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Les patrons doivent partager le gâteau

En vue de la manifestation du 21 octobre à Lausanne Unia mobilise les travailleurs de la construction

Alors que le patronat campe sur ses positions, soit la stagnation des salaires, Unia mobilise pour le faire changer d'avis. Samedi 21 octobre, deux grandes manifestations nationales auront lieu à Lausanne et à Olten. Reportage sur des chantiers de la région lausannoise où la campagne bat son plein.

«Marre de travailler toujours plus et de voir notre pouvoir d'achat baisser!» Ces quelques mots inscrits sur les flyers distribués par Unia Vaud sur les chantiers reflètent le ras-le-bol général des travailleurs de la construction qui voient, depuis une dizaine d'années, leur productivité augmenter, sans en récolter les fruits. En 5 ans, ils ont bénéficié de moins de 1% d'augmentation de salaire. Rien depuis 3 ans. Alors que les primes d'assurances maladie explosent, et que les coûts du logement restent élevés.
Lors de la Landsgemeinde de la construction, le 17 juin dernier, 400 maçons ont ainsi revendiqué une hausse salariale de 150 francs par mois, ainsi qu'une augmentation des indemnités repas et des transports. Or, depuis, le patronat n'a pas fait un pas dans ce sens. Quelques jours après une séance de négociation, François Clément, membre de la direction du secteur de la construction d'Unia, relevait: «Les entrepreneurs n'entrent pas en matière sur nos revendications qui sont pourtant raisonnables. La rentabilité des ouvriers a explosé. On construit toujours plus avec toujours moins de travailleurs. Cette augmentation n'est que justice.» Pour l'obtenir, il s'agit donc aujourd'hui de faire pression. D'où les manifestations nationales prévues le 21 octobre, à Lausanne (pour la Suisse romande), et à Olten (pour la Suisse alémanique et italienne).

Chantiers à la pelle
Sur le terrain, depuis cet été, Unia mobilise. Et notamment dans le canton de Vaud. En route avec Maurizio Colella, secrétaire syndical en charge de la construction dans la région lausannoise. Les chantiers défilent: ici un terrassement, là une rénovation de canalisation, et surtout des bâtiments qui s'érigent un peu partout, en réponse à la pénurie de logements dans la région.
Sur un chantier, au moment de la pause, Maurizio Colella explique l'importance de la manifestation devant une dizaine d'employés: «Ce que vous faites génère toujours plus de richesse. Alors que vous êtes toujours moins, donc davantage sous pression, votre salaire stagne. Les patrons doivent enfin partager le gâteau!» Et d'ajouter: «Si l'on est peu à la manif, on aura 0 franc. Par contre, si on est 2000, 3000, 4000, la pression va monter et l'on a des chances de décrocher une augmentation!» Plusieurs travailleurs hochent la tête. Le contremaître nous offre un café, se plaint des heures supplémentaires qu'on lui déduit lors d'intempéries, remet en cause la flexibilité des horaires. Et surtout promet de motiver ses troupes à défiler. Même si lui, en tant que cadre, ne participera pas au cortège syndical. «Si on ne se bat pas, on n'a rien!», lance-t-il, alors que les travailleurs retournent sur les échafaudages.
Maurizio Colella, lui, reprend sa voiture pour d'autres chantiers. Partout, l'accueil est chaleureux. «C'est le fruit d'un long travail de présence sur le terrain et de construction de notre réseau. Notre équipe va sur les chantiers par tous les temps. Cela permet de créer des liens de confiance. «C'est primordial d'aller à leur rencontre afin de diffuser nos campagnes, mais aussi pour que chacun puisse nous parler de ses problèmes...»

Renforcer la CN
A l'évocation de la grande force de la Convention nationale (CN) de la construction, qui couvre quelque 80000 salariés en Suisse, le secrétaire syndical souligne: «Oui, c'est l'argument principal de la SSE: la CN est la meilleure convention de Suisse. Reste que c'est le fruit de la lutte des ouvriers depuis longtemps. Ils n'ont jamais reçu de cadeaux. Le combat a été mené pour obtenir des améliorations, dont la retraite à 60 ans. Et il n'empêche que cela reste un métier dur, où les statistiques de ceux qui n'arrivent pas à la retraite, ou y arrivent avec de nombreux problèmes de santé, n'ont pas bougé.»
Sur une petite route d'Epalinges, Maurizio Colella répète à la poignée d'ouvriers l'importance de la mobilisation. Un peu plus loin, il laisse des infos dans la petite salle de repas. A chaque fois, les mêmes paroles enjouées accompagnées d'un sourire: «Je reviens chercher les fiches d'inscriptions la semaine prochaine!» Histoire de coordonner les transports, la logistique et la manifestation du samedi 21 octobre, qui réservera quelques surprises sur un parcours qui devrait être assez court mais dense, de la place St-François - où le rendez-vous est fixé à 14 heures - à celle de la Riponne, devant le siège d'Unia Vaud. Une mobilisation qui aura un impact direct sur la séance de négociation entre les syndicats et la SSE, prévue deux jours plus tard.

Aline Andrey