 février* date de la dernière parution du titre, devant les locaux de L'Hebdo à Lausanne.

Après la colère et la consternation, le personnel de L'Hebdo a décidé de se mobiliser pour tenter de sauver le titre. Rappelons que l'éditeur, le groupe Ringier Axel Springer Suisse (RAS), a annoncé le 23 janvier dernier la suppression du magazine, entraînant le licenciement de 37 personnes. Il a justifié sa décision par un «recul incessant des recettes publicitaires et des ventes et un contexte économique aux perspectives défavorables». Et affirmé vouloir utiliser les économies ainsi réalisées au développement du journal Le Temps qui est néanmoins aussi touché frontalement par la mesure, plusieurs personnes mises à la porte travaillant également pour le quotidien au sein de la Newsroom commune. Il s'agit même pour ce dernier de la plus grosse restructuration à laquelle il a été confronté.

Rassemblement de soutien
Le premier choc passé, la société des rédacteurs, soutenue par Impressum et Syndicom, s'est réunie pour tenter de trouver des alternatives à la fermeture de la publication. Elle a notamment lancé une pétition en ligne signée par plus de 6500 personnes (chiffres relevés lundi 30 janvier) demandant à la direction de revenir sur sa décision. Et de permettre à la rédaction de chercher des plans de financements alternatifs pour la survie ou la reprise du titre. Demain, jeudi 2 février - date de la dernière parution de la publication - un rassemblement est aussi organisé à 12h30 devant les locaux de L'Hebdo à Lausanne. Le personnel et les sympathisants manifesteront leur attachement à cet hebdomadaire phare dans le paysage des médias romands, créé le 11 septembre 1981. Alors que le Conseil d'Etat vaudois a relevé, via un communiqué de presse, avoir demandé une réunion avec Ringier pour évoquer la situation.

Aide à la presse nécessaire
«Nous visons zéro licenciement. Réaliste? On va tout faire pour ça», promet Dominique Diserens, secrétaire centrale d'Impressum, la plus importante organisation professionnelle de journalistes en Suisse, qui a exigé d'être intégrée aux négociations. Et cette dernière de tabler aussi sur l'engagement de la société civile pour peser dans la balance, non sans dénoncer la façon de faire de RAS. «Nous critiquons notamment le fait que l'éditeur a repris des sites d'annonces publicitaires sur Internet, annonces qui étaient par le passé publiées dans les journaux, sans réinvestir les profits substantiels effectués par ce biais dans les rédactions. Et alors que le groupe a réalisé, en 2015, près d'un milliard de chiffre d'affaires.» Impressum a par ailleurs lancé, dans une résolution, un appel à la Confédération et aux cantons en faveur de la mise en place d'aides à la presse par la voie de fondations. Si, en dernier recours, le titre ne pouvait vraiment pas être sauvé, Dominique Diserens défend dans tous les cas l'idée de départs volontaires, de mise à la retraite anticipée ou encore de la réintégration de journalistes dans d'autres publications de RAS.

Préserver la diversité médiatique
De son côté, Syndicom estime aussi que le magazine ne peut être biffé de la sorte. «C'est le seul hebdomadaire d'opinion de la Suisse romande. Il dispose d'un public de fidèles», relève Patricia Alcaraz, secrétaire romande. Pour cette dernière, quelle que soit l'issue du dossier, il faudra également un débat sur l'avenir de la presse de ce côté de la Sarine. «On ne pourra en faire l'économie à l'heure où tout se décide à Zurich. Il est impératif que ce magazine comme Le Courrier, à titre d'exemples, vivent. Que l'on préserve la diversité de la presse. Que l'on rappelle son rôle. Et que le divertissement ne prenne pas toute la place.»

Sonya Mermoud

* Rassemblement de soutien, jeudi 2 février à 12h30, Pont Bessières, à Lausanne.